𝟑𝟐

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Mathieu.

Ma semaine de vacances touchait à sa fin et c'était à mettre dans le top cinq de nos meilleurs départs. Il n'y a pas une journée où on n'a pas ri à en pleurer, on a tous décompressés et on en avait vraiment besoin. Elyo était même prêt à demander à ses parents de rester un peu plus longtemps en vacances pour qu'on puisse rester mais le boulot nous rattrape et dans quelques jours, Mental sera de sortie – et comme avec Polak, j'ai une petite montée de stress. Les huit heures de route ne nous ont pas empêché de faire une nuit blanche la veille, alors on a dormi toute la journée en reportant notre départ à vingt heures et arriver sur la capitale dans la nuit. On a fait toute la route d'une traite et je suis resté éveillé pour tenter d'arrêter la dispute que j'ai causé avec Anna la nuit précédente à cause du trop-plein d'alcool que j'ai ingurgité. Hugo s'est endormi après avoir appelé Chloé, Moctar s'est tapé presque toute la route et moi, abruti que je suis, j'ai essayé de m'excuser à quelqu'un d'aussi rancunier que Marianna. Pour la faire courte, elle avait posté une photo sur les réseaux sociaux accompagnée d'un garçon de son âge et, complètement défoncé, je lui ai demandé si elle était capable de me tromper. Là, tout est parti en couilles et je n'ai pas lâché alors qu'elle m'a dit qu'il s'agissait de son cousin et elle a décidé d'arrêter de me répondre après un message simple, clair et précis.

Anna :
Tu sais quoi ? T'es sincèrement en train de m'énerver alors, si t'es pas capable de me faire confiance, tu remballes ton 9 ou c'est moi qui dis stop. Je ne veux plus jamais que tu me parles quand t'es dans cet état là parce que tu ne te rends pas compte à quel point tu me fais du mal. Je ne suis pas elle, Mathieu, et si t'en doute, on a rien à faire ensemble.

J'avais pensé ne rien avoir dit de mal jusqu'à ce que je relise mes messages et que je me mette à sa place après avoir dormi et décuvé. Ce soir-là, j'ai oublié que la femme que j'ai choisie a des insécurités aussi importantes que les miennes. Je me demande comment elle a fait pour ne pas me quitter sur le champ parce que moi, je l'aurai fait, surtout en réécoutant le dernier vocal que je lui ai envoyé : mon cerveau de connard s'est dit que c'était une bonne idée de lui dire que, de toute façon, je ne savais pas pourquoi je m'étais embarqué là-dedans parce que les femmes sont toutes les mêmes et que je ne voulais même pas sortir avec quelqu'un de connu.

Depuis, j'envoyais des messages dans le vide et c'était bien fait pour moi. Je n'ai reçu aucune réponse à mes appels mais j'ai eu un message il y a une heure qui me fait croire que je n'ai peut-être rien perdu et que je peux me faire pardonner.

Anna :
J'ai laissé la porte ouverte.

Alors, après avoir passé deux bonnes minutes sur le pas de sa porte, j'entre, vire mes chaussures et pose mon sac dans l'entrée avant de m'asseoir sur le canapé. Et je ne sais pas si elle veut de moi dans son lit ou si je dois dormir sur ce dernier. Mais si elle n'avait pas voulu, elle ne m'aurait pas dit de venir, si ? Quand je veux me lever, la lumière du couloir s'allume et mon corps se retourne automatiquement. En bas des escaliers, Anna se tient debout, dans mon sweat et en short, les sourcils froncés et les yeux braqués sur moi. D'un coup, elle rabat la capuche sur son crâne et rejoint la cuisine. Sans aucun regard, elle repasse dans le salon.

– Ferme la porte à clé si tu ne restes pas en bas, elle marmonne avant de monter et d'éteindre la lumière.

Sans attendre, je ferme la porte d'entrée et attrape mon sac pour monter les escaliers et la rejoindre dans la chambre. Mon sac de sport posé sur le sol, je m'avance vers le lit.

– Je t'ai réveillé en rentrant ? je chuchote presque.

– Je ne dormais pas.

OK. Ça, c'est fait.

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