Mathieu.
– Sauf que t'es mon grand frère, Mathieu. T'es pas mon père, fous-moi la paix, bordel !
– T'es sérieuse ? Mais à qui tu parles, là ?
J'ai quitté l'appartement d'Anna ce matin, non sans mal, voulant rester dans son lit le plus possible. Cette nuit, elle a fait un cauchemar et m'a réveillé quand elle m'a donné un coup sur le torse. À son tour, elle s'est réveillée, m'a dit qu'elle ne voulait pas en parler, m'a attrapé la main pour lier nos doigts avant de se rendormir. Après ça, on ne s'est plus touchés. Ce matin, elle a fait semblant de rien et je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'elle a pu voir. Tout à l'heure, je l'ai quitté après lui avoir dit que je revenais la chercher avant midi, j'ai pris une douche, je me suis changé et j'ai pris la route jusque chez ma mère. Là-bas, sur le pilier, j'ai entendus des cris et j'ai toqué sans attendre. Maman m'a ouvert en furie et s'est écrié : « tiens, vas-y Léna, explique ton comportement à ton frère. On va voir si tu fais toujours la maligne, j'en peux plus, moi. »
Rare sont les fois où j'ai vu ma mère dans une vraie colère. À la maison, c'est toujours mon père qui pétait les plombs et, généralement, c'était sur moi parce que Léna et Enzo étaient plus petits. Sauf que quand ma maman est énervée à ce point, c'est que ça sent pas bon.
– On va l'appeler, ton père. Hurle-lui dessus comme tu me hurles dessus qu'on rigole parce que ton père n'hésitera pas à t'en foutre une.
– M'en fous. Laisse-moi tranquille, je fais ce que je veux, t'es personne.
Touché dans mon ego plus que dans mon cœur parce que je sais qu'elle ne le pense pas du tout. Si elle veut jouer, on va jouer. Sauf que je vais toucher où ça fait mal.
– Personne, hein ? Très bien, tu restes ici. Je ne veux pas de toi chez moi.
– C'est pas juste chez toi, c'est aussi chez Mamie. Tu vas avoir vingt-trois ans et t'es pas capable de vivre tout seul, à qui tu donnes des conseils ?
– Léna, tu vas la fermer, OK ? Je n'ai rien à recevoir de toi du haut de tes quatorze ans, j'espère que c'est clair. Je ne veux pas te voir et je ne veux pas passer le week-end avec toi. Enzo, bouge-toi, on y va.
– T'as pas le droit, elle marmonne, les larmes aux yeux. Bien, j'ai enfin touché la corde sensible.
– Parce que t'as le droit, toi, de quitter la maison sans autorisation pour passer tes journées sur Paris ? T'as le droit, toi, de nous mentir depuis des mois, d'inventer des excuses et de faire le mur ? Mieux, et je crois que c'est le pire, t'as le droit, toi, de parler à ta mère comme tu n'oserais même pas parler à tes copines ? Parle-moi comme tu veux mais réessaie de hausser le ton sur maman ne serait-ce qu'une fois et je te promets que toi et moi, on va avoir de sacrés problèmes.
Enzo reste en retrait à la cuisine et ma mère est sur le balcon. Face à moi, Léna joue avec ses doigts, les larmes aux yeux. S'il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, c'est le manque de respect envers ma mère. Je fais partie de ses hommes pour qui leur mère est la femme de leur vie. Et cette femme a trop souffert pour qu'on ose lui parler de cette manière.
– Ta crise d'adolescence, j'en ai rien à branler. N'oublie pas l'âge que t'as, Léna.
– Mais j'ai l'impression que vous ne comprenez pas que je suis grande !
– T'as quatorze ans, t'es loin d'être une adulte, précisais-je. Je comprends que tu te cherches, que t'essaie de trouver ta place, et ce n'est pas un problème mais le mensonge n'a pas sa place chez nous et tu le sais. C'est ta dernière année de collège, Bébé, l'année prochaine tu pourras enfin faire ce qui t'intéresse vraiment. Tu veux finir comme moi et décrocher ? Arrête de jouer à l'idiote et utilise ton cerveau plus qu'intelligent pour voir tes erreurs.
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TOUT RECOMMENCER | PLK
FanfictionNe lutte pas pour ne pas casser, sache que tu te casseras dans tous les cas. Mais ça n'est pas si grave. Parce qu'un jour, tu verras que les fêlures laissent passer la lumière. Parce qu'il vaut mieux être un million de morceaux de miroir brisé qu'un...