Trente et unième partie :

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Yakhiya Fall

Je ne sais plus ce qui se passe avec Anta, elle est méconnaissable maintenant. Ce n’est plus la même femme que j’ai courtisé et épousé il y a quelques années de cela. Elle est devenue désagréable, irrespectueuse, méchante et j’en passe. Elle me parle mal et s’en fout complètement de moi désormais alors qu’elle ne faisait pas ça auparavant. Elle fait tout ce qu’elle veut dans la maison que je sois d’accord ou pas. Elle cuisine comme elle veut et s’occupe de mon linge, si on peut appeler ça s’occuper du linge, comme bon lui semble. Et quand j’essaie de lui parler ou lui faire des reproches, elle me fait une scène gigantesque jusqu’à ameuter tout le voisinage. Elle me crie dessus comme si j’étais son enfant et le comble de tout n’hésite plus à me traiter de tous les noms d’oiseau qu’elle connaît sans que je ne puisse rien y faire. Je n’ose plus relever la tête auprès des autres hommes du quartier avec qui je pars prier à la Mosquée. Et s’il y a des décisions importantes à prendre concernant la bonne marche de la communauté, mon avis n’est plus tenu en compte. Je ne suis plus respecté dans le quartier car étant vu comme l’homme qui se fait dirigé et insulté par sa femme et comme l’homme qui a préféré sa femme à ses enfants. Je n’ai plus aucune crédibilité à cause d’elle. Quand je pense que ma défunte femme n’a jamais été comme ça avec moi de toute sa vie, j’en ai des regrets. Je ne suis plus en paix dans ma propre maison ni plus respecté au sein de mon propre quartier, qui l’eût cru ? Moi Yakhiya Fall, l’homme le plus craint et le plus respecté, me voilà réduit à ça. Je ne la reconnais plus du tout, elle est tout sauf la femme que j’ai épousé il y a des années de cela. Je me demande ce qui s’est passé entre temps pour qu’elle se comporte avec moi de cette manière alors que je suis toujours son mari, même si c’est que de nom entre nous. Même tous ses devoirs d’épouse, elle les a abandonnés, elle ne s’y attèle plus du tout. Cette situation m’insupporte vraiment mais je ne peux m’en défaire car si je la répudie je vais me retrouver seul car n’étant plus en contact avec mes enfants. Et en plus si je la répudie, elle va se remarier avec un autre homme beaucoup plus jeune que moi et ça je ne le permettrai jamais. Après tout ce que j’ai fait pour elle, je ne lui accorderai jamais ça.
J’étais complètement perdu dans mes pensées en revenant de la Mosquée après la prière de Tisbaar lorsque je me suis fait accoster par un petit garçon.

Petit garçon : Bonjour c’est vous grand-père Yakhiya Fall ?me demande-t-il en me regardant dans les yeux.

Yakhiya : Euh oui mon enfant. Mais que fais-tu dehors à pareille heure au lieu d’être auprès de ta mère ? Tu sais qu’il n’est pas bon de traîner dehors à cette heure-ci, il faut rentrer chez toi d’accord.

Petit garçon : Oui je vais rentrer de ce pas mais il faut que vous récupériez ça, dit-il en me tendant une grande enveloppe. Quelqu’un m’a demandé de vous la remettre en mains propres.

Je récupère la fameuse enveloppe de ses mains en l’étudiant sous tous les coutures pour savoir ce que ça contenait. Bizarrement le nom de l’envoyeur n’y est pas écrit, d’ailleurs il n’y a rien d’écrit sur l’enveloppe.

Yakhiya : Mais qui t’a remis…laissais-je ma question en suspens remarquant que l’enfant n’était plus là devant moi.

Il a disparu comme par magie pendant j’étais concentré sur l’enveloppe. Je l’ai cherché partout mais rien y fait, il a complètement disparu. Je me demande bien qui l’a envoyé et ce que contient cette enveloppe. Bon j’en aurais le cœur net dès que je serais chez moi car je me dis bien qu’on ne m’a pas envoyé cette enveloppe pour rien quand-même.

Quelques minutes plus tard

Mon visage passait de la surprise à la colère plus je découvrais le contenu de cette enveloppe. Je n’arrivais tout simplement pas à y croire, non je n’y croyais pas du tout. Comment tout ceci a pu se passer sous mon nez sans que je ne me rende compte de rien ? Depuis le temps, ils se sont donc foutus de ma gueule. Comment ai-je pu être aussi bête pour ne pas m’en rendre compte depuis le début ? Comment ? Quand je pense que je les faisais confiance à tous les deux, bon sang j’ai été stupide comme jamais. Elle l’a introduit chez moi et me l’a présenté comme si de rien était alors qu’en fait ils sont amants ces deux-là et cela depuis le début, je n’arrive pas à y croire. Pourquoi ne me suis-je rendu compte de rien ? Tout mon monde est en train de s’écrouler là à cause d’elle. Elle m’a détruit à jamais, elle a détruit ma vie. Tout ce que j’avais fait dans le passé ne m’a servi à rien finalement car me voilà trahi et seul sans mon propre sang à mes côtés. Pourquoi n’avais-je pas écouté Amina lorsque j’ai voulu la prendre pour seconde épouse ? Pourquoi ne l’ai-je pas écouté lorsqu’elle me disait que c’est elle qui causerait ma perte ? Pourquoi ? Tout le monde me racontait des choses sur elle mais jamais je ne les croyais. J’avais une confiance aveugle en elle et la défendait bec et ongles contre toute personne essayant de la dénigrer devant moi. Même mon fils Moustapha et ma fille Sophie m’en ont parlé mais j’ai préféré la croire elle plutôt qu’eux. A cause de tout ça mes enfants se sont tous éloignés de moi, la femme que j’aimais est partie sans que nos relations ne deviennent comme avant, je n’ai plus rien du tout. Elle m’a séparé de mes enfants et de ma femme, elle a complètement détruit ma vie et tout ça depuis qu’elle y est rentrée. J’étais tellement énervé qu’en consultant les photos dans l’enveloppe, je n’avais pas remarqué la feuille pliée en deux à l’intérieur. D’une main fébrile, je l’ai ouvert doucement avant de lire le contenu :
« Ils n’ont jamais été cousins tous les deux, ils ont été amants depuis le début avant même que tu ne l’épouses et ils continuent de l’être. Comme disait KOCC BARMA FALL : il ne faut jamais totalement se fier à une femme. Dans la vie cher Yakhiya Fall quand vient le moment du choix, il est toujours préférable de choisir d’abord et avant tout sa famille ».
Comme un coup de massue, ces écrits venaient de m’achever en un rien de temps. Je me suis laissé tomber par terre comme un vulgaire sac de patates avant d’amener mes mains sur mon visage n’en revenant toujours pas. Je jure que je vais la tuer cette garce tout comme son amant. Je vais tous les tuer. Muni par une certaine force, je me lève et pars à la recherche de mon sabre que je gardais dans mon armoire au cas où si on venait à être cambriolé ou autre. Dès que je l’ai retrouvé je suis sorti telle une furie pour aller trouver ces deux traîtres pour les tuer de mes propres mains.
En arrivant devant de la porte d’entrée, je la vis qui revenait de je ne sais où avec son téléphone en train de rigoler comme une pestiférée. Je pars aussitôt à sa rencontre avant de lui arracher son téléphone et de le fracasser contre le mur. Sans crier gare, je lui empoigne violemment le bras pour la ramener à l’intérieur alors qu’elle restait interdite en observant son téléphone éparpillé en mille morceaux.

Zeyna: Comme un Phoenix qui renaît de ses cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant