Trentième partie :

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Zeyna Fall



Je suis tellement émue de revoir de nouveau mon frère et de pouvoir être aussi proche de lui comme maintenant que j'en suffoque presque. Mon DIEU ! Je n'arrive pas à y croire. Enfin me voilà réunie avec les miens !



Moustapha : Laisse-moi encore te regarder ! Se détacha-t-il de moi avant de poser ses mains de chaque côté de mon visage. C'est vraiment toi là ! Je ne rêve pas n'est-ce pas ? Dis-moi que ce n'est pas en rêve ? Dis le moi.


Zeyna : Non mon frère, secouais-je ma tête de gauche à droite avant d'essuyer mes larmes du revers de ma main, tu ne rêves pas. C'est bien moi Zeyna, ta sœur Zeyna.



Ses yeux plongés dans les miens, on resta comme ça pendant une minute sans dire mot avant qu'il ne me resserre de nouveau dans ses bras en me berçant.



Moustapha : Comme je m'en veux de t'avoir laissé partir. Je n'aurai jamais dû te laisser partir loin de nous, jamais. J'aurai dû essayer de te protéger d'une autre manière car peut-être si je l'avais fait maman aurait pu te voir avant de s'en aller ou peut-être qu'elle serait toujours parmi nous en ce moment.



Entendre ses mots me comprima la poitrine de telle sorte que mes sanglots reprirent de plus belle. Un énorme sentiment de culpabilité m'envahissait d'un coup car moi-même je me dis que je suis la seule et unique responsable de la mort de ma mère, que peut-être si j'étais restée là auprès d'elle et faisait face à ce monstre avec son soutien, elle serait peut-être encore en vie et à nos côtés. Comme je m'en veux d'avoir pris la fuite au lieu d'affronter mes peurs.



Zeyna : Moustapha tu n'es en rien responsable, lui dis-je entre trois sanglots. La seule responsable c'est moi tu m'entends. L'unique responsable ici c'est moi car au lieu de rester me battre j'ai préféré partir loin de tout ça. Tu m'as certes aidé en me tendant une perche, chose que je n'avais pas osé faire par moi-même, mais la seule personne à blâmer ici c'est moi. Je suis la seule fautive dans toute cette histoire.


Moustapha : Hey ne redis plus jamais ça !me retira-t-il de ses bras. Tu n'as été que la victime ici et non la coupable ok. Nous tous savons qui sont les responsables ici, alors tu ne redis plus ça ok. Peut-être même que si tu n'étais pas partie comme tu dis, ça aurait été toi qui aurais été ici à la même place que maman. Et penses-tu que maman aurait supporté de voir un de ses enfants ici plutôt qu'elle ? Non. Donc tu m'enlèves ces idées de ta tête tout de suite. C'était ton destin tout comme c'était aussi celui de maman alors nous nous devons de l'accepter et d'essayer de faire avec c'est tout. DIEU nous éprouve seulement mais on s'en sortira avec son aide. Et j'en suis sûr que notre mère repose enfin en paix à ses côtés, j'en suis sûr.



Après ces mots, il me serra encore de nouveau dans ses bras avant de se mettre à me taquiner.



Moustapha : Laisse-moi te regarder déjà, me fait-elle tourner sur moi-même. Waouh tu t'es plus embellie avec l'âge, je crois bien qu'il y a quelqu'une qui ne te reconnaîtra pas en te voyant.



Il réussit à me faire sourire malgré moi avant que je ne prenne des nouvelles de ma belle-sœur et meilleure amie. Quand vint son tour pour poser des questions sur ma vie, ma sœur arriva au même moment pour nous dire qu'il était temps d'y aller.



Moustapha : Allons plutôt à la maison comme ça Coumbis pourra te voir elle aussi et en plus j'ai tellement de questions à te poser sur ta vie, sur ce que tu es devenue, où est-ce que tu étais durant tout ce temps ?


Sophie : Elle répondra à toutes tes questions dès qu'on se retrouvera dans un coin où personne ne pourra la voir mais là maintenant il faut qu'on grouille car il commence à avoir des mouvements dans le cimetière. Et plus il fait jour, plus elle se met en danger. Alors on y va avant que ses parents ne s'inquiètent davantage, rajoute-t-elle avant de nous devancer, ils doivent déjà en train de nous attendre dans la voiture.


Moustapha : Quoi ? Ses parents ? Quels parents ?se tourne-t-il vers nous en nous regardant avec de gros yeux.


Zeyna : Moustapha c'est une longue histoire que j'aurai aimé te raconter là maintenant mais on n'a pas assez de temps vu les circonstances. Je te promets de te raconter tout ce soir chez toi comme ça par la même occasion je verrais Coumbis et vous verrez aussi mes parents mais pour le moment la priorité est de sortir d'ici avant que quelqu'un ne me remarque, lui résumais-je en gros avant de couvrir immédiatement mon visage à l'aide du foulard qui recouvrait ma tête lorsque j'aperçus un vieil homme venir vers nous.



L'ayant remarqué eux aussi, ils se turent automatiquement et se mirent à avancer pour quitter les lieux. Arrivé à notre niveau, le vieil homme nous lança un petit salamec avant de tracer son chemin alors que c'était Bagdad dans tout mon être. Je n'osais même pas lever mon regard vers cet homme. Au même moment comme sentant mon malaise, mon frère et ma sœur posèrent un regard attendri sur moi et passèrent une main de chaque côté de mon épaule pour me montrer leur présence. En posant un pied hors du cimetière, je récitais une petite prière dans ma tête à l'intention de ma mère en lui demandant de me protéger de là où elle était en ce moment. Nous marchons encore quelques mètres avant d'atteindre la voiture où mes parents nous attendaient depuis le début. Ils avaient tenu à m'accompagner jusqu'au bout afin de me soutenir et de me montrer à quel point ils m'aimaient. Même Julie n'était pas en reste mais elle a préféré nous attendre à l'hôtel car les cimetières lui rappelaient de mauvais souvenirs tels la mort de son frère le Docteur SERRE mon sauveur. Pour ne pas éveiller de soupçons, nous avons demandé à Moustapha de monter dans la voiture afin qu'on le dépose un peu plus loin du cimetière et au passage faire la connaissance de mes parents. Après les brèves présentations faites et confirmation de notre rendez-vous chez lui ce soir, mon frère descendit de la voiture cinq minutes plus tard dans une ruelle peu fréquentée afin de continuer à pieds pour plus de sécurité.




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Quelques semaines plus tard



Bijou Gueye



Je suis rentrée il y a quelques jours maintenant avec la même tristesse qui m'a envahi depuis ce fameux jour. Je n'arrive toujours pas à me faire à cette idée de ne plus revoir mon frère. Chaque jour qui passe c'est encore plus douloureux que le premier jour. D'ailleurs c'est la raison pour laquelle je n'ai toujours pas repris le boulot. Personne ne sait que je suis revenue et même Malick. En me rendant sur Dakar je l'avais appelé en lui sortant une excuse comme quoi j'aimerai prendre quelques jours de congés afin de voir clair dans mes sentiments à son égard après ce qui s'était passé la veille. Que j'avais besoin de me retrouver seule loin de lui pour réfléchir sur notre relation ambiguë car je n'en pouvais plus de ce triangle amoureux. Et donc il a accepté après quelques hésitations en me disant que pour lui tout était clair que c'était moi qu'il voulait auprès de lui, que même son ex-femme Zeyna ne hantait plus ses pensées et de lui accorder encore quelques temps pour mettre fin à tout ça. Bref c'est ainsi que j'ai pu me rendre à Dakar pour enterrer mon frère à son insu. Il me fallait vraiment un peu de répit.
Comme chaque matin depuis ce jour, je ne réussis jamais à dormir toute la nuit. Je me lève au beau milieu de la nuit pour m'asseoir sur mon lit en me recroquevillant sur moi-même pour pleurer un bon coup tout en réfléchissant à comment je vais m'y prendre pour venger sa mort et détruire Anta Kane. Je pense à lui à chaque moment de la journée et je continue à m'en vouloir encore plus de les avoir entraîné lui et ma sœur dans cette histoire de vengeance. D'ailleurs concernant cette dernière, j'ai eu une discussion avec elle avant de rentrer en lui demandant de ne plus poursuivre le plan de vengeance contre la famille Dia. La mort de mon frère m'a ouvert les yeux et comme ça a été toujours sa volonté de ne pas s'en prendre à cette famille, je me suis promise de respecter dorénavant sa volonté pour lui rendre hommage. Ma sœur n'était pas d'accord pour abandonner mais j'ai réussi à lui faire entendre raison. Donc désormais notre priorité n'est pas la famille Dia mais Anta Kane et Malick Ndiaye ces deux disciples du diable. Donc pour ne pas perdre de vue mon objectif, j'ai décidé de reprendre du poil de la bête en reprenant le boulot aujourd'hui afin de continuer là où je m'étais arrêtée avant cet incident. Je me suis promise de ne rien laisser paraître jusqu'à ce que j'en finisse avec cette histoire. Et après je ferais le deuil de mon frère comme il se doit et ça prendra le temps qu'il faudra mais avant ça il faut déjà que j'en termine pour de bon avec cette histoire.
Je me lève et me dirige vers mon armoire pour en sortir une tenue qui fait ni trop aguicheuse ni trop professionnelle avant de me rendre sous la douche.



Quelques minutes plus tard



Je regarde l'heure à ma montre et vois qu'il me restait encore une heure devant moi donc je décide de m'occuper en prenant le téléphone de mon frère, que j'avais gardé dans un tiroir depuis que je l'ai récupéré, pour le consulter. J'avais des frissons un peu partout en l'ayant dans mes mains mais je réussis quand-même à faire abstraction de tout ça et me décide finalement à l'allumer. A peine allumé qu'il signalait déjà la réception de plusieurs messages. Je me suis demandée alors qui a bien pu lui envoyer autant de messages sachant que beaucoup ne connaissait ce numéro. Munie par une curiosité je me mis à les consulter un à un et remarqua aussitôt qu'il s'agissait de messages vocaux laissés à ma grande surprise par un seul et même numéro. Pour être exact il y avait treize messages vocaux au total provenant du même numéro de téléphone. Qui ça peut bien être ?me posais-je la question avant de composer la messagerie vocale afin de les écouter. A peine que la voix de l'opératrice sa faisait entendre que le téléphone s'éteignit au même moment. Merde ! Heureusement qu'on avait le même chargeur donc j'ai mis le téléphone en charge quelques minutes avant de l'allumer de nouveau et composer la messagerie vocale.



Opératrice : Vous avez reçu treize nouveaux messages reçus le...à...du numéro de téléphone 7765897...


... : Tu n'as même pas les couilles qu'il faut pour m'affronter raison pour laquelle tu as éteint ton téléphone. Mais sache que tôt ou tard on se reverra Ousmane en face et ce jour-là tu regretteras de m'avoir menti sur la mort de ma mère depuis tout ce temps. Prie le ciel que ma colère disparaît vite avant cela car sinon je te jure que tu regretteras amèrement d'avoir osé agir ainsi avec moi et de m'avoir caché les circonstances de la mort de ma mère. Sache que tout comme ma sorcière de belle-mère je ferai en sorte de te faire inculper pour complicité de meurtre car même si ce n'est pas toi qui l'a tué, tu es aussi coupable que la responsable en ayant eu à cacher volontairement tout ceci. Et une dernière chose Ousmane, n'espère plus que nous redevenions amis après tout ce que tu m'as fait. Désormais je te déteste du plus profond de mon être.



J'avais les yeux grands ouverts et la bouche en O après avoir écouté ce message. Mon Dieu Ousmane qu'as-tu fait ?murmurais-je en même temps. Mais afin d'avoir la confirmation sur mes soupçons concernant l'identité de cette personne, j'ai décidé d'écouter le reste.



... : Tu n'es qu'un sale lâche Ousmane ! Tu n'as même pas le cran d'allumer ton téléphone afin de m'affronter. Moi qui croyais te connaître depuis tout ce temps mais hélas je me suis trompée. Au fond tu n'es pas mieux qu'Anta au final, vous faîtes vraiment la paire. Prie Dieu que nos chemins ne se croisent pas assez vite car je te jure que je te ferais emprisonner tout comme Anta Kane pour avoir délibérément caché les circonstances de la mort de ma mère. Je te déteste Ousmane sniff je te déteste tout comme je t'ai apprécié un jour sniff. J'espère que tu regretteras un jour tout ce que tu m'as fait sniff. Sale lâche je...



Au même moment le téléphone se mit à sonner signalant un appel entrant du même numéro de téléphone que sur les messages vocaux. Ayant maintenant la confirmation sur l'identité de la personne, je décrochais le téléphone avec un calme olympien.



Bijou : Je vais t'aider !dis-je en guise d'allô à mon interlocutrice.


... : Euh ce...ce n'est pas le téléphone d'Ousmane ?bégaye-t-elle de surprise.


Bijou : Si c'est son téléphone mais c'est moi qui l'utilise maintenant. Je suis sa sœur. Je crois bien que c'est Sophie Fall n'est-ce pas ?


Sophie : Euh...d'où est-ce que vous me connaissez ? Et où est Ousmane ? C'est à lui que j'aimerai parler. Pouvez-vous me le passer s'il vous plaît ?


Bijou : Ousmane n'est plus des nôtres dorénavant, dis-je difficilement avec un pincement au cœur. Il nous a quitté...


Sophie : Comment ça il vous a quitté ? Non c'est une blague, rit-elle nerveusement. J'en suis sûre que vous êtes au courant de ce qu'il m'a fait c'est pour cela que vous essayez de le protéger en me sortant ses bobards vu qu'il est lâche pour m'affronter...


Bijou : OUSMANE EST MORT !criais-je énervée avant de reprendre mon calme. Maintenant vous voulez que je vous aide ou pas à faire tomber Anta Kane ?


Sophie : ...


Bijou : Bon je vais raccrocher le temps pour vous de retrouver votre voix...


Sophie : Non, répond-elle difficilement en s'éclaircissant la voix, ne raccrochez pas. Pour quelle raison voulez-vous m'aider et pourquoi devrais-je vous faire confiance après ce que votre frère m'a fait ? Qui me dit que vous ne cherchez pas à me manipuler ou autre comme lui l'avez fait avec moi ?


Bijou : Parce que maintenant on a la même ennemie et que je sais comment c'est douloureux de perdre un être cher à nos yeux de manière précoce et brutale alors que son heure n'était pas encore arrivé. Enfin bref moi j'ai tous les moyens qu'il faut pour la faire tomber. Donc soit tu me fais confiance en acceptant mon aide et on la fait tomber toutes les deux, soit tu ne l'acceptes pas et tu te démerdes toute seule. Maintenant à toi de voir !


Sophie : D'accord dis-moi c'est quoi le plan ?finit-elle par dire après un moment de silence.


Bijou : Ok. Une dernière chose avant que je ne te parle du plan et si bien-sûr tu es toujours partante ?


Sophie : Dis toujours.


Bijou : Plus aucune question en rapport à ma vie personnelle et en rapport à mes motivations. Si ça te va je te recontacte avec le numéro de mon frère ce soir.


Sophie : Ok ça me va. Et toutes mes condoléances pour la mort de ton frère euh...c'est comment ton nom ?


Bijou : Bijou !dis-je alors que les larmes me montaient aux yeux avant de me décider à raccrocher avant d'éclater en sanglots. A ce soir.



J'éteignis de nouveau le téléphone avant d'aller me placer devant mon miroir pour m'observer et me faire violence pour ne pas pleurer. Je réussis à refouler mes larmes en me souvenant d'une de mes citations favorites de Francis Ford Coppola dans le film : LE PARRAIN 2.
« Soit proche de tes amis et encore plus proche de tes ennemis » disait-il. Maintenant que le jeu commence.

Aimez, commentez et partagez. Bonne lecture à vous. Bisous.

Zeyna: Comme un Phoenix qui renaît de ses cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant