Le bip-bip sinistre qui résonne dans mes oreilles m'oblige à sortir du sommeil artificiel dans lequel on m'a plongé. Je me redresse brusquement. Le visage qui était penché sur moi recule en gémissant de peur et de surprise.
-Monsieur McEnroe ! Appelle la femme médecin avec urgence en posant sa main sur un scalpel près d'une table de soin pour le brandir vers moi telle une arme redoutable.
Je passe mes jambes par dessus le rebord du lit sur lequel j'étais allongée et trébuche une fois sur le sol. Immédiatement, mes yeux captent mon reflet dans une armoire de médicaments. Je ne porte qu'un string noir et un soutif bleu, et mon corps est recouvert d'électrodes en tout genre. Contrariée, je les retire avant de constater l'état de mon ventre. J'y passe ma main et m'étonne de sentir une couche de tissu sur ma plaie.
Un bandage épais est chirurgicalement enroulé autour de mon abdomen récemment troué. Je me retourne vers la femme médecin qui tend devant elle l'arme de fortune qu'elle s'est trouvée. Je sais qu'elle n'est pas du genre à avoir peur, mais sa réaction est normale.
Je suis affreuse. J'ai du sang plein le visage et les cheveux rouge emmêlés.
-Ne bouge pas, me prévient-elle.
-C'est toi qui m'a soigné ?
-Monsieur McEnroe ! S'affole-t-elle quand j'entreprends de faire le tour de la table.
Sacha passe la porte vitrée de l'infirmerie avec nonchalance. Il se poste immédiatement entre la doctoresse et moi.
-Pourquoi est-ce qu'elle m'a soigné ? Je lui demande.
Il me force à me rasseoir sur le lit médicalisé.
-Pourquoi est-ce que je ne l'aurais pas fait ? Me gronde la doctoresse en se posant en sécurité derrière son bourreau.
-Mathilda, s'il-te-plait, grince Sacha excédé.
-Vous m'avez mis un traceur ou un instrument de torture dans le ventre, c'est ça ? Dis-je en Lud à mon Gardien.
Sacha s'approche de moi, et glisse sa main sur ma joue, mais je lui montre les dents. Il vient plaquer sa main sur ma bouche et crochette ma nuque pour me forcer à rapprocher mon visage du sien.
-C'est moi ton instrument de torture, me répond-il dans mon langage. Maintenant, rallonge-toi sur ce lit pour que je puisse enlever ton pansement.
-Elle ne doit pas être guérie, intervient Mathilda. Cela fait à peine quarante-cinq minutes que je l'ai recousue.
-Si, elle l'est. Je sens qu'elle est entièrement guérie.
-Je cicatrise vite, expliqué-je à la doctoresse en posant ma tête sur le dossier.
Intriguée, elle s'approche pour regarder par dessus l'épaule de Sacha. Celui-ci passe doucement son doigt sous le bandage et arrache le strap' d'un coup sec. Son contact m'électrise. Pourtant, je ne laisse rien paraître et me contente de fixer le plafond blanc comme si de rien n'était.
Malgré tout, j'ai vu le sourire mutin sur son visage. J'ai beau lui cacher ce que je ressens, il doit sûrement tout savoir à cause du lien.
-C'est lisse comme une peau neuve, s'extasie Mathilda les yeux ronds.
Le regard vert du Gardien se pose sur moi.
-Trois balles. Trois balles et en une heure tu n'as plus rien.
-Ils auraient dû m'en mettre une quatrième, ça m'aurait peut-être achevée. Le mieux c'est dans la tête. On ne se relève pas après un trou entre les deux yeux.
-Ils ne voulaient pas te tuer.
Je ne peux m'empêcher de rouler des yeux.
-J'en doute.
Près de cinq hommes avaient braqué leurs armes sur moi et il ose venir me dire qu'ils ne comptaient pas me tuer. Se prendre une balle, ça pique. Je devrais lui en mettre une pour qu'il se le rentre dans le crâne.
-Bon, tu es toute clinquante, finit par dire Sache en frappant dans ses mains. Je doute que Valériane va accepter de te garder ici dans ces circonstances. Surtout éveillée.
-Emmène-la dans les cachots, et enferme toi avec elle, vint commander Mathilda en rajoutant son grain de sel.
Sacha se retourne vers elle, semblant peser le pour et le contre dans sa tête avant de finalement acquiescer. D'un geste de la main, il m'invite à le suivre :
-En route.
-T'as fumé ! Je m'exclame scandalisée. Je vais pas te laisser m'enfermer dans une cage une nouvelle fois, refusé-je les bras croisés théâtralement sur ma poitrine uniquement recouverte de mon soutif bleu en dentelle. Et puis, où est mon pull ? Je ne vais pas me balader les fesses à l'air devant pleins de Gardiens.
Mathilda, après avoir levé les yeux au ciel, me balance mon pull gris à l'effigie de Zombie Mickey Mouse qui fait un doigt d'honneur. Couvert de sang et pleins de trous, il reste mon pull préféré. Triple XL, ce pull est presque une robe pour moi. Je l'enfile et me poste devant Sacha, les mains sur les hanches.
-On a réglé la question des habits, maintenant, redit moi où on va ?
-Au cachot, déclare-t-il en me choppant par le coude.
Je proteste, tire dans l'autre sens pour le faire lâcher prise mais sa poigne est solide et mes forces sont moindres. Il parvient à me faire sortir de l'infirmerie à grand renfort d'insultes avant de faire volte-face et de me plaquer contre le mur le plus proche.
-Tu as tué quatre des miens, me rappelle-t-il on ne peut plus sérieux. Certes je sais que tu voulais uniquement me protéger, c'est un effet secondaire du marquage, mais quand même.
Ma queue lui gifle le biceps quand il entreprend de passer sa main sous mon vêtement. J'entends son grondement mécontent.
-Qu'est ce que tu comptes faire au juste ? Je parviens à demander la joue écrasée contre la pierre.
Il me bâillonne la bouche de sa main, me laissant l'occasion de lui croquer un doigt.
-Te faire découvrir la Magie Gardienne, sussurre-t-il contre ma joue.
-Oh-oh, murmuré-je en sentant ses doigts se poser sur la marque de brûlure boursouflée qu'il m'avait infligé et qui deviendrait par la suite la date en chiffres Romains de mon asservissement.
L'instant d'après, une lumière chimérique venait m'aspirer comme un véritable tourbillon. D'abord, mes muscles furent paralysés, puis, je n'eus plus accès à mes propres pouvoirs. Enfin, mes yeux se fermèrent alors que je sentais le bras de Sacha passer sous mes genoux. Je n'étais pas inconsciente, simplement mon corps avait décidé de ne plus me répondre.
-Il va falloir te faire une putain de raison, Shade. Tu es coincée avec moi désormais, et même si je peux être ton meilleur ami, je peux aussi devenir ton pire ennemi. Quoi qu'il en soit, tu seras forcée de m'obéir alors fais toi une raison.
Les dernières paroles du Gardiens en Langue démoniaque Universelle me transpercèrent de part en part. J'avais beau lutter, je ne voulais même pas lui faire de mal.
Comment pouvais-je vaincre un type que je ne pouvais pas détester ?
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HYBRIDS : Submission T1 [ EN RÉÉCRITURE ]
ParanormalElle est une hybride, l'âme séparée par les plus grands opposés de l'univers. Consumée de colère, elle se livre à des actes monstrueux, jusqu'à ce qu'il se mette au travers de sa route, lui, un Gardien. Il va la soumettre, dompter le démon, et faire...