HYBRIDS : Submission T1 [ EN RÉÉCRITURE ]

24/ Le Grand Chaperon Rouge

Assise en tailleur sur le lit de Sacha, la respiration lente et le cœur lourd, j'essaye de me persuader que le serpent sous mes vêtements n'est qu'une effroyable illusion. Je ne peux m'empêcher de frémir à chaque mouvements, de serrer les dents. La méditation qui m'a été imposé m'aide uniquement car elle limite mes gestes. Sacha, assis derrière le bureau de bois sombre au fond de la pièce, est concentré sur des données revenues du laboratoire à propos les échantillons du liquide violet. Peu de temps après notre houleuse discussion, une Gardienne que je n'avais jamais vu était venue les lui apporter. Il s'était immédiatement rendu-compte que le fluide allait devenir un réel problème pour l'organisation des Gardien, et au fond de moi, je m'en réjouissais. Je n'en pouvais plus de leur suprématie ringarde, de leur croyance sur le bien fondé de leur mission alors qu'ils bafouaient toutes les valeurs morales.

-Comment te sens-tu ? Me demande soudainement mon Gardien en levant le nez de ses feuilles.

Je l'ignore, royalement. Les yeux toujours clos, j'essaye de penser à une baignoire pleine de savons multicolores, de perles de douche et d'odeur sucré pour apaiser mes tourments, mais en reniflant je ne parviens qu'à sentir l'odeur musqué et légèrement vanillé de Sacha. Je me suis léchée une canine, ravie de pouvoir imaginer le goût de sa peau dans ma bouche et de son sang sur ma langue. Rouvrant un oeil, je constate que mon geôlier fronce les sourcils, sûrement branché en direct sur ma stéréo-mentale.

-Je ne peux rien te donner, déclare-t-il, ce qui ne faisait que confirmer ma théorie.

Ce scélérat écoutait tout ce que je pensais.

-Si tu daignais communiquer, je n'aurais probablement pas besoin d'agir ainsi, Shade. Et puis, je sais que tu m'en veux de t'imposer ce collier, mais tu sais très bien que c'est pour le mieux. En plus, je suis sur que dans quelques heures tu ne le sentiras même plus.

J'ai fais la moue, relevant le menton avec le peu de dignité qu'il me restait encore. Il pouvait me retirer ma liberté, mon libre-arbitre, mais ma volonté de rester digne, ça, il ne l'aurait jamais. Comme s'il voulait provoquer une confrontation, il se lève, et vient vers moi avec tout le calme dont il pouvait faire preuve. Je sais pertinemment que lorsqu'il se met à faire ça, c'est uniquement pour me rabaisser.

-C'est vraiment ce que tu penses ? Que je veux te provoquer ? Me dit-il après s'être mit lui aussi en tailleur devant moi. Tu te trompes. Tu imagines ça juste pour me faire passer pour le méchant alors que je ne te réduits simplement parce que tu es trop émotive pour gérer tes crises seule. (Il me touche la joue avec gentillesse pour que je le regarde, mais n'en fis rien.) Shade, soupire-t-il. Ne fais pas l'enfant.

-Tu devrais utiliser ce fluide sur moi, je le provoque d'un ton amer.

-Et pourquoi je ferais une telle chose ? Me relance-t-il sans une once de colère.

Sa douceur me fit exploser. J'ouvre les yeux et le fusille avec tout la force de mes sentiments et de ma conviction.

-Parce que rien n'avance ! Je m'énerve en agitant les bras comme une folle furieuse. J'ai l'impression d'en être toujours au même point qu'il y a un mois quand tu m'as trouvé dans cette rue. Je crois bien avoir même régresser ! C'est pour dire. Je croyais que tu m'avais promis de m'aider à trouver des réponses, et des solutions pour Lune, mais la seule chose que tu fais c'est m'infliger cette... (Je tirai vainement sur le collier de métal autour de mon cou, désespérée.) Punition.

Sacha me prend les mains, m'obligeant à arrêter de m'en prendre à mon entrave. Je sens alors un calme m'envahir comme si j'avais plongé dans le bain auquel je rêvais tout à leur. Je comprends au sourire qu'il me lance que Sacha est le responsable de cette paix intérieur, de cette accalmie dans ma tempête.