Depuis que j'avais retrouvé Fatima, une semaine plus tôt, mon comportement vis à vis de Mohamed avait changé. Je ne pouvais plus le regarder sans imaginer qu'il avait peut-être dehors une maîtresse. Je n'en avais pas le droit car rien en son comportement était suspect ou encore portait à se poser des questions. Mais même sans ça, j'étais réticente et je doutais beaucoup au point qu'il m'avait fait la remarque un jour.
Mohamed - Qu'est-ce-qu'il y a, Khadija ? Tu es encore plus silencieuse que d'habitude.
- Il n'y a rien.
Mohamed - Je sais que je passe vraiment beaucoup de temps au travail, mais ne m'en veux pas. J'essayerai de me rattraper.
Il pensait que je lui en voulais de par ses heures dehors, et ce n'était pas tout à fait faux. J'avais fini par penser qu'il m'avait dit qu'il finissait aussi tard pour pouvoir faire un détour chez une femme. J'étais bien dans ma paranoïa parce que face à lui je me sentais petite, je manquais d'assurance.
Honnêtement, si vraiment il me trompait comme je le pensais, j'en étais la seule responsable. L'homme est faible. Et Mohamed était des plus beaux. Il avait tout ce qu'une femme cherchait : la beauté, l'éducation, l'attention et la richesse en plus. J'avais bien remarqué la façon dont les femmes le regardaient quand il passait. Rien qu'à cause de son parfum, elles le dévoreraient. Je me sentais médiocre à ses côtés, je ne pensais pas être à la hauteur de sa personne. Il avait une telle confiance en lui, ça me rendait nerveuse.Et au final je m'en voulais plus à moi-même qu'à lui. Je me jugeais trop moelle pour être sa femme. Je faisais vraiment "gamine" alors que lui c'était un homme, un vrai. Je devais me reprendre en main et oser devenir une femme. Fatima était certes mâture, mais ce n'était pas pour autant la mieux placée pour m'aider. Trop excessive. Par contre, Haby c'était une femme. Elle était mariée et devait sûrement en savoir plus que ma Fatima.
Le vendredi arriva et Mohamed revint à la maison accompagné de son ami, Ahmed Tidiane Sow. Tidiane était resté que quelques minutes le temps que Mohamed lui donne un dossier. Il avait été très chaleureux à mon endroit et n'avait cessé de me complimenter et sur ma "Beauté toucouleur" et sur ma robe. Il en avait fait des tonnes et je voyais bien que Mohamed avait lui aussi son regard bloqué sur moi. J'avais porté une robe qui m'arrivait sous les genoux, elle était moulante et épousait parfaitement mes formes. Elle était néanmoins très simple et c'était l'un des choix de Mohamed. Au moment où Mohamed me fixait, j'étais certes gênée mais en même temps ça me donnait du courage pour devenir exactement la femme qui devait se tenir à ses côtés. J'en étais sûre : il fallait que je change.
Tidiane - Boy, ta femme n'a pas une jumelle ?
Mohamed - Malheureusement pour toi, elle n'en a pas. Il n'y a que moi qui ai cette chance, avait-il conclu.
Pendant que je lui tendais son verre de jus, nos yeux accrochèrent. Son regard était très profond, j'avais l'impression d'être un livre ouvert dans lequel il pouvait lire mon manque de confiance. Alors, j'y mis rapidement fin en faisant diversion.
- Tidiane yay wakh lolou ? (C'est toi qui dis ça ?) Je le ferai savoir à Haby, blaguais-je en détournant le regard.
Tidiane - Shiii, dougou na ! Je rigolais hein, Haby n'a pas besoin que je lui trouve une co-épouse. Elle me comble sur tous les plans, dit-il avec un sourire qui en disait long sur son sous-entendu.
Mohamed - Tidj, ne parle pas comme ça devant ma femme.
Tidiane s'était mis à rire et j'avais préféré m'éclipser dans la cuisine. Ce Tidiane disait vraiment tout ce qui lui passait par la tête, comme sa femme, tiens !
Après quelques minutes j'étais partie le saluer alors qu'il rentrait. Il m'avait dit que Haby aimerait bien qu'on passe une journée ensemble parce qu'elle m'avait appréciée et que la femme de Mohamed était comme sa femme à elle.