O4. Dakar.

13.5K 1.4K 27
                                    

Avant de partir, néné Ouminatou m'avait prise à part pour me parler. Elle m'a fait savoir que je devais bien m'occuper de mon mari, que je devais être pour lui un soutien moral et surtout être présente. Elle m'avait donné des conseils sur ma vie de couple, des conseils des plus réfléchis aux plus gênants. J'en avais les oreilles rouges à l'entendre dire comment je devais être "dans la chambre". Décidément, elle n'avait aucunement froid aux yeux.
Kao Amadou, cet homme n'avait pas la moindre envie de me saluer hein. C'était limite s'il ne m'avait pas chassée de sa chambre quand j'étais partie lui dire au revoir. J'avais deviné que j'étais en quelques sortes à l'origine de la dispute entre lui et mon mari, quelques heures plutôt. Il disait que je n'avais rien à faire à Dakar, que ma place était au village, que je devais habiter chez lui, que j'étais trop têtue et surtout mal élevée.
J'avais appris à ne plus prendre au premier degré ses insultes, de toutes les façons, son avis ne m'importait pas.

Vers les coups de seize heures, on avait enfin pris la route après avoir été chez mes parents pour les saluer. La réaction de mon père était semblable à celle de kao Amadou, mais ça ne m'affectait plus comme il y a quelques années. De plus, cette fois c'était mon mari qui avait choisi de m'amener avec lui, mon père n'avait plus son mot à dire, voilà un point bénéfique. Baba n'avait fait que formuler quelques prières à mon endroit et m'avait sermonnée. Bien-sûr que j'y avais droit : "Ne crois pas partir à Dakar pour devenir une fille dévergondée, tout ce que ton mari t'intérdit, tu t'y abstiens". Il avait aussi ajouté "Que ton mari ne m'appelle pas pour se plaindre, sinon je ferai de ton cas mon affaire".
Qu'il était grincheux cet homme.

[...] C'est dans la nuit, qu'on était enfin arrivés à destination. J'avais dormi la la quasi totalité du trajet, mais les sièges n'étaient pas aussi confortables qu'un lit. Alors j'étais très fatiguée, tout comme Mohamed. On s'était garés devant un immeuble que je reconnaissais, c'était sur le chemin pour aller à mon lycée. L'immeuble était de neuf étages et on habitait au cinquième. L'appartement était très beau et bien décoré, spacieux et tout aussi propre. J'en étais ravie. Mohamed était bien trop fatigué pour me faire visiter l'appartement donc il s'était limité à me montrer le salon et la chambre conjugale. Elle était très grande et le décor était occidental, tout ce que j'aime et il y avait une salle de bain.

La première chose qu'on avait fait était d'aller nous doucher à tour de rôle pour ensuite effectuer nos prières ratées. Je ne me souviens plus du moment où je m'étais endormie, je sais juste que je m'étais réveillée sur le lit et je portais encore ma tenue de prière.

Mohamed dormait encore alors j'étais partie visiter la maison dans l'intention de trouver la cuisine pour nous préparer à manger. L'appartement avait trois chambres, un grand salon, des salles de bains dans chaque chambre et une toilette pour visiteurs, une belle cuisine bien équipée qui m'avait de suite donné l'envie de l'utiliser. Il y avait tout dans les placards alors j'ai pu préparer un bon déjeuner vu qu'il était l'heure. Mohamed était arrivé à quelques minutes du repas, j'avais déjà mis la table et lui avais préparé un café.

Mohamed - Salam aleykum.

- Aleykum salam, me retournai-je vers lui.

Mohamed - Ça ma chérie ?

- Oui, ça va. Tu as bien dormi ?

Mohamed - Très bien.

Je lui avais servi son café et il semblait être de bonne humeur. Après le repas, il m'avait proposé une sortie pour que je m'achète de nouveaux vêtements. En allant au village, j'avais presque oublié combien ma mère était stricte sur l'habillement. Et elle s'était chargée de me le rappeler en cachant ou jetant, qu'importe, tous mes habits "de toubab". Mes jupes, mes pantalons, mes robes, mes chemises, tout avait disparu. Je m'étais retrouvée qu'avec des très longues robes et amples qu'à la base, je n'utilisais que pour rester à la maison. C'étaient mes "yéré yèndou-kay".
Vous pouvez donc imaginer combien j'avais été très ravie qu'il me propose de faire les boutiques, surtout que la mode c'était ma passion.

Contraints : Khadija & Nabil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant