23. Maroc .

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[ Khadija Selly Diallo ]

Cinq jours après notre réconciliation, je devais déjà partir au Maroc pour le boulot. J'étais tout simplement excitée ! Je partais à l'étranger et c'était mon premier voyage en avion. Trop de nouveautés ! Cela dit, même si ce voyage m'excitait, j'étais un peu angoissée à l'idée de m'éloigner autant de mon pays et de mon mari. Il allait me manquer, même si ce n'était que pour 3 jours.

Ces cinq derniers jours avaient été parfaits, dans le sens où rien n'avait troublé notre quiétude récemment retrouvée. On faisait tous les deux énormément d'efforts pour ne pas se vexer l'un, l'autre. On essayait de se reconstruire après un mois de froideur. C'était de ma faute, c'était moi qui refusais tout contact avec lui. Il m'avait sérieusement blessée et je voulais vraiment en finir avec ce mariage car je trouvais - je trouve - avoir donné plus que lui et avoir fait plus que lui. Trop en colère, j'avais fini par lui demander de me répudier et il avait refusé, m'énervant encore plus. Avait-il le droit de me retenir si je ne voulais plus de ce mariage ? À priori, non. Mais que voulez vous que je vous dise ? Il avait bien osé dire « J'ai tous les droits sur toi. » ça m'avait comment dire ? Révoltée ? Oui. Car il avait raison. J'étais sa femme religieusement, pas légalement. Nos familles n'auraient jamais dissout ce mariage, surtout pas pour une histoire du genre. Il fallait le comprendre. Alors j'avais choisi de jouer la carte de l'ignorance, sans pour autant oublier de respecter mes obligations en tant que mariée. Je faisais tout, comme d'habitude mais pas avec la même envie. Juste je devais le faire.
Chaque jour, il tentait une approche pour que je laisse cette histoire de côté, mais ça restait calé à travers ma gorge.
Une semaine après notre dispute, je lui avais juste dit qu'il fallait que je m'occupe durant mes journées, autrement qu'en faisant le ménage. Sans hésiter, il avait abdiqué. C'était étrange, mais je compris qu'il le faisait pour que j'oublie. Mais autant pour lui, ça ne changea rien.

Mon poste d'assistante de Mr Julian Santos était de loin le meilleur que j'avais pu espérer même si les heures n'étaient pas toujours correctes.  Surtout quelques jours auparavant à cause de la Fashion Week à Paris. Je n'en avais pas parlé à Mohamed parce que je savais que trop bien qu'il allait refuser sans sentiments. Alors j'avais fait mon boulot en tant qu'assistante sans quitter le pays. Heureusement pour moi, mon patron était très gentil, sans problèmes tout en restant professionnel. Il n'avait jamais tenu des propos inadéquats à mon égard. Il se contentait de me complimenter sur l'assiduité de mon travail. Ça fait toujours plaisir de sentir que le travail et les efforts qu'on fait sont remarqués. Surtout quand ça vient d'une icône comme Mr Santos. Son nom était très répandu dans le pays et même en dehors. C'était un honneur pour moi de travailler avec lui. On travaillait dans une harmonie parfaite, une ambiance professionnelle mais à la fois détachée.

Je m'étais retrouvée un jour à lui avouer que ça n'allait pas fort avec mon mari. Je m'étais retournée toute la nuit dans notre lit car je n'arrêtais pas de me poser des questions sur comment allais-je trouver la force de pardonner son erreur à Mohamed si, lui-même ne faisait pas l'effort de se tenir à carreau. J'avais surpris une conversation entre lui et Birane où il lui disait qu'Alima n'arrêtait pas de se manifester et que même s'il lui en voulait énormément, il se souciait de son était de santé mentale. D'un côté c'était légitime car c'était tout de même son amie. Mais d'un autre côté, comment pouvait-il encore lui parler alors qu'elle avait causé la situation dans laquelle on se retrouvait ? Encore une fois ma colère me rongeait de l'intérieur et à trop penser je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Mes cernes et ma mine fatiguée m'avaient trahie au travail alors Mr Santos m'avait tout simplement posée comme question : « Est-ce-que vous allez bien ». Ça avait suffit pour que je craque, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Je pleurais silencieusement devant mon patron, rien de plus honteux ! Ce n'était pas moi de m'afficher encore moins devant des inconnus ! Mais tout avait tellement changé depuis des mois..  Plus rien n'était comme avant.
En être humain jouissant d'une humanité, Mr Santos s'était inquiété et tout en me tendant des mouchoirs, il essaya de me calmer. Je repris mes esprits quelques minutes plus tard et comme ça tombait avec notre heure de pause, il m'invita à aller manger et discuter plus calmement sur ce qui me tracassait. J'aurais voulu refuser mais je ne pus... J'avais tellement besoin de me confier à quelqu'un... On s'était donc rendus au Radisson Blu pour déjeuner... Il entra vite dans le vif du sujet.

Contraints : Khadija & Nabil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant