38. Trente printemps.

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Quelques jours étaient passés depuis que néné Adima m'avait sermonnée et si j'avais un instant cru que cette convocation avec elle aurait été la dernière à ce sujet, je m'étais trompée sur toute la ligne. Mon téléphone sonnait maintenant autant que celui de Mohamed qui au moins, lui était un homme d'affaires. Je recevais des appels de gens de ma famille dont l'existence m'était presque inconnue. Des sœurs de ma mère, des sœurs de mon père, quelques cousines de ma mère et aussi un appel de ma grand-mère paternelle. Cet appel avait été le plus improbable parce que je croyais qu'elle était morte depuis longtemps. Mais non, elle était vivante et osait se mêler de ma vie alors que je ne la connaissait même pas. Au final, j'avais éteint mon iPhone pour le ranger dans un tiroir le temps que les gens me lâchent.

Mohamed était devenu un petit carré de sucre. Mon mari était mon allié numéro un. Il m'épaulait de la meilleure des manières et me rassurait constamment. J'avais cru qu'il allait se laisser manipuler par son père qui, comme je l'avais prédit, lui avait proposé une cousine ! Quand Mohamed m'en avait parlé, j'étais très loin d'être surprise. Mais ça m'avait piquée, tout de même.
Il n'avait pas une seconde, hésité à lui dire que c'était sans façons pour lui de me remplacer par une autre ou me trouver une femme qui pourrait me seconder.
Mon mari était plus collé à moi que la chair sur mes os. Il essayait toujours de me distraire, de me rassurer, de me montrer que son premier choix c'était moi et que son dernier choix c'était toujours moi. Honnêtement je regagnais confiance en moi grâce à son comportement.

Haby m'avait appelée un jour pour me faire savoir que suite à une réunion qu'elle avait convoquée entre Tidiane, Yamina et elle-même, Yamina avait craqué et tout avoué.
«De un, elle a filtré les appels de Fatima dans le téléphone de mon mari, ce qui explique pourquoi Fatima n'a jamais pu le joindre, ce qui n'est pas pour me déplaire. De deux, jamais Yamina n'a référé les messages que Fatima lui demandait de transmettre à Tidiane. Ce qui veut dire que Tidiane n'était pas au courant que Fatima voulait faire un test de paternité.», m'avait raconté Haby. Je ne savais pas comment elle faisait pour se regarder dans la glace tout en sachant qu'elle était entrain de ruiner la vie de sa nièce, celle de son frère et qu'elle avait saccagé celle de sa belle-sœur. A sa place je serais morte de remords et de honte. A ce qui paraît, elle avait pour la première fois reçu la gifle de son frère et elle se trouvait actuellement au village chez sa grand-mère. Je la plaignais. Yamina avait l'exacte attitude de la fille bourgeoise, pourrie et gâtée à qui le mot « non » est inconnu. Elle allait devoir s'adapter à la vie du village, sans Wi-Fi, sans salons de beauté. Oups...

Ce qu'il restait à faire était de discuter avec Fatima pour qu'elle comprenne que Tidiane avait été manipulé depuis le début, qu'il était temps qu'elle fasse le test de paternité pour que sa fille ne soit pas privée de son père. Je crois que de toute cette histoire, c'était ça le plus dur. Haby et Tidiane m'avaient demandé de discuter avec elle, pour essayer de la réfléchir et c'était ce à quoi je m'apprêtais à faire en pénétrant le restaurant où je lui avais donné rendez-vous.
La convaincre n'était pas chose aisée, surtout maintenant que bébé avait grandi. Beaucoup de temps perdu et énormément de choses à rattraper et justifier.

Fatima arriva dans sa plus belle forme, joviale et pimpante. Je voyais que quelque chose de bien se passait dans sa vie. Elle semblait heureuse et je m'en voulais de devoir lui dire tout ce pourquoi je l'avais faite venir.

Fatima - Coucou, me fit-elle la bise.

- Comment tu vas ? T'es fraîche.

Fatima - Sérieux ?

- Ouais, de fou. Ça te va bien cette couleur.

Fatima - Merci, ça fait plaisir d'entendre que je suis toujours une belle gosse.

Contraints : Khadija & Nabil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant