L'arrivée de néné Oumi ne fut que du bonheur. Cette femme je l'adorais comme si elle m'avait portée dans son ventre. On s'asseyait pendant des heures entières à parler de tout ce qui nous passait par là tête. Elle était comme une amie à la fois. Depuis ce que j'avais fait à Nabil, il était constamment énervé et je me donnais un malin plaisir à le traiter comme un enfant, ce qui l'enervait encore plus. J'avais aussi l'aide de gogo donc, c'était encore plus drôle.
On venait de regagner notre chambre après avoir dîné et j'étais sur le point de porter ma robe de chambre quand Nabil traversa la pièce pour prendre son tapis de prière. Je m'étais alors souvenue de ce que je voulais lui demander.
- Nabil ?
Mohamed - Hum ?
- Bon prie d'abord.
C'était comme ça qu'il me répondait depuis déjà quatre jours. Même si je lui parlais avec tendresse pour qu'il sourie un peu, il restait impassible. L'homme et ses besoins... ! Je m'habillai donc et me faufilai sous les draps à l'attendre. Après qu'il ait lu ses quelques versets de Coran, il plia le tapis et me rejoignit sans me regarder.
- Nabil nak, khoulo dey diekh. (Toi aussi, une embrouille doit prendre fin.)
Mohamed - Ce n'est pas toi qui me dis ce que je dois faire.
- Ahhhh ! Bon, si tu veux. De toutes façons c'est à ton désavantage.
Il me tourna le dos et éteignit sa lampe de chevet. Il me montrait carrément qu'il ne voulait pas me parler, tant pis parce que je l'aurais tout de même fait.
- Tu peux ne pas me regarder, ce n'est que de tes oreilles dont j'ai besoin. Le narguai-je. J'ai croisé ce matin mon ancien directeur des études, j'étais super contente parce qu'on avait toujours de bons rapports à cause de mes notes, commençai-je. On a longuement discuté et au final il m'a demandé dans quelle université je m'étais inscrite. Tu n'imagines même pas comment j'étais gênée... Je lui ai répondu qu'au final je n'étais pas universitaire mais plutôt femme au foyer, entière à la disposition de mon mari... Parfois sa bonne, ajoutai-je toujours pour le piquer.
Il s'était directement redressé et avait capturé mon regard. Il semblait désorienté, c'était tout mon but.
- Il m'a répété au moins dix fois que c'était inconcevable, que j'aurais dû continuer mes études, que j'avais déjà toutes les capacités... Une tonne de réprimandes. Il m'a dit une phrase qui me travaille jusqu'à maintenant : "Quel a donc été l'intérêt de faire ces treize années d'études si tu te retrouves maintenant femme au foyer ?". Et c'est la vérité. On s'est longtemps battues Tata Adima et moi pour que je puisse étudier et m'assurer mon propre avenir. Dépendre de mon mari, n'avait jamais été dans mes projets. Pourquoi tu ne me laisses pas m'occuper ?
J'étais certaine de l'avoir touché dans son fond intérieur même si il ne laissait rien paraître. C'était impossible de le laisser indifférent alors que tout ce que je venais de lui dire n'était que la vérité.
Mohamed - Tu es la bonne de ton mari ? Demanda-t-il.
- Par moments, oui.
Mohamed - Ah, d'accord.
Il s'était recouché et on aurait dit que tout ce que je lui avais dit, était entré d'une oreille pour en ressortir d'une autre. Je n'avais pas la volonté de continuer mon discours, j'étais tout simplement blasée. Je lui avais tourné le dos aussi et je m'étais endormie quelques heures plus tard, assez énervée.
- Lève toi ! Lève toi, j'ai dit !
Je venais d'être arrachée de mon rêve pour faire face à mon mari qui était ou semblait être, en colère.