[Khadija Selly Diallo]
Le départ de néné Oumi m'avait sérieusement atteinte. Elle était mon support moral dans les situations les plus complexes que j'avais eues à vivre avec mon mari. Elle était pareillement ma conseillère et sans mentir, ses conseils étaient fructifs ! J'étais vraiment triste de me séparer d'elle, et mon mari n'était même pas là pour me montrer que malgré le départ de sa mère, on aurait pu s'entendre. Il avait préféré partir voir son ex aux tendances suicidaires ! J'avais comme l'impression que cette fille se foutait carrément de leur gueule; tout ce qu'elle voulait c'était de l'attention. Quoi de mieux que d'essayer de se suicider ? D'accord, je n'ai pas le droit de l'accuser ainsi parce qu'après tout on ne se connaît pas vraiment, mais en même temps... Rien en cette fille ne m'inspire confiance.
Et le pire c'est sans doute mon mari qui sait qu'elle l'aime mais « qu'importe », « je l'aime comme j'aime mes soeurs ». Était-ce vrai ? Peut-être. Étais-je confiante ? Aucunement. Imaginer qu'ils étaient ensemble en ce moment même où j'étais assise à attendre qu'il se pointe pour qu'on puisse manger, m'énervait. C'était donc cela ? Je devais rester à attendre quand l'autre faisait sa comédie ? Ça n'allait pas me plaire du tout.
Il était bientôt quinze heures et toujours pas de Mohamed en vue. Au bout de trente ou quarente minutes je m'étais faire une assiette et j'avais mangé toute seule sans vraiment avoir d'appétit. Savoir que pendant tout ce temps ils étaient ensemble m'effrayait.
J'avais terminé, lavé mon assiette et même rangé ma cuisine : toujours pas de Mohamed en vue. « Je ne serai pas long », oui on y croit toujours. J'avais décidé donc, d'aller me doucher et me préparer pour sortir évacuer mon énervement. Au moment où je fermais la porte de l'appartement, il arriva derrière moi.Mohamed - Khadija...
- Quoi ?
Il me regarda d'haut en bas comme pour analyser ma tenue.
Mohamed - Où est-ce-que tu vas ?
- Faire deux pas. Je ne serai pas longue.
Il voulut parler mais je descendis directement. Je n'avais pas envie de l'entendre se justifier ou m'expliquer pourquoi il avait duré là-bas. Je marchais tranquillement, la musique à fond dans mes oreilles. Je m'étais arrêtée sur un banc publique et j'étais tellement dans mes pensées que je n'avais pas vu la personne qui s'était assise à côté de moi. Je relevai la tête et tombai sur qui ? Fatima.
On se regarda un moment et je la vis mimer quelque chose avec sa bouche. J'enlevai mes écouteurs.- Quoi ?
Fatima - Je demandais si ça va...
- Oui, ça va.
Fatima - Ok...
Je tournai ma tête pour fixer devant moi. Pourquoi était-elle assise à côté de moi ? Pourquoi me parlait-elle ? Ne savait-elle pas qu'elle aussi était responsable de la perte de mon bébé ? Je lui en voulais, beaucoup trop pour l'approcher ou faire semblant de lui avoir pardonné.
Elle se leva, par réflexe je m'étais tournée vers elle et... Mon Dieu !- Oh mon Dieu, échappai-je ahurie .
Fatima - Je sais...
- Tu es enceinte !
Fatima - Oui, je le sais Khadija.
Bien-sûr qu'elle le savait... Elle le portait dans son ventre... Comme moi il y a quelques mois. Je ne comprenais pas ! Comment pouvait-elle être enceinte alors que... Bon peut-être qu'elle s'était mariée à mon insu.
Fatima - J'ai essayé de t'appeler mais tu dois sûrement avoir bloqué mon numéro. Et honnêtement, j'avais besoin de toi.
Je m'en suis voulue. Juste deux secondes. Car c'était vraiment trop facile de vouloir me prendre par les sentiments dans le but de se faire pardonner. Je n'ai jamais marché comme ça et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer.