- Tu as mal ? Lui demandai-je alors qu'elle revenait des toilettes.
Une infirmière l'avait accompagnée mais ce n'était pas pour autant que Khadija avait l'air d'aller bien. Son expression me le prouvait. En plus sa mâchoire était contractée parce qu'elle serrait les dents. J'avais mal pour elle.
Khadija - Oui, dit-elle brièvement.
- Vous n'avez rien de plus fort pour ses douleurs ? Questionnai-je l'infirmière.
Infirmière - Non monsieur, ça va lui passer ne vous en faites pas.
Je regardais Khadija avec une grimace de douleur, comme si je ressentais sa souffrance. La voir marcher à reculons et serrer fort son support, me faisait énormément de peine.
Infirmière - Il faut prendre les médicaments Khadija, d'accord ?
Khadija - D'accord.
En effet, faire prendre à Khadija ses médicaments était une bataille sans fin. Mais là, avec toute sa douleur je crois bien qu'elle allait flancher et les prendre sans qu'on la force.
Infirmière - A toute à l'heure, dès que vous aurez besoin, faites moi signe.
On la remercia et je me concentrai sur le petit visage de ma fille. Elle avait des traits magnifiques, c'était merveilleux à regarder. Sa carnation était très très claire, mais en même temps elle n'était pas encore définie. Ses cheveux étaient vraiment beaucoup pour un bébé et très lisses. Ils étaient d'un noir intense, tout comme ses cils. Sa petite bouche était d'un rose pâle, et son nez ressemblait déjà à celui de sa maman. Pour le moment je ne pouvais rien discerner qui me ressemble, mais c'était encore très tôt.
Khadija - Donne la moi.
Ça, c'était ce qu'elle me disait à chaque fois que j'avais le bébé dans mes bras. Ça me dérangeait qu'elle me la prenne. Je voulais la garder pour moi, en plus elle dormait paisiblement. Je ne voulais pas la déranger.
- Elle dort...
Khadija - Je le sais, mais donne la moi.
Ça me montait les nerfs à blocs ! Elle voulait m'enlever ma fille sans raison aucune. Je ne savais pas si elle voulait se venger de ces quelques temps où j'avais été désagréable avec elle, quoique c'était amplement mérité, mais prendre mon bébé pour m'atteindre je trouvais ça très limite.
- Je t'ai dit qu'elle dort, Khadija. Pourquoi la prendre et la réveiller ?
Khadija - C'est mon bébé, tu n'as pas à me dire ce que je dois faire !
« Mon bébé »? Elle en parlait comme si c'était un objet à elle seule que personne ne devait approcher. Je n'aimais vraiment pas son attitude, j'allais me tendre très rapidement.
- "Ton bébé" ? Qui t'a mise enceinte ? Le saint esprit ?
Khadija - Ce n'est peut-être pas toi le père, vu mon infidélité, dit-elle insolemment.
Je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de réplique. J'avais eu un choc, à l'entente d'une telle phrase. Elle se foutait de ma gueule et ouvertement, elle jouait vraiment avec mes nerfs.
Khadija - Donne moi ma fille.
Pour éviter un scandale, je pris sur moi, je regardai ma fille et lui embrassai délicatement le front avant de la remettre à Khadija. Il fallait que je me calme, je sortis donc de la chambre tout comme de l'hôpital et je partis m'acheter des cigarettes. Sauf que même en ayant fumé j'étais toujours aussi nerveux. Je choisis donc de partir acheter des vêtements pour ma fille et je passai à l'hôtel pour me doucher et prendre quelques affaires pour Khadija aussi. Je rattrapai mes prières et je pris le temps de demander à Allah d'éloigner le sheytan de mon foyer. Ça partait vraiment dans tous les sens depuis un certain temps. Mais maintenant que nous étions trois, je ne pouvais pas accepter que nos problèmes nous séparent.
