43. « Pas ça »...

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Néné Adima - Khadija, quand est-ce que tu vas rentrer chez toi ?

- Tu me chasses, néné ?

Néné - Non, mais n'as-tu pas pitié de Mohamed avec tous les va-et-vient qu'il fait pour vous voir ?

- On était d'accord pour que je reste quelques temps avec toi, si je n'avais pas eu son accord je ne serais pas ici.

Néné - D'accord mais n'abuse pas. Ça fait un moment que tu es là. Tu vas mieux, Nûria aussi est très bien portante, qu'attends-tu pour rejoindre ton mari ?

Comment lui dire que je ne voulais plus rentrer chez mon mari ?
La situation entre Mohamed et moi s'était détériorée depuis que nous étions rentrés à Dakar. Comme je le lui avais dit à l'hôpital, j'attendais qu'il me répudie mais il voulait jouer les dures et continuer d'avoir le contrôle sur moi. J'étais fatiguée de me disputer avec lui pour des histoires aussi immatures, fatiguée de le voir me juger sur le moindre de mes faits et gestes. J'avais une fille, rien n'avait plus aucune importance que sa stabilité, à mes yeux. Vous me direz : « Mais de quelle stabilité parle-t-elle si elle veut séparer sa fille de son père ? », et bien, sachez que j'étais loin de vouloir les séparer. Rentrer à la maison et prendre le risque de me faire crier dessus, de me faire manquer de respect ou encore me faire battre devant ma fille, c'était tout ce que je voulais éviter. Ça commence par une gifle, ça se termine par des coups bien plus violents. L'envie de devenir une femme battue n'y était absolument pas. Imany aurait été témoin de mes souffrances et moi je ne voulais que l'épargner.

La rencontre entre Imany et notre entourage avait été un choc collectif pour tout le monde. Ma mère s'était évanouie à cause de la surprise qu'elle avait eue en la voyant dormir dans mes bras. Elle n'avait pas supporté le choc de savoir que j'étais maman. Kao en avait versé des larmes, il semblait fier de porter sa petite fille dans ses bras, il avait vraiment été touché par l'arrivée d'Imany, comme tous les autres. Les filles étaient sans mots, sidérées, sous le choc, ébahies et Adja répétait que je mentais, que c'était sûrement ma nièce mdr. Elle, plus que les autres avait eu du mal à réaliser ce que Allah avait fait pour moi. Les gars, eux aussi croyaient cette histoire impossible car mis à part Bachir qui était médecin, les autres n'avait pas la moindre idée de ce qu'un déni de grossesse était. Mohamed et moi aussi, avant que cala ne m'arrive, on n'était pas vraiment informés. J'avais une fois entendu parler de ça mais c'était pour moi « un truc de blancs » pourtant aujourd'hui c'était moi qui l'avais vécu. J'avais fait des recherches sur les causes de ce déni et en faite c'était tout à fait cohérent avec ce que j'avais vécu pendant les neufs mois de grossesse.

Bakary - Donne moi ma nièce.

- Elle vient de s'endormir, tu n'as pas intérêt à la réveiller comme hier.

Bakary - Mais elle est trop belle.

- Néné !

Néné - Naam ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Bakary arrête ! Néné dis lui il arrête. Je viens de l'endormir, il peut pas la réveiller !

Néné - Eh Bakary, quitte ! Fais vite. Un grand tonton comme toi tu ne sais pas qu'il ne faut pas réveiller un bébé quand il dort ?

- Vraiment, roulai-je des yeux.

Il m'avait discrètement frappé le dos puis il était parti terminer d'écrire son mémoire.
Le lendemain, ma mère biologique et ma belle-mère et deux sœurs de mon père étaient arrivées à Dakar. J'étais trop contente de revoir Néné Oumi, je lui avais fait dix mille bisous. Mohamed était là, c'était lui qui les avait amenées chez ma néné.

Néné Oumi - Où est ma petite fille ?

Je me levai et je partis dans mon ancienne chambre où j'y avais laissé domestique le temps de saluer les tatas. J'étais suivie de près par Mohamed qui avait lui-même prit Imany.

Contraints : Khadija & Nabil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant