Je suis allongée sur le lit d'hôpital de la chambre que j'ai choisie. Les rideaux sont tirés, me laissant dans une semi-obscurité étrangement rassurante. La fin est proche, je le sais. Je le sens. Je suis sur le côté gauche, dos à la porte. J'ai chaud et froid en même temps. Ma blessure me fait souffrir. J'ai parfois des spasmes. Je n'ai quasiment plus la force de tousser. Je ne suis plus capable que d'une chose : attendre la Mort qui m'accueillera à bras ouverts d'ici demain matin. Ces derniers mois, j'ai lutté pour survivre. Mais maintenant, abandonner me paraît si simple ! Ne rien faire. Attendre. Se laisser aller. Rien de plus simple.
Une larme roule doucement sur ma joue. Je regarde l'heure : bientôt minuit. Dans quelques minutes, j'ai 18ans. Sans la catastrophe, je serais en ce moment chez ma meilleure amie, là où une énorme fête aurait lieu. Il y aurait de l'alcool, tous mes amis. Ça aurait été la fête de ma vie. Mon passage à l'âge adulte.
Une autre larme coule le long de ma joue et vient s'écraser sur mon oreiller. Je ne veux vivre que quelques minutes de plus, après je veux bien mourir. Je regarde de nouveau le réveil branché sur le générateur improvisé construit par l'équipe du centre. 23h59. Juste une minute, une seule. Pas une seconde de plus. Je ne demande rien de plus. Rien non plus en échange. C'est un bon deal, non ?
J'appuie sur le bouton de la télécommande sur la table de nuit et le rideau s'ouvre, découvrant la Lune.
Ah, qu'elle est belle, la Lune ! Presque pleine, sans nuage pour la cacher. Je regarde de nouveau l'heure.
Ça y est, il est minuit. J'ai 18ans.
"Je l'ai fait, je murmure faiblement pour moi-même. Je vais mourir en tant qu'adulte et non en tant qu'enfant. J'aurais au moins goûté à la majorité dans ce foutu monde avant de crever comme une mal-propre."
Je sourie tristement en reportant mon regard sur la Lune. L'astre de la nuit. Celui que j'ai toujours aimé. Celui que j'ai toujours préféré à l'astre du jour. La lumière de la Lune me semble pourtant bien terne, ce soir.
J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Quelqu'un arrive. Je ne prend pas la peine de me retourner. Je veux garder le peu d'énergie qu'il me reste pour rester éveillée jusqu'à ce que la Mort vienne me chercher pour me dire qu'il est l'heure que je m'endorme pour toujours. Puis j'irais rejoindre papa, maman, Jonathan, tous ceux que j'aime. Tous ceux que j'aimais.
"Dana ?"
C'est Matthieu. Pourquoi est-il venu ? Je fais un vague mouvement de la tête dans sa direction pour lui signifier que je ne dors pas... pas encore.
"Dana, ça va ?"
Il se rapproche. Je ne le vois toujours pas mais je sais qu'il est inquiet. Je l'ai entendu dans sa voix.
"Oui."
Qui m'aurait cru ? Je ne sais même pas s'il a entendu ma réponse : ce n'était qu'un faible murmure perdu dans la brise du dehors filtrant par la fenêtre entrouverte.
L'homme vient à mon chevet. il s'accroupit et pose une main sur mon front. Qu'il est beau dans la lumière lunaire ! Un vrai petit ange guerrier. Je sourie en pensant à cela.
"Mais tu es brûlante ! S'alarme-t-il. Je reviens du labo, j'ai pris quelque chose pour toi."
L'aiguille de la seringue qu'il vient de sortir reflète les rayons lumineux.
"C'est le remède, continue-t-il. Je l'ai... Je l'ai volé pour toi. Personne n'est au courant de ton état."
Le temps semble s'arrêter alors que je mesure l'ampleur de ses paroles. Il tient le remède ? Tient-il l'espoir entre ses mains ? Non, c'est pas possible...
Voyant que je ne réagis pas, il s'inquiète encore plus.
"Dana ? Oh Dana ! Fait-il en claquant des doigts devant mon visage, ce qui me ramène brusquement à la réalité. Dana ! Reste avec moi ! Je t'en supplie ne te laisse pas aller !"
Pourquoi me dérange-t-il ?! Je vois déjà papa et maman qui me tendent les bras ! Ca y est, Elle est enfin arrivée. Alors que la Vie tente de me sourire de nouveau, Elle m'invite à rentrer dans Son monde. Dans Son monde d'ombres, calme et paisible sans plus aucune douleur.
"Dana, tu m'entends ?"
La voix de Matt n'est plus qu'un doux murmure parmi tant d'autres.
Se laisser aller... rien de plus... Viens...
Oui... j'arrive...
J'effleure Son monde du bout des doigts comme j'aurais effleuré un voile d'eau pure. J'ai l'impression de le voir.
Une légère douleur au bras me ramène de nouveau dans ce monde plein de douleur qu'est le mien. Je rouvre difficilement les yeux et les pose sur Matt. Il tient toujours la seringue dans sa main... mais elle est à présent vide. Il tourne légèrement la tête vers la lune... Et je vois une larme briller sur sa joue.
Non, ne pleure pas. S'il te plait. Pas pour moi.
J'ai envie de lui dire cela, mais les mots ne franchissent pas mes lèvres.
"Dana reste avec moi, s'il te plait..."
Sa voix tremble.
J'ai soudain très chaud. Ma plaie ne me gratte plus. Je n'ai plus l'impression de flotter, je n'ai plus l'impression de bien-être, l'impression de douceur qui m'habitait quelques instants plutôt. Je reviens peu à peu dans un monde brutal de souffrance et de peur.
Néanmoins, malgré la douleur dans mes membres et dans mon ventre, je ne peux m'empêcher de fermer les yeux...
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Hey !
Ce chapitre est enregistré depuis presque le début, je l'ai écris depuis longtemps. Comme d'autres chapitres, je l'ai écrit en parallèle avec ceux qui suivent l'ordre chronologique.
J'espère que ça vous plait, merci de lire The Last Survivors, votez si vous aimez et n'hésitez pas à commenter ;)
Dana
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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)
ParanormalFrance. Fin mai 2014. Cinq mois plus tôt, une étrange épidémie s'est déclarée. En moins d'un mois, elle a fait des ravages dans le monde entier. D'abord, on tombe malade. Ensuite, en l'espace de deux à trois jours, le Virus se répend dans notr...