Chapitre 43

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C'est Douglas qui fini par me trouver alors que le soleil décline dans le ciel. J'ai arrêté de pleurer depuis une bonne trentaine de minutes, mais je suis toujours allongée et je me sens vide. Plus vide que jamais. Plus minable que jamais.

"Dana ! Ça va ? s'inquiète le jeune flic en s'agenouillant à côté de moi."

Je me redresse sur les coudes.

"J'en sais rien.

- On te cherche depuis presque une heure ! Tu ne nous entendais pas t'appeler ?

- Si.

- Alors pourqu... non, laisse tomber. Aller, viens, dit-il doucement en m'aidant à me relever."

Je le vois qui pose le regard sur le crâne défoncé de l'infecté, puis sur mes habits tachés de sang pourpre et sur mon couteau à la lame salie. Il frisonne presque imperceptiblement mais ne dit rien. Il m'a vu à l'oeuvre au centre médical, mais il ne devait pas me croire capable de telles choses de sang froid. Malheureusement, si. Je n'ai plus rien de la jeune fille innocente que j'étais il y a quelques mois.

Quand je suis arrivée à la Base avec Jonathan, je ne savais pas tenir un couteau, j'étais effrayée en voyant un infecté, même de loin. Je répugnais à tenir une arme à feu et j'ai même vomi la première fois que j'ai tuer un infecté avec mon couteau. Je me plaignais des coups que je recevais quand Mikaël m'apprenait à me battre et je partais en courant dès qu'une menace se présentait. Mais tout ça est à présent très loin derrière moi. Je ne fuie plus devant le danger, tuer est devenu mon activité principale et je ne me plains plus de la moindre blessure, même si j'ai faillit me casser le nez. Et oui, le monde change, il faut bien s'adapter et prouver qu'on est les plus forts.

J'enlève les feuilles et la poussière que j'ai sur mes habits et dans mes cheveux. Je m'excuse de ne pas avoir répondu et il m'entoure les épaules de son bras tout en avançant et en me disant que ce n'est rien, que l'important c'est que je sois ici.

Le feu illumine déjà les gens qui sont assis autour. Ils nous regardent. Ou plutôt, ils me regardent. Douglas me laisse m'assoir puis va prévenir les autres partis à ma recherche que je suis là. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et pose mon menton dessus, le regard sur le feu. Comme les autres. Personne ne parle. Seul le bruit du vent dans les feuilles et le crépitement du feu troublent le silence qui plane sur le groupe. Le feu colore de rouge les visages sombres des rescapés.

Freddy, Édouard, Thomas, Arthur, Damien et Matt reviennent peu après avec Douglas. Ils prennent place autour du feu et Édouard vient à côté de moi. Après une bref hésitation, il m'entoure de ses bras sans un mot. Je m'y réfugie.

Je ne veux plus penser à rien. Je n'ai besoin que d'une chose : du réconfort. Quelqu'un qui me protège des menaces physiques et mentales qui me guettent. Quelqu'un pour qui je compte. Même si je ne vois pas Édouard comme un réel petit-ami, j'ai besoin de lui. Je ne le laisserai pas tomber parce que je sais qu'il ne le fera pas.

Sasha passe parmi nous en nous proposant de bien maigres morceaux de gibiers et quelques fruits trouvés dans l'après-midi. Quand elle arrive devant nous, je refuse la viande et prends une petite poignée de fruits rouges.

"T'en veux pas ? Me demande Édouard en désignant le bout de viande qu'il tient.

- Je suis végétarienne, je murmure. Comme ça, ça en fait plus pour les autres."

Il hoche la tête et attaque sa viande. Tout le monde mange mais, moi, je peine à avaler mon repas.

"Ca te manque pas la viande ? reprends Edouard au bout d'un moment.

- Non. Ca fait plusieurs années que j'en mange plus, je m'y suis habituée depuis longtemps. De toutes façons, la question de manque ne se pose pas : je suis devenue végétarienne parce que j'ai été dégoutée de la viande.

- Mais t'en mange depuis la catastrophe ? Je veux dire, t'es parfois obligée, non ?

- Le moins possible. Je veux limiter au maximum le nombre de morts dont j'en suis la cause."

Après avoir mangé, Arthur décide de réciter un poème de Victor Hugo : Demain dès l'aube (le seul qu'il connaît apparemment).

"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur."

Il a vraiment une voix qui berce quand il récite une poésie.

"T'avais pas plus triste, par hasard ? Ironise Emma.

- C'est la seule que je connais, s'excuse Arthur."

Emma à raison. On doit déjà supporter assez de morts comme ça, il aurait pu s'abstenir d'en rajouter une.

"Bah la prochaine fois, apprends-en une autre, dit la jeune fille."

Le silence s'installe de nouveau. Édouard ressert légèrement son étreinte et je pose ma tête sur son épaule. Je regarde les autres. Ils ont tous les yeux rivés sur le feu, chacun dans ses pensées. Je soupire. Je sais bien à quoi ils pensent. Ils pensent à ce qu'ils ont vécu, ils essayent d'imaginer un avenir. Je ne sais pas eux, mais moi en tout cas je n'arrive pas à voir d'avenir. J'ai fini par apprendre qu'il ne faut pas trop espérer. Je n'espère plus rien. J'ai trop peur de tomber de haut si la situation empire.

"Ça va ? me demande doucement Édouard.

- Hum... On devrais dormir, je fini par déclarer assez haut pour que tout le monde entende."

Les autres approuvent. Je tire mon sac pour m'en faire un oreiller et m'allonge, Edouard à côté de moi en faisant de même. Thomas étouffe le feu en y mettant de la terre, nous plongeant tous dans l'ombre sinistre des bois.

Je m'endors, épuisée, sous l'œil lointain de la lune.

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Hello !

J'ai vu que j'avais atteins les 10k de lectures merci beaucoup c'est juste incroyable (même si certains on plusieurs centaines de milliers de vu, c'est énorme pour moi !) c'est juste un truc de malade !

Merci beaucoup de votre lecture, de tous vos votes, continuez à votez et commentez pour me dire ce que vous en pensez, ça prend vraiment peu de temps et ça fait toujours plaisir ;)

Dana

P.S : désolée s'il y a des fautes de frappe ou quelque chose comme ça j'ai pas eu le temps de me relire :/

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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant