Je suis dans la rue. Jonathan se tient en face de moi. Ses yeux sans vie me fixe alors qu'il s'avance lentement vers moi d'un pas chancelant. Mes parents sortent à leur tour du brouillard et marchent à côté de leur fils. Eux aussi me scrutent de leurs yeux vides. Je veux courir, je veux leur échapper. Mais je ne peux pas bouger. Mes pieds sont comme encrés dans le sol. Ils s'embourbent dans le béton soudainement devenu pâteux.
Ils se rapprochent, leurs mains aux ongles noircis tendus vers moi. Ils grognent et essayent de me saisir bien que je sois encore à plusieurs mètres d'eux. Je veux crier mais aucun son ne daigne sortir. Je vais mourir, cette fois c'est certain.
Seulement trois mètres me séparent encore de ma famille. Trois mètres et ils m'auront.
Leurs grognements se font de plus en plus forts, de plus en plus insupportables.
Ça y est, ils sont là. Ma mère parvient à me griffer le bras. Du sang se met immédiatement à couler de la longue estafilade.
Je peux enfin bouger, mais trop tard. Jonathan se saisit de mon autre bras et mord à pleine dent dedans. Je hurle de douleur alors que je tombe à la renverse. Je suis seule face à eux. Je tente de les repousser mais ils sont horriblement lourds. Mon père se jette sur moi sans que je puisse faire quoi que ce soit. Il me mord à la gorge et m'arrache à moitié la trachée et une douleur indicible se répand dans mon corps entier.
Je commence à me noyer dans mon propre sang. Je ne peux plus respirer. J'essaye de crier de nouveau pour que quelqu'un vienne me sauver mais mes poumons se remplissent de sang, empêchant quelque son que ce soit de franchir mes lèvres. J'ouvre grand la bouche, espérant vainement avaler de l'air mais rien n'y fait. Mes poumons me brûlent horriblement.
Je continue à me vider de mon sang sur le goudron. Les membres de ma famille se redressent et me regardent mourir, les lèvres retroussées en un affreux rictus découvrant leurs dents pourries. Je m'étouffe... je meurs... J'ai l'impression que ma tête va exploser à cause du manque d'air.
... Et je me réveille en hurlant. Je me redresse et m'adosse au mur, en sueur. Je tremble de tout mes membres. Ma respiration est saccadée et je suis secouée de sanglots. Je porte instinctivement mes mains à ma gorge. Il n'y a évidemment rien. J'ai encore fait ce cauchemar. Depuis la mort de Jonathan, cette scène me hante chaque nuit. Chaque nuit, encore et encore, je meurs noyer dans mon propre sang sans pouvoir leur échapper.
Quelqu'un ouvre ma porte en grand et la lumière rassurante du couloir se déverse dans ma chambre. Matt entre, suivi par Harry, Tomas et Freddy.
"Ça va ? S'inquiète Matt."
Je hoche la tête. Après un dernier coup d'œil, les autres s'en vont, rassurés que j'aille bien. Au bout de quelques instants, la lumière du couloir s'éteint, le détecteur de présence ne captant plus aucun mouvement. L'homme vient s'asseoir sur mon lit, encore à moitié endormi.
"C'était... rien. Juste... un cauchemar..."
Ma respiration redeviens plus régulière, les battements de mon cœurs ralentissent petit à petit. Mais l'angoisse ne me quittent pas.
Voyant que je me calme, Matt se lève pour quittez la chambre. Alors qu'il va passer la porte, les mots sortent malgré moi.
"Attends..."
Il se retourne vers moi. Les rayons de la lune se reflètent dans ses yeux clairs.
"Reste avec moi, je veux pas être seule. s'il te plait, je rajoute alors qu'il ne réagit toujours pas."
Il revient lentement vers moi. Je me décale sur le côté pour lui faire de la place. Il s'assoit, le dos contre le mur.
"Merci, je murmure, rassurée par sa présence."
Il ne dit rien et ferme les yeux. Ce n'est qu'à cet instant que je remarque qu'il ne dort qu'avec un pantalon de survêtement, sûrement trouvé dans une des chambres. Je m'allonge et le regarde un instant. Il paraît tellement serein. Mine de rien, il est plutôt pas mal. Je souris en refoulant mes pensées. Je suis beaucoup trop jeune pour lui, pourquoi s'intéresserait-il à la gamine que je suis ?
Je ferme à mon tour les yeux, me concentrant sur mon pouls pour essayer de le calmer totalement. Mais à peine mes paupières sont-elles closes que l'horrible sensation d'étouffement me reprend. Je rouvre les yeux en sursaut.
"T'inquiète pas, chuchote l'homme à côté de moi. Je suis là."
Je lève les yeux vers lui et voit qu'il me regarde.
"Tout va bien, essaye-t-il de me rassurer."
Je ferme de nouveau les yeux et commence à penser à des choses rassurantes. N'importe quoi qui pourrait empêcher ce cauchemar de ressurgir. Des prés. Des champs. Des fleurs. Comme ce qu'on voit à la campagne. Les battements de mon cœur se calment de nouveau.
Au bout de quelques minutes, je sens que Matt s'allonge à son tour. Je me pousse encore un peu pour lui laisser plus de place. Les lits de cet hôpital sont plutôt grands pour des lits d'une seule place. Il se tourne vers la porte, dos à moi.
Une dizaine de minutes s'écoule avant que je commence à lentement glisser dans le sommeil. Mais mon esprit torturé ne me laisse aucun répit et en moins de deux, je suis de nouveau sur le trottoirs à me vider de mon sang.
Je me réveille, le souffle court.
"Matt ? Je fais en haletant. Tu dors ?
- Non... me répond-il d'une voix rauque, à moitié endormi. Pourquoi ?
- Je peux pas dormir... c'est impossible."
Je suis au bord des larmes. Ce cauchemar me laisse toujours dans un état pas possible.
L'homme se retourne en grognant et passe un bras sous mon cou. Je ne peux que rire face à cette initiative. Il ne veut qu'une chose : dormir. Et tout les moyens sont bon pour me faire taire. Je lui en fait la remarque.
"Exactement, me répond-il. Aller maintenant dors sinon la prochaine fois je t'assomme."
Je rigole encore et finis par m'endormir.
Le cauchemar revient. Mais cette fois-ci, Matt est là pour me protéger...
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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)
ParanormalFrance. Fin mai 2014. Cinq mois plus tôt, une étrange épidémie s'est déclarée. En moins d'un mois, elle a fait des ravages dans le monde entier. D'abord, on tombe malade. Ensuite, en l'espace de deux à trois jours, le Virus se répend dans notr...