Chapitre 32

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Nous sommes tous assis autour de la table de réunion dans la salle dans laquelle nous avions été accueillis à notre arrivée.

Nathalie, Matt, Harry, Thomas et moi sommes attablés, verre d'alcool en main, avec Freddy, Shirlen, la petite amie du blond, le Dr Daniels, Emma, une jeune fille blonde vénitienne de 14ans qui était patiente au centre médical durant l'épidémie, Frédéric, un homme d'une quarantaine d'années un peu enrobé, et Charlotte, l'ancienne standardiste blonde de 24ans.

Édouard, un jeune de 17ans aux cheveux châtains qui porte des lunettes, David, un ancien infirmier quadragénaire aux cheveux châtains, Valentin, ancien prof de français brun aux yeux verts, Sasha, une ancienne anesthésiste Noire de 31ans, Patrick, un retraité de 69ans, Dante, un gamin de 13ans anciennement patient au centre, Damien, un jeune infirmier de 25ans d'origine Maghrébine, Sandra, l'assistante brune de 41 du Dr Daniels, Douglas, flic blond de 27ans et Arthur, homme roux foncé de 43ans qui travaillait au service d'analyse du centre sont installés autour de nous.

"Je propose de lever nos verre au Dr Daniels et à son équipe, s'exclame Frédéric en se levant. À votre exploit, et au retour prochain d'un monde normal !"

Nous levons tous nos verres remplis de vin, sauf Emma et Dante qui ont du jus de fruit, au Dr Daniels et à son équipe. Pour ma part, je le lève également à la future guérison de mon frère.

Shirlen, Sasha, Charlotte et Sandra trinquent puis se rende en cuisine.

"Vous avez vraiment fait un miracle ! s'enthousiasme Nathalie. J'espère seulement que le pauvre homme est définitivement guéri.

- À priori, c'est sensé éradiquer totalement le virus, affirme le docteur. Mais nous en sauront plus demain à son réveil, quand nous feront des tests sanguins et moléculaires."

Les quartes femmes reviennent avec des plateaux qu'elles posent au milieu de la table. Il y a deux énormes saladiers de salade, des pâtes, du riz, de la viande séchée, du thon en conserve, des légumes cuisinés et plusieurs sortes de sauces et d'épices. Chacun se sert et commence à manger.

En voyant la salade, je décide de poser la question qui me brûle les lèvres depuis que j'ai vu les légumes dans la réserve.

"Où avez-vous eu ces légumes et cette salade ?"

Le Dr Daniels semble hésiter quelques secondes.

"Nous les cultivons, répond Patrick. Nous avons des plantations dans le terrain de derrière, après le parking. Nous sommes parvenus à sécuriser le petit champs et à y faire pousser des fruits et des légumes.

- Vous avez vraiment tout, ici, dit Thomas. On avait pas mangé de produit frai depuis un bail.

- It's a good life ! Rajoute Harry.

- En effet, oui, acquiesce Douglas. On a pas à se plaindre."

Les conversations vont de bon train, la joie est au rendez-vous. Tout le monde apprend à connaître tout le monde. Sauf moi. Malgré mes efforts, je n'en ai pas vraiment l'envie. Pourquoi ? Et bien, c'est pas si simple. Une fois qu'on sera capable de reproduire le remède, c'est possible même pour nous d'après le docteur, on va partir d'ici. On n'aura peut être plus de nouvelles d'eux. Je ne voit pas l'intérêt de s'attacher à des personnes qu'on ne reverra plus, pas dans ce monde-là en tout cas. J'en ai assez de perdre les gens à qui je m'attache.

Alors que je mange en silence, me balançant sur ma chaise avec mon assiette en main, Emma, la jeune fille de 14ans, vient me voir.

"Tu t'appelles Dana, c'est ça ? Me demande-t-elle en tirant une chaise pour s'assoir à côté de moi.

- Ouais.

- Emma, ravie de faire ta connaissance."

Je sers la main qu'elle me tend.

"Tu faisais quoi avant tout ça ? Reprend-elle.

- J'étais en Terminal S SVT.

- Tu voulais être dans la médecine ?

- Ouais, plus précisément dans le médico-légal.

- C'est les médecins légistes comme dans les séries policières, non ?

- En gros, oui. Mais je peux te dire que ce qu'on vit m'a définitivement fait passer l'envie d'étudier des morts.

- Tu feras quoi quand le monde redeviendra comme avant ? me questionne-t-elle innocemment comme si elle était sûre qu'on allait y arriver.

- Franchement ? Je sais pas. J'ai plus de famille, plus de chez moi. Mais si possible, je pense que je reprendrai mes études. J'aimerais bien devenir prof en fac de médecine. J'essayerai d'oublier tout ça, de reprendre une vie normal, mais j'y arriverai pas. Alors un beau jour, quand j'aurai mis assez d'argent de côté, je partirai refaire ma vie dans un autre pays. Tout laisser derrière moi et reprendre à zéro... Et toi ?

- Je vais devenir esthéticienne, assure-t-elle simplement."

Je souris amèrement. C'est fou comme on peut encore être naïf et inconscient à cet âge-là... après tout ce qu'elle a sûrement vu et fait, elle espère retrouver une vie normal.

J'aimerais tellement être encore comme elle. J'aimerais tellement pouvoir fermer les yeux sur la vérité, me dire que tout se passera bien, que j'irai de nouveau en cours, que j'aurai de nouveau des amis, un chez moi. Mais je sais que c'est faux. Je sais que ça n'arrivera jamais. En tuant mon premier infecté, j'ai perdu ma part d'humanité. Dès cet instant, j'ai su que je ne serais plus jamais la même. La joyeuse, la fêtarde, l'insouciante Dana n'existait désormais plus. Maintenant, c'est la combattante, la tueuse, la survivante.

En pensant à tous les infectés que j'ai tué et surtout en pensant à Nicolas que j'ai achevé lors de notre expédition au lycée pour lui épargner une longue agonie, je me dégoûte. J'ai tué quelqu'un. J'ai tué un vivant. Je ne suis plus capable de me regarder dans un miroir sans voir un monstre en face de moi.

Je me détache de mes pensées et souris à Emma. J'allais lui sortir un mensonge du genre "je suis sûre que tu seras une merveilleuse esthéticienne" ou encore "c'est un excellent projet d'avenir ça va te plaire" mais Nathalie vient me voir.

"Le Dr Daniels me montrera comment réaliser le remède demain, ça t'intéressera d'apprendre aussi ?"

Je hoche la tête. Nathalie m'a sauvé : j'aurais perdu un partie du peu d'estime que j'ai encore de moi si j'avais sorti un mensonge aussi ridicule et creux que celui que je m'étais apprêté a dire à cette gamine.

Nathalie m'emmène auprès du docteur pour qu'il commence certaines explications. Ça devrait me paraître pationnant, moi, la scientifique de ma classe, mais non. Pas le moins du monde. Mais il est vrai que, si je n'arrive pas à m'intéresser aux paroles du docteur, c'est en partie parce que Emma occupe mes pensées. Je sais qu'elle ne survivra pas longtemps à cause de son ignorance et de sa naïveté. Et je sais également que je ne pourrai pas l'aider parce que je serai bientôt partie. Impuissante face à la Grande Faucheuse.

Puis, épuisés, nous finissons tous par aller dormir vers une heure du matin.

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Désolé pour l'énumération de noms au début du chapitre, j'aime pas vraiment mais comme ça au moins j'en suis débarrassée ^^

Merci de lire The Last Survivors, votez si vous aimez et n'hésitez pas à commentez ça fais toujours plaisir ;)

Dana

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