Je suis assise en tailleur sur le lit dans ma chambre. L'après-midi touche enfin à sa fin. Depuis ma dispute avec Matt, je n'ai pas bougé de ma chambre. Personne n'étant venu me voir, Thomas a sûrement dû trouver un moyen de s'occuper de la porte et de la surveillance sans s'attirer les foudres des résidents du centre médical. Je regarde la photo de famille que j'ai prise chez moi. Celle qui m'a presque coûté la vie. Je regarde Jonathan.
"Ne t'en fais pas, Jo', je murmure. On a une chance de te sauver."
La porte s'ouvre dans mon dos. Je ne prends pas la peine de me retourner pour savoir qui c'est.
"Je voudrais m'excuser, pour tout à l'heure. J'aurais pas dû."
Je ne bouge pas.
Malgré la dispute, je me suis énormément rapprochée de Matt. Avant la mission, nous n'étions que deux étrangers. Je n'étais même jamais partie en mission avec lui. Et malgré sa franchisse parfois blessante, malgré le fait qu'il soit un solitaire qui rejette tout le monde, je me suis attachée à lui.
''Qu'est-ce que tu fais, ici, toute seule ? Me demande-t-il.
- Je... je voulais être seule, c'est tout.''
Il vient et s'assoit à côté de moi. Je continue à ne regarder que la photo et je sais qu'il a également posé le regard dessus.
''Il te manque, c'est ça ?''
je hoche la tête.
''Moi aussi, j'avais un frère. Un grand frère, reprend-il au bout d'un long silence.''
je lève la tête vers lui. Un frère ? Je ne le savais pas. Une sorte de lueur passe alors dans les yeux de Matt. J'ai à peine eu le temps de voir ça, mais je jurerais que c'est de la tristesse.
''Je suis désolée...
- Ne le sois pas, me coupe-t-il. C'était un vrai connard.
- Ne dis pas ça, c'était ton frère !
- Crois-moi, j'ai bien des raison de dire ça, fait-il, le regard sombre.
- Justement, je ne te crois pas.''
Il se retourne de façon à être dos à moi et enlève son t-shirt. Je reste alors bouche bée devant ce que je vois : son dos est plein de cicatrices.
''Éric était plus grand que moi de cinq ans. Il prenait un malin plaisir à me tabasser et à me torturer.''
Je passe mon doigt sur une de ses cicatrices. Sûrement une brûlure de cigarette.
''Je ne pouvait pas me défendre, il a toujours été plus fort que moi, dit-il en haussant les épaules, aussi normalement que s'il parlait du beau temps.
- Je... enfin...''
Je ne sais pas quoi dire. Je comprend maintenant pourquoi il traite les gamins et les ados de notre Base comme des adultes : il n'a jamais eu une enfance digne de ce nom et il ne voit pas pourquoi il les épargnerait dans ce monde.
''C'était un putain de drogué, rien de plus. Quand il était défoncé il s'amusait à écraser ses clopes sur mon dos. Je peux te dire qu'il m'en a bousillé, des t-shirts.''
Un silence commence à s'installer. Son dos sera à jamais marqué par ces brûlures et ces autres cicatrices. Le pauvre, il a dû en baver.
''Mais y a pas que mon frère qui m'a fait ça, dit-il au bout d'un moment en remettant son t-shirt et en se tournant vers la fenêtre. Mon père passait son temps à se bourrer la gueule. Et quand il s'en prenait pas à ma mère, c'est sur moi qu'il se défoulait. La plupart du temps, je rentrais chez moi de l'école et je me prenais une raclée en me demandant ce que j'avais bien pu faire pour mériter ça.
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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)
ParanormalFrance. Fin mai 2014. Cinq mois plus tôt, une étrange épidémie s'est déclarée. En moins d'un mois, elle a fait des ravages dans le monde entier. D'abord, on tombe malade. Ensuite, en l'espace de deux à trois jours, le Virus se répend dans notr...