Aujourd'hui, je suis de patrouille. Un événement plutôt redouté et prévu depuis une semaine auquel je vais devoir faire face : aller fouiller le lycée qui se situe à cinq minutes du collège. Pourquoi est-ce redouté, hein ? Pour la simple et bonne raison que c'est un endroit plutôt fréquenté des infectés. Du coup, personne n'y est jamais allé depuis la catastrophe. Et pourquoi ils m'emmènent ? Parce que c'était le lycée dans lequel j'étais. Je suis la seule à le connaître correctement, à savoir les emplacements risqués, ceux qui pourraient être fréquentés, je connais les lieux de retraites si nous sommes menacés, je connais ce lycée aussi bien que mon appartement.
C'est pour nous une occasion inespérée de récupérer des médicaments à l'infirmerie pour garnir notre maigre réserve. Nous devons aussi en profiter pour chercher de la nourriture qui se conserve et d'autres objets. En particulier des objets qui pourraient nous servir à faire passer le temps. Lors d'une apocalypse de zombies, sans assez d'électricité pour pouvoir se permettre de jouer à des jeux vidéo, le temps est assez long. Trop long parfois. Alors un jeu de carte, du papier et des crayons, des livres, rien n'est à négliger. L'ennuis peut rendre fou dans ce monde, nous devons sans cesse nous occuper l'esprit, sous peine de finir par faire une connerie.
L'heure approche et la tension monte. Thomas, jeune blond de dix-neuf ans, Nicolas, jeune homme de trente-deux ans sans emploi, Mikaël, ancien militaire de quarante-et-un ans et Lucie, jeune gymnaste de quinze ans, doivent m'accompagner. Il sont avec moi en ce moment et je vois très bien qu'ils sont nerveux. Mikaël, d'un geste expert, aiguise la lame de son sabre de quatre-vingt-dix centimètres de long, le regard ailleurs. Thomas fait des mouvements dans le vide avec son espèce de massue improvisée comme si des infectés l'attaquaient. Il est rapide et précis, ne dvoilant aucune faille, même pour un combat contre un vivant. Lucie guette par la fenêtre le moindre détail qui trahirait la présence d'un croulant mais ses yeux verts émeraude fixent le vide. Nicolas, quant à lui, me regarde.
"Ça va ? me demande-t-il, voyant que je suis tendue.
- Ouais... puis, regardant ma montre dont la pile marche encore. Bon, c'est l'heure."
Tous les quatre se lèvent dans un même geste. Je m'engage dans le couloir, les autres à ma suite. Mikaël finit par essayer de détendre l'atmosphère.
"Bon, tu va retrouver ton lycée, Dana. Ça fait quoi ?
- Chier... même dans un monde apocalyptique je vais peut-être retrouver mon détestable prof de français..."
Aux dernières nouvelles, presqu'une vingtaine de profs sont restés au lycée. Il y a également des élèves qui ont pensés bon de se barricader à l'intérieur. Malheureusement, il a suffit d'une seule personne malade pour contaminer la totalité des résistants en l'espace d'une nuit.
Ça y est. Nous sommes devant le portail du collège. Nous restons tous immobiles. Nous avons peur, moi la première. Mais c'est une bonne chose ; la peur nous garde ainsi constamment sur nos gardes, elle nous obligent à rester vigilants. Mais ce n'est pas la peur des première sortie qui nous habitent en ce moment ; c'est une autre peur, une peur bien plus profonde que nous exploitons à présent comme une arme, parce que nous la contrôlons. Et puis la peur est une très bonne chose dans ce genre de situation : avoir peur signifie que nous avons encore quelque chose à perdre.
Je m'étais toujours dit que je ne changerais jamais, que je resterais la fille normale un tantinet peureuse que j'avais toujours été. Mais le monde a changé, moi avec. Il n'y avait pas une once de vérité dans ce que j'avais toujours pensé de moi-même. En même temps, tout le monde change dans un contexte de destruction de l'humanité extrême comme celui-ci. Ça révèle notre vraie nature, nos réelles qualités, mais ça met également à jour nos défauts les plus dangereux.
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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)
ParanormalFrance. Fin mai 2014. Cinq mois plus tôt, une étrange épidémie s'est déclarée. En moins d'un mois, elle a fait des ravages dans le monde entier. D'abord, on tombe malade. Ensuite, en l'espace de deux à trois jours, le Virus se répend dans notr...