Chapitre 35

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Après le petit déjeuner, je me rends au laboratoire. Là-bas, il y a déjà Nathalie, le Dr Daniels, Shirlen, David, Sasha, Sandra et Arthur. Ils sont au fond de la salle du repas d'hier, déjà à regarder quelque chose sur un microscope.

Je m'arme d'un faux sourire et toque à la porte déjà ouverte.

"Je suis en retard ?

- Non non, entre ma grande ! fait joyeusement le docteur.

- On regardait juste les cellules d'un infectés, dit Nathalie. Vient voir, c'est étonnant !"

Je m'approche du microscope et regarde dedans.

Je n'avais jamais vu ça de ma vie. D'habitude, on met un colorant pour voir les cellules. Mais là, elles sont déjà visibles : elles ont une pâle couleur, je dirais verdâtre ou marron. Et elles bougent plus que ne l'aurait dû faire une cellule humaine. Et pour justifier ce phénomène, je n'ai pas besoin d'explication de qui que ce soit. Ces cellules n'ont pas besoin d'un organisme vivant pour 'vivre'.

"C'est vrai que c'est pas commun, ce bordel, je réplique en relevant la tête.

- Et maintenant, s'enthousiasme le docteur, regarde leur réaction quand j'y mets une dose de mes lymphocytes de synthèse.''

Il verse une goutte sur la plaquette et je regarde de nouveau dans le microscope. D'abord, je ne voit rien de notable. Une minute passe. Puis une deuxième. Alors que j'allais relever la tête, quelque chose d'étrange se produit. Petit à petit, les cellules cessent leurs mouvements et se décolorent. C'est comme si elles redevenaient... normal.

"C'est fabuleux... je dis en regardant le docteur.

- Et tu es l'une des premières personnes dans l'histoire de l'Humanité à pouvoir observer un tel phénomène, sourit-il. À présent, elles sont redevenues humaines. Regarde."

Il verse une goutte de colorant rose sur la plaquette pour me permettre de constater que, effectivement, j'étudiais la même chose au collège et au lycée pendant certains de mes cours de SVT.

Le Dr Daniels entreprend ensuite, avec l'aide de son équipe, à nous expliquer comment nous y prendre. C'est d'ailleurs plus compliqué que ce qu'il nous l'avait dit, mais je m'accroche tant bien que mal pour essayer de suivre. Après tout, je comptais entreprendre des études de médecines avant tout ça, ce n'était pas pour rien. J'étais la meilleure dans les matières scientifiques et je retenais sans mal les démarches à suivre pour telle ou telle expérience. Avec un peu de concentration et quelques notes, je devrais finir par réussir avec l'aide de Nathalie et des autres.

Au bout d'un certain temps, les scientifiques improvisés décident de s'arrêter pour aller manger.

Je m'apprête à sortir, suivant les autres, mais le Dr Daniels m'intercepte. Je me retourne vers lui.

"Dana, je ne connais pas depuis longtemps, mais j'ai l'impression que tu es une personne digne de confiance. Je me trompe ?

- Di par 'digne de confiance' vous entendez 'qui sait garder un secret', alors oui, je suis digne de confiance."

Il a la tête d'un mec qui cache quelque chose, c'en devient presque flippant.

"Ok, alors c'est bon, reprend-il en s'asseyant au bout d'un silence qui se prolongeait un peu trop à mon goût. Il faut que tu saches quelque chose.

- Je vous écoute, j'insiste devant son nouveau silence.

- Et bien... Voilà. Personne ne le sait ici, pas même Sandra, mon assistante."

Mais quand va-t-il arrêter de tourner autour du pot ? S'il a quelque chose à dire, qu'il le dise ou qu'il se taise ! Ça se voit à sa tête que c'est important mais il fait durer le suspense, faisant monter le stresse qui m'avait jusqu'ici épargné depuis quelques heures.

"J'ai un cancer de la prostate au stade terminal et j'ai peur d'en mourir avant la fin de tout ça."

Je reste bouche bée. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Même s'il m'avait sorti un truc du genre que le remède n'était que temporaire, ou bien encore qu'il n'en aurait jamais assez pour guérir tout le monde, j'aurais été moins surprise.

"Qu... quoi ?

- J'ai un cancer d...

- Nan mais j'ai très bien entendu, je le coupe. Mais... pourquoi me le dire à moi ?

- Parce q....

- Vous pensez pas que j'ai déjà assez de problèmes comme ça ? Vous n'auriez pas pu le dire à... je sais pas, moi ! À Sandra ou à Arthur, par exemple ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas eux ? On ne se connaît qu'à peine !"

Devant sa mine déconfite, je me rends compte de tout ce que j'ai dit.

"Non, je suis désolée. Je suis désolée pour vous et pour ce que je viens de dire, mais c'est vraiment pas facile pour moi en ce moment, vous voyez. Tout ceux qui me connaissent vous le diront, je suis plutôt instable ces dernier temps, en particulier depuis la mort de mon frère.

- Je comprends, je suis désolé. Je ne pensais pas que tu avais des problèmes, mais si je te l'ai dit, c'est parce que je suis désespéré.

- Comment l'avez-vous découvert ? Je demande.

- Je l'avais depuis quelques temps avant l'épidémie, mais je ne l'avais dit à personne. Seuls ma famille et mes médecins le savaient. Et dernièrement, j'avais des douleurs alors j'ai fait le nécessaire pour m'assurer de son état d'avancement. Et il y a quelques jours, j'ai découvert que je n'en avais plus pour très longtemps.

- Pourquoi moi ?

- Je ne sais pas. Parce que tu as l'air d'une personne qui saura garder ce secret parce qu'elle aussi à frôler la mort en le cachant aux autres."

Quoi ?! Qu'est ce qu'il vient de dire ?! C'est pas possible, j'ai pas rêvé ! Il... il est... non. Impossible.

"Qu'est ce que vous voulez dire par là ? je fais, en essayant de rester neutre. C'est quoi le sous-entendu, là-dedans, hein ?

- Tu l'as très bien compris, sourit-il. Le jour de votre arrivée, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas. Et c'est en constatant qu'il me manquait une dose que j'ai compris que quelqu'un, mais pas toi parce que tu étais trop faible, en avait volé pour te soigner. Je ne l'avais encore jamais essayé sur un cobaye humain, uniquement sur des cellules. En te voyant en pleine forme, j'ai pu constater que mes recherches avaient vraiment abouties à quelque chose."

Si je l'avais pu, je me serai enfoncée sous terre. J'espère que les autres de mon groupe ne l'ont pas remarqué. Je pense pas. Ils me l'auraient dit, sinon.

"Bon, d'accord. J'ai compris, je m'impatiente. Qu'est ce que vous me voulez, hein ?

- Rien. Rien du tout. Je voulais juste que tu le saches. Tu as l'air d'une fille intelligente, tu comprendras bientôt."

Et voilà, encore un poids de plus que je vais devoir supporter sans personne avec qui le partager. Encore une fois, je vais devoir faire comme si de rien n'étais aux yeux des autres...

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The Last Survivors T1 (prochainement en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant