L'amour n'a pas de lois

Partie 11 : Point de vue de Jessica

Vendredi, 11 heures 45

J'ouvre les yeux. Je me redresse dans le lit. Je remarque que je ne suis plus au lycée mais dans ma chambre. Max a dû m'emmener à l'infirmerie après mon malaise. Et l'infirmière a dû appeler mes parents pour qu'ils viennent me chercher. Mais je suis incapable de vous dire lequel des deux est venu. Je descends donc de mon lit et sors de ma chambre. Je descends l'escalier et vais dans la cuisine, où j'y retrouve mon père en train de préparer le repas. Lorsqu'il m'entend tiré une chaise, il se retourne.

- Ah, tu es réveillée ; dit il. Comment ça va ?

- J'ai un peu mal au crâne.

- Qu'est - ce qu'il s'est passé dans ton cours ?

- J'ai commencé par avoir le bras droit tout engourdit. Je n'y ai pas porté attention. Mais quelques instants après, j'ai commencé à voir double, alors que j'avais mes lunettes sur le nez. Là par contre j'y ai prêté attention. J'ai voulu aller prévenir Maxime. Seulement je n'arrivais pas à mettre un pied devant l'autre. J'ai titubé et me suis écroulée par terre. Et je ne sais absolument pas ce qui s'est passé de ce moment là au moment où je me suis réveillée.

- Tu as bien pris tout tes médicaments ce matin ?

- Oui. Pourquoi tu me demande ça ?

- Parce que la piqûre que tu étais censée prendre ce matin était encore pleine. Jess bordel tu sais très bien qu'il faut que tu prenne TOUT tes médicaments si tu veux pas avoir de crise !!

- Tu crois vraiment que j'ai fais exprès d'oublier de la prendre ? Tu crois que je voulais avoir une crise ? La réponse à ces deux questions est non. Je croyais vraiment que je me l'étais faite cette putain de piqûre. Mais j'ai oublié. J'ai même pas 20 ans et j'ai des responsabilités que je ne devrais pas avoir à mon âge. Alors ouais, j'ai oublié de prendre ma piqûre, mais ça arrive à tout le monde d'oublier.

- Oui ça arrive à tout l'monde d'oublier, mais pas d'oublier de prendre des médicaments.

- T'aurais préféré que j'oublie Sarah à la maison ? C'est ça que tu aurais voulu ?!

Mon père voit bien qu'il m'a profondément blessée.

- Excuse moi ma puce. Je ne pensais pas ce que je disais ; dit il en me prenant dans ses bras.

17 heures 50

Max est parti depuis 10 minutes. Je suis allongée sur le dos dans mon lit. Sarah est assise sur mon ventre. Mes mains sont posées sur les genoux de ma fille qui me regarde en suçant son pouce et en câlinant son doudou. Je regarde Sarah, sans rien dire.

- Maman, est - ce que c'est grave ta maladie ? me demande soudain Sarah.

- Oui mais si je prends bien tout mes médicaments, je ne cours aucun risque.

- Maman, c'est quoi la mort ?

- C'est... La mort c'est quand quelqu'un monte au ciel.

- Mais pourquoi on monte au ciel ?

- Il y a des gens qui monte au ciel parce qu'ils sont très très vieux. D'autres gens montent au ciel parce qu'ils ont eu un accident. Et, certaine personne monte au ciel parce que... Parce qu'elles sont extrêmement malades...

- Ça veut dire que toi tu vas monter au ciel parce que tu es malade ?

- Non, non. Je ne vais pas monter au ciel. Tu sais pourquoi ?

- Non.

- Parce que je prends mes médicaments. Mais j'ai un médicament que les autres personnes qui ont ma maladie n'ont pas.

- C'est quoi ?

- C'est toi mon petit ange. C'est pour toi que je veux guérir. Sarah mon bébé, je te jure que je ne vais pas monter au ciel. Je ne t'abandonnerais jamais.

Des larmes coulent sur mes joues. Ça me fait mal de parler de ça. Mais je me suis toujours jurée de répondre aux questions que Sarah me poserait. Même si je pense qu'à son âge actuel, elle ne comprend pas tout ce que je lui raconte. Sarah se met à plat ventre sur moi. Elle met son visage dans mon cou. Nous nous faisons des câlins. J'essaie tant bien que mal de sécher mes larmes. A un moment, quelqu'un toque à la porte de la chambre. Ma mère passe la tête dans le cadre de la porte.

- Jess, je vais faire des courses avec ton père et Anna ; m'affirme ma mère. Vous venez ou pas ?

- Non. On va rester là.

- Ça ne va pas ma puce ?

- Si si. Ne t'inquiète pas.

Ma mère me sourit et sort de la chambre.

21 heures 45

Cela fait 45 minutes que Sarah et Anna sont au lit. Moi, je suis en bas avec mes parents. Nous discutons.

- Le théâtre de l'archipel cherche un groupe de musique amateur pour faire un concert le mois prochain. Si on veut participer, on doit envoyer une vidéo de ce qu'on fait avant mercredi. J'aimerais bien y participer avec Max, Loïc, Elias et Charline.

- Et si t'as une crise pendant le concert ? m'interroge mon père.

- J'en aurais pas. Je n'ai jamais de crise quand je chante.

- C'est payant ? enchérit ma mère.

- Ce n'est pas payant mais on est payé. Je dois absolument donner ma réponse à Max demain, pour qu'on puisse enregistrer la vidéo.

- Moi je pense que ça peut te faire une bonne expérience. Je suis d'accord pour que tu fasse ce concert. Et toi mon chéri ?

- Je suis d'accord. C'est vraiment une expérience à faire. Lorsque j'avais ton âge, j'adorais la musique. Je parcourais les festivals. Au début, je faisais parti du public. Et un jour, le présentateur du festival où je me trouvais a choisit une personne au hasard dans le public. Le hasard faisant bien les choses, il se trouvait que cette personne, c'était moi. Je suis donc monté sur scène. J'ai attrapé une guitare et j'ai fais ce que j'avais à faire.

- Tu as chanté quelle chanson ? demande je.

- Metallica, Nothing Else Matters. A l'époque, c'était mon groupe préféré.

- Et après ? Qu'est - ce qu'il s'est passé ?

En posant cette question, j'ai l'impression d'être une enfant de 3 ans qui veut absolument savoir la suite de l'histoire alors qu'il est l'heure de se coucher. Mon père, souriant, continue son histoire, sous nos yeux attentifs à ma mère et à moi.

- A la fin de ma prestation, le présentateur m'a donné un passe VIP pour aller voir les artistes qui étaient présents à ce festival. Je suis donc aller voir ces artistes. Ils étaient tous unanime : j'avais quelque chose et il fallait que je m'éclate sur les scènes de festivals.

- T'as suivis ce qu'ils t'avaient dit ?

- Bien sûr que je les ai écouter. J'ai fais des festivals pendant environ 2 ans.

- Qu'est - ce qui t'a fait arrêter ?

- Ta mère est tombée enceinte. J'ai préféré m'occuper d'elle et du bébé. Mais crois moi, c'est une expérience extraordinaire.

Après cette discussion, je fais un bisou à mes parents et je monte dans ma chambre.

2 heures 30 du matin.

Je suis réveillée par les hurlements de Sarah qui, pour une fois, dort dans sa propre chambre. Je me frotte les yeux, descends de mon lit et vais dans la chambre de ma fille où j'allume la lampe de chevet. Je m'assois sur le bord du lit.

- Hey ! Qu'est - ce qu'il t'arrive mon ange ? Tu as fais un mauvais rêve ? dis - je en la prenant sur mes genoux.

- Moui. Je veux faire dodo avec toi.

Je ne cherche pas à comprendre. J'éteins la lampe de chevet et retourne dans ma chambre, Sarah dans les bras. Je l'allonge dans mon lit et m'allonge à côté d'elle. Seulement, Sarah a décidé de s'allonger à plat ventre sur moi. Elle s'endort comme ça. Je n'ose plus bouger. J'ai peur de la réveiller. Du coup, je m'endors, Sarah sur moi.