9. Délit

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                              ×××××××××

Dire qu'il est 6 heures et quelques du matin.

Ça sonne quelques temps, puis il finit par décrocher.

                                    ×××

- Allô ? dit-il.

Mon sourire s'élargit.

- Nathaniel, déclarais-je. Tu ne dors pas ?

- Non, et je m'aperçois que toi non plus. Pourquoi ?

- J'ai fait un...cauchemar, dis-je, hésitante.

Je décide de ne pas le lui raconter. J'ai beau assumer mes deux phobies, je n'ai pas pour autant envie que Nathaniel me prenne pour une pauvre fille qui a peur de tout.

- Et toi ? repris-je. Pourquoi est-ce que tu ne dors pas ?

- La fièvre m'en empêche. Elle fait partie des symptômes de la leucémie, déclare-t-il.

- Quels sont les autres ? m'enquis-je, sans réellement savoir si j'ai envie d'avoir une réponse à ma question.

- Frissons, fatigue et faiblesse continuelles, maux de tête, pâleur, essouflements, étourdissements.

Je reste muette à l'entente de ceci.

- Bienvenue dans ma vie, ricane-t-il.

Comme je ne trouve rien à répondre, il enchaîne :

- Eh, dit-il plus doucement, ça va ?

- C'est plutôt à toi qu'il faut demander ça, murmurais-je. Pourquoi le monde est-il aussi injuste ?

- Cesse de t'appitoyer.

- Je ne m'appitoie pas ! explosais-je. Le monde est injuste, c'est un fait. Il y a la guerre, la famine, la maladie partout sur la planète, tandis que des milliardaires sont tranquillement occupés à faire trempette dans leur piscine de cent mètres.

Je marque une pause, déjà essouflée. Je n'en ai pas pour autant fini, puisque je poursuis :

- Tu as 19 ans, tu as la vie devant toi. Sauf que tu es atteint d'une leucémie. Et tu trouves toujours à plaisanter et déconner sur ta maladie, tu restes fort et blagueur. Sauf que toutes tes vannes et ton ironie cachent tes vraies pensées, ton vrai visage. Tu as peur, et tu me caches certaines choses. Et c'est totalement compréhensible.

Un silence d'environ trente secondes s'installe entre nous. Et cela dépend de la situation, mais dans le cas présent, ces maudites secondes m'apparaissent comme étant interminables.

- Conclusion ? lance Nathaniel.

- Comment ça ? dis-je, sans comprendre.

- Quelle est la conclusion de ta tirade ? demande-t-il.

Sa voix ne semble pas exprimer de colère. Mes joues rougissent légèrement, tandis que je déclare :

- Je veux que tu t'ouvres à moi.

- Comme ta bouche s'est ouverte en me voyant en débardeur lundi ? dit-il en ricanant.

Je prends carrément une teinte écrevisse, et le traite de tous les noms d'oiseaux en niant complètement les faits. Dieu merci, il ne peut pas me voir.

- Ça n'a rien à voir ! m'insurgeais-je. J'étais simplement...étonnée de te voir avec tes parents.

- Oui, bien-sûr.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant