39. Masques

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- Toi ! lance-t-elle en me pointant d'un index furieux, tu vas te poser dans les vestiaires dix minutes et tu reviendras seulement une fois calmée.

- Aucun souci, lâchais-je avec insolence.

À ces mots, je quitte le terrain la tête haute.

                             ×××

Emmitouflée dans la couette de mon lit, de la musique triste aux oreilles, je songe au sens de la vie.

Il est 15 heures, et nous sommes dimanche après-midi. Je n'ai pas fait grand-chose aujourd'hui, à part manger, aller aux toilettes, et dormir.

Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre. Mary se tient dans l'encadrement de celle-ci.

Elle pénètre ensuite à l'intérieur, et déclare en grimaçant :

- Ça sent le fauve, ici.

À ces mots, elle ouvre la fenêtre d'un coup sec, et les volets également. Je grogne tout en m'enroulant davantage dans ma couette.

Ma meilleure amie s'assoit ensuite sur mon lit, me toise longuement, et demande :

- Tu ne me demandes pas ce que je fais ici ?

- Que fais-tu ici ? dis-je, en guise de réponse.

- Ta mère me l'a demandé, réplique-t-elle. Sérieux, Gabriella, qu'est-ce qui te prend ? Tu es en train de devenir une larve, une termite. Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Rien du tout, dis-je en me retournant, à présent dos à Mary. Je veux seulement être tranquille. Je suis fatiguée.

- Tu veux que je parte ? s'enquit ma meilleure amie.

- Oui, s'il te plaît, dis-je.

Petit silence.

- Eh bien non, réplique-t-elle.

- Pourquoi ? demandais-je.

- Parce que je crois que tu as besoin de voir Nathaniel, dit-elle. Vous ne vous êtes pas parlés depuis vendredi soir, tu ne crois pas que les choses doivent être mises au clair ?

À la simple évocation du prénom de Nathaniel, je sens mes yeux me picoter légèrement.

Mince, c'est tellement plus simple d'être déshumanisée et de ne rien ressentir...

- Il ne répond pas à mes messages, ni à mes appels, rétorquais-je. Je crois que c'est suffisamment clair comme ça. J'en ai assez de passer pour une désespérée.

- Gab, lance Mary en soupirant, je t'en prie, va le voir. Tu vas t'en vouloir, sinon. Dans moins de deux semaines...

- Il sera trop tard, lâchais-je froidement. J'ai compris.

Je m'extirpe alors de ma couette, et me dirige vers ma commode afin de me trouver des vêtements plus adaptés.

                            ×××

Face à la porte de la chambre d'hôpital de Nathaniel, je me retrouve également face à un certain dilemme.

Je n'ai pas envie d'y aller. Mais vraiment pas. Et, en réalité, j'ignore pourquoi.

Je n'ai pas envie de parler. Nathaniel va donc penser que je lui fais la tête par rapport à vendredi soir.

Bon, c'est un peu le cas.

Je sais qu'il faut que je me mette à sa place. Que c'est normal de partir en vrille, tout en sachant que l'on est condamné.

Mais c'est plus fort que moi ; je lui en veux. C'est indéniable. Les choses qu'il a dites, et plus particulièrement, celles concernant Jordan, m'ont blessée.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant