27. Perte

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- Arrête ça, dit-il finalement sans grande conviction.

- Roooh, grognais-je, tu es pas drôle. Allez, embrasse-moi ! Je te le demande. Et je sais que tu en as autant envie que moi.

À ces mots, je me colle à lui et tire légèrement sur le col de sa chemise, afin de rapprocher son visage du mien.

                                    ×××

Mes lèvres se posent finalement sur le cou de Jordan. Ce dernier a tourné sa tête vers la droite au tout dernier moment.

Il pousse un léger grognement. Ses yeux sont fermés. Il se recule de moi, puis ouvre ses paupières.

- Pourquoi m'avoir repoussée ? murmurais-je, blessée.

- Tu as bu, déclare-t-il d'une voix rauque. Tu n'es pas dans ton état normal. Et tu es malheureuse. En m'embrassant, tu cherches à te convaincre que tout les mecs sont des connards. Parce que lui t'a blessée.

- C'est faux ! ripostais-je, les larmes aux yeux.

- C'est vrai, et tu le sais.

- Tu m'insupportes, dis-je.

- Je t'insupporte parce que je lis en toi. Je devine chacune de tes pensées. Je vois clair dans ta tête, et tu as peur de ça. Je suis celui qu'il te faut.

- Tais-toi, je t'en supplie.

- Jordan ! crie soudainement son père. Nous partons !

- J'arrive, s'exclame son fils.

Il lève les yeux vers moi, puis commence à partir de ma chambre. Je le suis donc de près, et nous descendons les escaliers silencieusement.

Isabelle et Éric, les parents de Jordan, discutent encore cinq petites minutes avec les miens.

Puis, tous les trois finissent par quitter les lieux, en remerciant vivement mes parents de l'invitation. Jordan m'adresse un dernier clin d'oeil avant de disparaître dans la pénombre.

La porte se referme sur eux.

- Quel temps, lance mon père en regardant dehors. J'espère qu'ils n'auront pas de soucis sur la route.

En effet, il pleut à torrent. La dernière remarque de mon père retient particulièrement mon attention. J'ai ce désagréable pressentiment...

Tu deviens parano, ma pauvre.

Je l'ignore donc, et monte dans ma chambre après avoir dit bonne nuit à mes parents.

Je me jette littéralement sur mon lit, et m'emmitoufle directement dans mes draps, toujours habillée de ma robe.

Je suis épuisée. Mon état d'euphorie de tout à l'heure est apparemment passé.

Je rougis violemment en pensant au fait que je m'apprêtais à embrasser Jordan. Un grognement dépité sort de ma gorge ; je suis littéralement morte de honte. Qu'est-ce qu'il m'a pris, sérieusement ?!

Je me suis comportée n'importe comment. Comme un peu tout le temps en ce moment, en fait.

Demain, j'irai voir Nathaniel à l'hôpital. C'est décidé. Je tiens à savoir si je dois espérer quelque chose de notre relation, ou non.

J'en ai assez d'être constamment dans le doute. Je veux des réponses. Je ne suis pas quelque chose qu'on prend et repousse à sa guise.

Sur cette pensée quelque peu déterminée, je sombre aussitôt dans le monde des rêves, qui est par ailleurs celui des mauvais rêves.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant