21. Parole

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- Nathaniel va mourir dans un mois, déclarais-je. Excuse-nous d'avoir voulu le faire sortir, durant une pauvre soirée, de ce bâtiment déprimant qu'est l'hôpital.

Sans attendre une réponse de la part de ma mère, j'emprunte les escaliers et file dans ma chambre. Je tombe alors nez à nez avec... Jordan ?

                                   ×××

- Jordan ? dis-je, les sourcils froncés.

- Gabriella, lance-t-il, tout sourire.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demandais-je, confuse.

- Quel accueil.

Je lui adresse un regard noir.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? répétais-je.

- Ta mère m'a laissé entrer, déclare-t-il. Tu sais, j'ai toujours senti qu'elle aimerait qu'on finisse ensembles.

- Je ne suis pas d'humeur, Jordan. Pourquoi es-tu venu jusque chez moi ?

- Je m'inquiétais pour toi.

Je lève les yeux vers lui, intriguée et légèrement intimidée.

- Pou...pourquoi ? bégayais-je.

Il arque un sourcil.

- Peut-être parce que la dernière fois qu'on s'est vus, tu pleurais comme une madeleine.

- Ah, oui.

- J'ai compris, déclare-t-il alors. Et tes parents aussi.

- Pardon ? dis-je.

- Nathaniel en est la cause. Il est condamné. Est-ce que tu sais au moins dans quel état il est ?

Mes sourcils se froncent.

- Je... dis-je.

- Est-ce que tu sais pourquoi sa peau est jaunie, et ses lèvres constamment gercées ?

Vaincue, je secoue la tête en signe de dénégation.

- Son foie est touché, déclare-t-il.

Mes lèvres s'entrouvent légèrement. Jordan poursuit cependant :

- Il y a trois mois, il a subi une greffe de cellules souches, ou greffe de moelle osseuse. Ça a été un échec : une réaction du greffon contre l'hôte s'est développée. Nathaniel a alors pris des médicaments qui étaient censés aider à diminuer cette réaction, mais ceux-ci ne répondent pas toujours aux attentes des médecins.

Il marque une légère pause.

- Il risque donc de mourir des suites d'infections de cette greffe, qui interviennent parce que son système immunitaire est trop faible pour se battre, déclare-t-il finalement.

Nathaniel ne m'a pas touché un seul mot de tout cela.

- C'est bon, tu as fini de jouer au médecin ? raillais-je.

- Oui, réplique Jordan. C'est tout ce que ça te fait ?

- Tu espérais quoi ? Que je me mette à pleurer ? Que je hurle "Oh mon Dieu, je vais être contaminée !" ? Que je sois dégoutée ? Que je tombe dans tes bras aussi facilement ? m'exclamais-je.

- Gabriella.

- Quoi, Gabriella ! Pourquoi tu me dis tout ça ? dis-je. En plus, tu as comploté avec ma mère pour savoir de quoi Nathaniel était précisément atteint !

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant