33. Songes

82 15 14
                                    

                      ×××××××××

- Et crois-moi, tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer le jour où tu te rendras compte que tu as tout fait de travers, et qu'il sera trop tard parce que ton petit frère sera mort, concluais-je.

À ces mots, je mets aussitôt fin à l'appel en raccrochant.

                             ×××

J'enfile mon gros manteau d'hiver, pose ma main sur la poignée de la porte, puis l'actionne. Je l'ouvre ensuite, et m'engouffre dehors.

Je frissonne instantanément. Les températures se font très basses le soir, en ce mois de décembre.

Je ne ferme guère la porte à clé.

Je sais bien que c'est risqué, mais nous vivons dans un quartier sécurisé, et... si mes parents rentrent et que tout est fermé à clé, ils vont se douter que je suis sortie.

S'ils venaient à arriver à la maison avant moi, j'ai mis des vêtements en boule dans mon lit, histoire de simuler une forme humaine.

Je sais, je sais.

Cela relève de la psychopathie.

Tandis que je me dirige vers mon arrêt de bus, mon téléphone vibre dans ma poche. Je l'en extirpe alors.

Mes yeux se posent sur un message tout fraîchement arrivé, qui provient de Mary. Mes sourcils se froncent tant je suis surprise.

- Hey. Ça te dit de passer à la maison ? Il faut qu'on parle.

Ma bouche s'entreouvre sous le coup de l'étonnement.

Elle veut que je vienne chez elle ? Mais, et sa mère... est-elle au courant que je suis responsable de leurs malheurs ?

Je pianote malgré tout une réponse sur mon clavier :

- J'arrive dans 10 minutes.

Je finis par arriver devant mon arrêt de bus, et monte dans le premier bus qui passe.

Je ne vois même pas les dix minutes passer, puisque le bus me dépose juste devant chez Mary avant que j'ai eu le temps de faire ou penser à quoi que ce soit.

Le stress me gagne assez rapidement.

Je me ressaisis malgré tout, et marche le long de l'allée. Je finis par arriver devant la porte, et toque quelques coups.

La porte finit par s'ouvrir sur Mary à peine deux minutes plus tard. Ma meilleure amie plante son regard dans le mien, puis s'efface pour me laisser entrer chez elle.

Ni l'une ni l'autre ne savons que dire ou bien quoi faire. Cela m'apparaît comme très étrange d'être ici après tous ces jours de coupure.

- Hey, dit-elle en brisant le silence. Hum, on peut monter dans ma... chambre, si tu veux.

Je hoche la tête pour toute réponse, et c'est donc ce que nous faisons.

Une fois arrivées dans sa chambre, je reste plantée là, dans l'encadrement de la porte, ne sachant absolument pas quoi faire.

Malaise, malaise.

Sa fidèle machine à coudre est posée là, comme avant, tout comme la cage de son cochon d'inde qui s'appelle Vomito.

En apparence, rien n'a changé.
Alors que si. En vérité, tout a changé.

- Tu m'as manquée, lâche-t-elle.

Mes sourcils se froncent. J'ai du mal à croire que cette situation soit réelle. Tout est si... improbable.

- Toi aussi, lâchais-je. Mais... pourquoi m'avoir fait venir ici ? Tu m'as pardonnée ? Ça me semble étrange. C'est trop... facile.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant