44. Règles

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- Samuel, Ethan et moi repasserons demain matin, quand tu partiras d'ici. Mais, Gabriella... si ce baiser est arrivé, il y a peut-être une raison. Je veux dire que si ton corps n'a pas été assez vif pour l'empêcher, c'est peut que ton esprit en avait envie.

Mon visage se décompose, tandis qu'un petit sourire se dessine sur les lèvres de Mary.

- Je t'aime, lance-t-elle. Bye !

À ces mots, ma meilleure amie passe le pas de la porte, et sort de ma chambre d'hôpital.

                               ×××

Aux alentours de 22 heures, quelques coups se font entendre contre la porte de ma chambre.

- Entrez, dis-je.

La poignée s'active, et Mario ainsi que Luigi font leur apparition.

Non, ce n'est pas vrai. En fait, c'est Nathaniel. Cependant, je m'efforce de dédramatiser la situation. Qui est loin d'être simple, en l'occurrence.

- Je passe te dire bonne nuit, lance-t-il.

Je fonds devant tant d'attention de sa part. Même si cela peut paraître plus qu'anodin.

- ...Ah.

Voilà tout ce que je trouve à dire.

Nathaniel, installé dans son fauteuil roulant, se dirige vers mon lit. Une fois près de moi, il s'empare de ma main. Puis, dépose un baiser dessus.

Je lève les yeux vers lui.

- Pourquoi un tel regard ? lance-t-il en ricanant.

- Quel regard ? dis-je.

- Un regard de chien battu, lance-t-il.

Je me racle la gorge, et déclare :

- Il faut que je te dise quelque chose.

Nathaniel grogne légèrement.

- Gabriella, lance-t-il, tu es censé dire la chose en question directement plutôt que de me faire peur comme ça. Ça équivaut à un "il faut qu'on parle". Et personne n'aime les "il faut qu'on parle."

- Ne me déconcentre pas, le suppliais-je.

Nathaniel lève les mains en signe de paix.

- Jordan... est venu, commençais-je, le cœur battant à tout rompre.

Je scrute attentivement Nathaniel, qui se contente d'hocher la tête, nullement surpris. Je suppose qu'il le savait déjà.

- Abrège, lance-t-il, le regard fuyant.

Je déglutis difficilement.

- Il t'a embrassée, c'est ça ? devine-t-il, après un moment de silence.

Je hoche la tête, même s'il ne peut me voir. Son regard est rivé sur le mur, qui a soudainement l'air passionnant à observer.

- Ça n'a duré que deux secondes, m'empressais-je de dire. Même pas. Je l'ai aussitôt baffé.

- Je vois, lance-t-il, d'une voix blanche.

Silence. Un lourd silence s'abat sur nous deux. Nous deux, dont la relation est éphémère et tellement fragile. Mais vraie.

Éphémère parce que le temps nous manque cruellement, fragile parce qu'à vouloir profiter au maximum de l'autre, nous ne nous imposons aucune règle.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant