For Two Months

43. Signaux

                        ×××××××××

Je me pince l'arête du nez, soupire, et déclare, les mâchoires serrées :

- Chambre 256.

Après tout, c'est lui qui va rester auprès de Gabriella durant les mois à suivre. Pas moi.

                               ×××

PDV Gabriella

Mes paupières s'ouvrent difficilement.

Dans un grognement étouffé, je jette un coup d'œil à l'heure qu'affiche mon téléphone fissuré à cause de l'accident : 20 heures et quelques.

J'ai toujours affreusement mal au crâne. Et au cou. De plus, cette chambre d'hôpital me déprime au plus haut point.

Et dire qu'il me faut y rester encore 12 heures...

- Hey, lance une voix.

Je sursaute violemment, pensant que j'étais seule. Mes yeux se posent alors sur... Jordan, assis là, sur le fauteuil qui meuble la chambre.

Je décide de ne pas me poser de questions quant à sa présence, trop dans les vappes et incapable d'avoir la moindre pensée cohérente pour le moment.

- Hey, dis-je d'une voix endormie.

Je me redresse dans mon lit, croise les bras sur ma poitrine, et ferme mes pauvres yeux agressés par la lumière vive de la chambre d'hôpital.

Je les rouvre ensuite, et constate que je n'y parviens toujours pas.

- Tu veux bien... éteindre la lumière ? demandais-je à l'intention de Jordan.

Ce dernier se lève, effectue quelques pas, et appuie sur l'interrupteur. Aussitôt, mes yeux parviennent à s'ouvrir.

- Merci, lâchais-je.

Jordan se tourne ensuite vers moi, et me toise longuement. Je ne vois que sa silhouette, étant donné que nous sommes plongés dans l'obscurité.

Il est étrangement silencieux.

- Hum... ça va ? dis-je, hésitante.

- C'est plutôt à moi de te demander ça, rétorque-t-il.

- Eh bien... oui, ça va, déclarais-je.

- Ne refais plus jamais un coup pareil, dit-il.

Mes sourcils se froncent.

- Tu parles de l'accident ? demandais-je. Mais je n'étais pas au volant.

- Même, lâche-t-il. Tu te mets constamment en danger. L'accident de scooter avec Samuel, la fois où tu as failli te faire écraser par une voiture mais que je t'en ai empêchée, la fois où tu as été courir et que tu as fini en état d'hypothermie, l'agression de vendredi soir... et maintenant, ça. Une commotion cérébrale.

Je reste muette face à ces déclarations. Il n'a pas tort. J'ai réellement été inconsciente durant ces dernières semaines.

- Je ne veux pas te perdre, lance-t-il en se rapprochant du lit. Tu comprends, ça ?

Je plonge mon regard dans le sien océan, qui est à présent visible.

- Pourquoi t'obstines-tu autant ? m'exclamais-je finalement.

- M'obstiner à quoi ?

- À te rapprocher de moi ! explosais-je. Tu rates plein d'occasions de sortir avec des filles. Regarde Sabine ! Tu l'as embrassée vendredi soir et je parie que tu ne l'as pas rappelée depuis. Pourquoi ?