12. Terreur

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Finalement, sa bouche quitte la mienne. Nathaniel pose son front contre le mien, les yeux toujours fermés. Mon regard glisse vers ses lèvres, qui sont entrouvertes.

Tremblante, je parviens à me dégager de Nathaniel. Puis, sans un regard pour lui, je fais la seule chose qui me vient à l'esprit, à savoir m'enfuir en courant à toute vitesse.

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Nous sommes samedi après-midi, et il est 15h10. En retard pour mon cours d'athlétisme, je sors des vestiaires pour filles en marchant vite.

J'arrive finalement dehors, là où tout le monde est déjà présent. Leurs regards se tournent vers moi, tandis que je m'avance vers la ligne 1.

- Navrée du retard, dis-je d'une voix morne.

Si seulement j'étais sincère.

- Gabriella, tu vas bien ? s'enquit notre entraîneur.

Il est carrément plâtré pour sa cheville tordue. Mais comme me l'avait dit Jordan, son père est capable d'assurer notre cours.

Je hoche la tête.

- Bien, dit-il. On peut y aller. 3... 2... 1 !

Son sifflet retentit, tandis que je pars à toute vitesse. Je cours à un rythme totalement démesuré, et mes voisines me lancent des regards sceptiques ainsi qu'étonnés.

Et pourtant, un sourire se dessine sur mes lèvres. Je finis par dépasser tout le monde, le regard fixé devant moi.

Les premières haies se profilent à l'horizon, se rapprochant au fur et à mesure des secondes qui défilent.

Dans un saut plutôt impressionnant, je les franchis. Je poursuis aussitôt ma course, sans pour autant ralentir. Ma cage thoracique me fait souffrir, mais peu m'importe, présentement.

Le parcours s'enchaîne, en alternant course et saut de haies. Les minutes défilent, et je garde cette longueur d'avance sur mes autres camarades.

La douleur dans ma poitrine se propage plus vite que prévu, et ma respiration commence à se faire difficile. Malgré tout, je continue.

Les dents serrées et la tête haute, je continue de courir à une vitesse folle. Je veux me défouler. Je veux me sentir apaisée.

Une haie se profile devant moi, et je la franchis avec difficulté. Avec tant de difficulté que ma jambe peine à passer au-dessus. Je me réceptionne mal, et m'arrête le temps de quelques secondes.

Derrière, les coureurs me rattrapent. Un garçon finit par me rentrer dedans, en ne pouvant m'esquiver.

- Merde, bouge de là ! marmonne-t-il.

Je reprends ma course, mais me stoppe quelques secondes plus tard. Mon coeur bat la chamade, et je ne parviens même plus à respirer.

À la marche, je me rends dans les vestiaires des filles, tête basse. Les autres continuent de courir, tandis que je franchis la porte des vestiaires.

J'ai envie de vomir. Ainsi, je m'assois sur un des bancs de la pièce, et me prends la tête entre les mains.

Soudain, quelqu'un apparaît dans l'encadrement de la porte. Je lève les yeux vers Jordan, appuyé nonchalamment sur le mur.

- Ah lala, le vestiaires des filles, déclare-t-il, un sourire aux lèvres. Voilà un mythe devenu réalité.

Voyant que je ne bronche pas, il enchaîne :

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant