46. Esprit

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PDV Nathaniel

- La machine à café ne marche pas, grogne Gabriella. J'ai tout tenté pendant dix minutes pour rien ! Un infirmier est finalement venu me dire que j'aurais beau frapper dessus, ça ne changerait rien.

Elle est mignonne.

- Oh, lâche sa mère, l'air innocent, alors qu'elle sait pertinemment cela. Son but était simplement d'éloigner sa fille un moment.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ma belle-mère et moi nous lançons un regard complice.

Un simple détail, cependant : cette dernière n'a pas promis.

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PDV Gabriella

Nous sommes vendredi soir. Il est aux alentours de 21 heures, et je tombe littéralement de fatigue.

C'est pourquoi je franchis les portes de l'hôpital afin de rentrer chez moi. Je monte dans le bus qui arrive après cinq minutes d'attente de ma part.

Dans celui-ci, je contemple le paysage défiler. Noël a lieu dans une semaine, et je suis en vacances mercredi.

Dehors, le sol est recouvert de givre. Le froid est, quant à lui, mordant. C'est pourquoi le bout de mon nez est gelé, tandis que mes joues sont roses.

Je finis par arriver chez moi. Mon père est là, mais endormi sur le canapé. Il est affalé devant la télé, qui est toujours allumée.

Je m'empare de la télécommande, et appuie sur le bouton afin de l'éteindre.

Alors, je me retrouve seule, plongée dans le noir. Dans un salon silencieux, avec un père qui ronfle à mes côtés.

Je pose une couverture sur lui dans un élan de tendresse, puis monte mollement les marches de l'escalier en direction de ma chambre.

Après avoir pris une douche en quatrième vitesse, je me mets en boule dans mon lit, frissonnant.

Et puis, un tas d'interrogations m'assaillent sans prévenir.

N'aurais-je pas dû rester à l'hôpital ? Auprès de Nathaniel ?

Une boule se forme progressivement dans mon estomac.

Dans combien de jours Nathaniel va-t-il... ?

Je ferme les paupières. Rien que d'y penser m'est insoutenable. Un goût amer prend alors place dans ma bouche.

Ai-je assez profité de lui, au fond ? Deux mois sont loin d'être suffisants. Vais-je avoir des regrets vis-à-vis de notre relation ?

Mon Dieu, ce n'est pas moi qui ai de telles pensées. Ce n'est pas possible.

La situation est trop irréaliste pour moi. J'abandonne. J'abandonne de m'efforcer de faire croire que tout va bien. Tout ne va pas bien. Tout va mal.

J'ai l'impression que mon monde va s'écrouler au moment même où le cœur de Nathaniel va cesser de battre.

C'est pathétique. Les mots sont trop forts, exagérés. Clichés, même. Pourtant, c'est ce que je ressens en l'état actuel des choses.

Comment puis-je penser cela en ne le connaissant que depuis deux mois ?

Mes main se mettent à trembler. Bientôt, c'est mon corps entier qui est parcouru de frissons et de spasmes.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant