36. Façade

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- Promis ! m'exclamais-je en sautant au cou de ma mère. Merci, merci, merci.

Elle pousse un soupir, et déclare :

- Ah, lala, je n'en reviens pas des choses que tu me pousses à faire... Tu dois être sacrément amoureuse.

                              ×××

Face à mon reflet dans le miroir, je souffle un bon coup.

Je porte une robe bleue nuit ainsi que des collants, suis légèrement maquillée et ai mis mes créoles en argent.

Résultat plutôt passable.

Je m'empare ensuite de mon téléphone, et constate qu'il est 19h15.

Ethan, Mary, Samuel, Bob, Sabine, Jordan et moi avons prévu de nous retrouver devant la chambre de Nathaniel vers 19h30.

Il est donc l'heure pour moi de partir.

Je sors de ma chambre, dévale les escaliers, enfile mes chaussures et une veste en jean, puis sors de chez moi en n'oubliant guère de fermer la porte à clé.

Je monte ensuite dans le premier bus qui passe, et me sens observée durant tout le trajet par un homme d'une quarantaine d'années.

J'évite tant bien que mal son regard, mais mon sixième sens m'indique qu'il ne me quitte quasiment pas des yeux.

Dans son regard, je perçois une lueur assez spéciale. Quelque chose de... de presque malsain.

Un goût amer prend place dans ma bouche. Il me donne envie de vomir. Une fille, une femme ne peut-elle donc pas être tranquille en étant apprêtée pour une soirée ?

Est-ce trop demander ?

Je baisse les yeux vers mes mains, tout en déglutissant. Cet homme répugnant arrive presque à me gâcher mon plaisir.

Je réalise alors qu'à mon âge, presque toute innocence s'est envolée.

L'innocence d'une enfant se brise à la seconde même où son corps commence à changer, à se transformer durant la puberté, et où il commence à attirer les regards.

Et la société aura beau évoluer, le harcèlement de rue, le harcèlement sexuel et toute forme d'injures à la liberté de la femme persistent toujours.

C'est triste à dire, mais tellement vrai.

Le bus finit par s'arrêter devant l'hôpital, alors je descends et commence à marcher vers les portes de celui-ci.

Cependant, un frisson désagréable me parcourt lorsque j'entends des pas me suivre.

Je me retourne discrètement, et constate avec effroi que l'homme de quarante ans qui me fixait dans le bus est là.

Mon cœur s'emballe, tandis que je pénètre à l'intérieur de l'hôpital en accélérant le pas.

Une fois à l'intérieur, je me retourne une nouvelle fois et constate qu'il a arrêté de me suivre à la trace.

Malgré tout, mes sens restent en alerte tandis que je regagne le partiment Cancérologie de l'hôpital, puis la chambre de Nathaniel.

Je constate que tous les invités sont déjà là : je suis donc la dernière. Lorsqu'ils me voient, tous sourient et je leur rends tant bien que mal la pareille.

Je finis par les rejoindre, et chuchote :

- OK... À trois, on débarque dans la chambre de Nathaniel et on hurle Joyeux Anniversaire. C'est d'accord ?

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant