30. Profit

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Je m'assois sur le premier siège qui me tombe sous la main, et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles.

Ça fait tellement de bien de rire à en avoir mal au ventre. Un sourire se dessine sur mes lèvres.

Sourire qui s'efface cependant lorsque je découvre un SMS que j'ai reçu durant le film.

                              ×××

Le pas pressé, je m'engouffre à l'intérieur de l'hôpital.

Je me dirige ensuite vers le partiment "Cancérologie", puis arrive devant la chambre de Nathaniel. Je rentre dedans sans toquer, trop préoccupée pour me soucier de ça.

Mes yeux se posent aussitôt sur Nathaniel. Il dort. Ses traits sont apaisés.

J'ai l'impression qu'il s'est encore amaigri depuis que nous nous sommes parlés en appel, juste avant qu'il ne raccroche brutalement.

Je pose ma main sur la sienne. Elle est glacée. Ses ongles sont légèrement bleutés et ses veines, elles, deviennent violacées.

Sa respiration est saccadée.

Son état se dégrade à une vitesse phénoménale. Je n'arrive pas à accepter cette réalité absolument atroce.

Il va mourir. Nathaniel va mourir.

Et moi, je vais vivre. Vivre sans lui. Ou du moins, essayer. Parce qu'une fois qu'on a quelqu'un dans la peau...

Soudain, ses yeux s'ouvrent doucement. Il s'aperçoit alors de ma présence. Je me racle la gorge, qui est nouée par l'émotion.

- Bob, ton ami tétraplégique..., dis-je. Il m'a demandé de venir te voir. Que tu étais trop fier et que tu ne voulais pas que je te vois dans cet état, mais que tu serais heureux.

En effet, son SMS indiquait que Nathaniel ne se portait vraiment pas bien en ce moment.

Un petit sourire en coin se dessine sur les lèvres de Nathaniel.

- Bob est tétraplégique, rétorque-t-il. Explique-moi comment il t'a envoyé un message ?

Je me mets à sourire.

- Il aurait demandé à une infirmière de le faire, déclarais-je.

- Indémontable, lance Nathaniel.

Je me mets à rire. Nathaniel, quant à lui, apporte sa main glacée à ma joue et la caresse de ses doigts. Mon cœur rate un battement.

- Pourquoi ? demandais-je alors.

- Pourquoi quoi ? réplique-t-il tout en analysant chaque trait de mon visage.

- Pourquoi toi ? dis-je.

Nathaniel hausse les épaules nonchalamment.

- On meurt tous un jour, lance-t-il.

- Tu as 19 ans, rétorquais-je. La mort ne t'effraie pas ?

- Non. Je suis préparé à cette éventualité depuis longtemps. La seule chose qui m'effraie est de faire du mal aux gens qui m'entourent.

- Tu n'en serais pas responsable, lâchais-je.

Un sourire se dessine sur ses lèvres.

Moi, la mort me terrifie.

La mort, qu'est-ce que c'est ? Le vide intégral, un trou béant. Tout ce que l'on a vécu se perd, comme si l'on avait jamais existé.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant