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- Je suis mourant, putain, déclare-t-il. Pourquoi rester avec un mec en fin de vie, un mec en phase terminale ?

Les joues trempées de larmes, je me mets sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur les lèvres de Nathaniel.

Tandis que je me remets sur pied, celui-ci me lance un regard indéchiffrable.

Je souffle alors un bon coup, et sens le stress me gagner en réalisant ce que je m'apprête à lui dire.

                                     ×××

Nous sommes mardi matin.

Assise en cours de français, j'ignore ce que nous dit notre professeur, préférant laisser mes pensées divaguer, le poing posé sous le menton.

- Je suis tombée amoureuse de toi.

Ce sont les mots que j'ai dit à Nathaniel, samedi matin. Et ce dernier n'a eu aucune réaction. Aucune réponse. Pas de "moi aussi", non. Rien.

Strictement rien.

Ça m'apprendra à vouloir jouer les romantiques.

Soudain, mon oeil est attiré par quelque chose lancé sur ma table. Une boulette de papier. J'arque un sourcil. Sérieusement ?

Je m'en empare, et la déplie discrètement, en veillant à ne pas me faire prendre par notre professeur. Le message écrit sur le papier est on ne peut plus clair :

"Il faut qu'on parle. Mary".

Hésitante, je me retourne et la regarde. Elle lève les yeux vers moi, tandis que je lui dis "OK" du bout du lèvres. Elle hoche la tête, puis je me remets dans ma position initiale.

Un grand sourire se dessine sur mes lèvres.

Ma meilleure amie accepte de me reparler ! Ce sera peut-être pour me hurler dessus, mais je préfère ça plutôt qu'un silence radio semblable à celui qui dure depuis maintenant bien trop longtemps.

La sonnerie finit par retentir, et je sors la dernière de la salle. Dans le couloir, ma meilleure amie m'attend, appuyée nonchalamment contre le mur.

Je m'avance vers elle, hésitante. Je ne sais que dire, ni comment me comporter. Quelle position inconfortable.

- Mes parents se séparent, lance Mary d'emblée.

Je plonge mon regard dans le sien.

- Je suis tellement désolée, dis-je. Je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait. Quelle conne, marmonnais-je.

- Ça, tu peux le dire, cingle-t-elle. Ma mère et moi restons habiter dans notre maison actuelle, mon père déménage à une dizaine de kilomètres d'ici.

Traduction : tu as foutu en l'air ma famille.

Je suis tellement mal. La culpabilité me fait monter les larmes aux yeux. J'ai envie de m'arracher les cheveux, tant c'est insupportable.

- Mais, ton père..., commençais-je.

- Il n'a pas été arrêté, rétorque Mary. J'ai tout nié en bloc devant la Police. Devant ma mère, je n'ai pas pu. Alors, voilà où nous en sommes : une famille déchirée, un divorce, ma mère dévastée.

Alors, ça n'a servit à...rien ? Tout cela a mené à un divorce, à et a la déchirure de la famille de ma meilleure amie ?

Son père n'habite plus avec elle et ne pourra plus lui faire de mal, je le sais bien, mais... Bon sang, j'aurais tant dû ne rien faire.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant