45. Faveur

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- J'ai fini, lance Jordan à l'intention de Sabine.

À ces mots, il se rapproche d'elle et glisse un bras autour de sa taille. Elle sourit, et se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Jordan.

Puis, tous deux me saluent en partent d'ici, tel un parfait petit couple, sous mon regard embrumé de larmes de pure rage.

×××

Ellipse de deux jours.

Mon réveil sonne. 6h15.

Toute endormie ainsi qu'engourdie, je m'extirpe de mes couvertures. Une fois sur pieds, je frissonne. Le froid mordant du mois de décembre m'assaille.

Je me prépare rapidement, bois exceptionnellement un chocolat chaud, puis enfile mon manteau, ainsi que mes baskets.

Je file ensuite à l'arrêt de bus. Monte dedans. Tchek Samuel, que je n'ai pas vu depuis mercredi matin. En l'occurrence, nous sommes vendredi.

Samuel répond mollement à mon tchek, et n'engage nullement la conversation.

- Tu boudes ? lançais-je en souriant.

- Possible, marmonne-t-il, les yeux rivés vers le paysage qui défile.

- Parce que je ne suis pas venue à ton match de basket ? continuais-je.

- Possible, répète-t-il.

- Je voulais tant venir, lâchais-je. Je te jure. Mais...

- Ton père, répond-t-il. Je sais.

Un sourire se forme progressivement sur les lèvres de mon meilleur ami.

- Le prochain match a lieu quand ? m'enquis-je.

- Mercredi, réplique Samuel.

- Je serai là, dis-je en souriant. Promis, promis, promis.

- Tu as intérêt, rétorque-t-il en ricanant. Parce que je n'ai absolument pas perdu la main. J'ai joué comme un Dieu vivant, il y a deux jours. On a gagné à 20-10 ! s'exclame-t-il. Grâce à moi, évidemment.

Je me mets à rire.

- Évidemment, concluais-je.

Le bus finit par s'arrêter au lycée quelques minutes plus tard. Samuel et moi en descendons, et nous faufilons, parmis les nombreux lycéens, dans la cour.

Là, nous retrouvons plutôt rapidement Ethan ainsi que Mary. Ce petit couple est justement en train de s'embrasser lorsque nous arrivons à leur hauteur.

- Épargnez-nous ça, grimace Samuel. Il y a des chambres, pour ça, les cocos.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je les envie. Moi, Nathaniel me manque. Atrocement.

Je le sais à l'hôpital, en train de mourir à petit feu. Existe-t-il pire sensation sur Terre que celle-ci ?

De plus, l'image d'Ethan et Mary s'embrassant me ramène à un flash. Celui de Jordan et Sabine, quittant ma maison main dans la main.

Un goût amer prend place dans ma bouche. Jordan s'est bien fichu de moi. Et je me remercie de ne pas être tombée dans le panneau.

Malgré tout, sa conduite me déçoit au plus haut point. Oui, la déception. C'est la seule chose que je ressens à son égard.

- Désolée, glousse Mary, les joues roses, qui n'est, en vérité, absolument pas désolée.

Ethan, lui, se contente de toiser longuement sa bien-aimée, d'un regard dégoulinant d'amour.

For Two MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant