Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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L'odeur de chocolat chaud qui se dégageait de ma tasse alléchait mes papilles empressées d'y goûter. Je ne me fis pas prier et bus une longue et brûlante gorgée. En début d'après-midi, j'avais atterri chez Leïa pour discuter. Ces derniers jours avaient été éprouvants pour moi, entre les préparatifs pour la fête de ma demi sœur préférée, Tommy constamment dans mes pattes, et Ilyas qui était aussi distant que je ne m'efforçai de l'être avec Tommy, ma tête allait exploser.
Prise d'un élan de confiance, je lui avais tout raconté, à propos d'Ilyas lors de la soirée, puis j'en étais doucement arrivée à cette fête, et à Tommy. Leïa ne savait pas tout de A à Z mais elle en savait suffisamment. Elle n'avait pu contenir son calme quand je lui avais expliqué le déroulement de la soirée où j'étais passée à un cheveux du kidnapping. Malgré tout elle s'était montrée très compréhensive comme d'habitude.
- Ma vie à tout de suite l'air parfaite à côté de la tienne, sourit Leïa en changeant de position sur son canapé crème.
- C'est loin d'être drôle, râlai-je lui filant un coup de coude.
Un fou rire incontrôlable secoua son corps de spasmes irréguliers pendant de longues minutes. J'en profitai pour boire de nouveau. Quand elle eut fini de rire elle se tourna vers moi, redevenue très sérieuse.
- D'après moi, être tourmentée non seulement à cause de Tommy mais en plus à cause d'Ilyas ne te ressemble pas du tout. Tu n'es pas ce genre de fille.
Ces paroles me percutèrent de plein fouet, leur sens m'affecta de manière directe. Leïa avait raison sur toute la ligne, je n'étais pas ce genre de filles pleurnichardes, naïves qui s'apitoyaient sur son sort. Depuis l'arrivée d'Ilyas mon cœur avait tendance à reprendre le dessus mais si j'avais bien compris une chose c'était que la raison ne me faisait jamais défaut.
- En effet, approuvai-je d'une voix posée. Je ne suis pas ce genre de fille.
Son sourire franc renforça l'idée que je ne devais plus laisser ce qui gravitait autour de moi m'atteindre d'une quelconque façon. La tête pleine et les idées claires, je revins à la maison accompagnée de Leïa. Demain était un grand jour pour Odile et la fin d'un enfer pour moi. J'avais hâte que cette fête soit finie, toute la pression qu'elle exerçait sur moi me rendait folle.
Je me rendis dans la salle de réception où les préparatifs continuaient de bon train même s'ils étaient trop lents selon moi. Les tables étaient toutes installées et je commençai à vérifier qu'aucun invité n'eut été oublié. Les centres de tables étaient ornés de bocaux transparents dans lesquels du sable, des coquillages et quelques fleurs se mélangeaient. Tommy avait évidemment insisté pour qu'on y ajoute de l'or ou une pierre précieuse. Les bouchons étaient donc sertis de diamants et d'or.
La fleuriste que nous avions engagée était occupée à disposer ses fleurs un peu partout et des employés s'affairaient déjà à mettre de la vaisselle d'argent sur les tables. Une piste de danse avait été aménagée et nous avions même un buffet qui longeait toute la pièce. Les rideaux avaient été nettoyés et accrochés aux anneaux d'or, la vue sur le jardin et la plage était alors dégagée.
