The first one - Astrid S
J'étais éveillée depuis que la lumière du jour avait traversée les barreaux de la seule fenêtre dont bénéficiait cette pièce sombre et sale. En fait, c'était un peu comme si j'étais à la maison puisqu'il y avait autant de saleté, aussi peu de luminosité, sauf qu'il faisait vraiment froid. J'étais adepte du froid mais pas quand j'étais à la limite de rentrer en hypothermie.
Similaire à ma chambre, la pièce était en forme de carré, mon lit était tout au fond, face à la porte métallique, la seule issue. La fenêtre était sur ma gauche, au milieu du mur. Chaque recoin me filait la chair de poule. Je ne voyais pas grand chose, tout était sale, gris et moche. J'aurais juré avoir vu une souris courir tout à l'heure, du côté hygiène, James avait encore des efforts à faire.
J'aurais pu m'inquiéter de ce que me réservait James, c'était même la chose la plus rationnelle à laquelle j'aurais dû penser. Mais peu importait les tortures qu'il me ferait subir où les coups tordus qu'il me préparait. Je survivrai, comme j'avais toujours survécu. C'était dans ma nature de survivre.
Depuis que j'avais les yeux ouverts, j'étais assise, repliée sur mon lit, contre le mur et je ne pensais qu'à une personne, Ilyas. J'étais ici pourtant mon esprit n'avait toujours pas quitté le dernier étage de SOF où nous avait retenu James. Mes oreilles entendaient sans cesse les mêmes mots, en boucle, encore et encore. La scène se rejouait toujours, comme pour me blesser un peu plus à chaque fois. À chaque fois que je revoyais cette douleur dans les yeux d'Ilyas, ma gorge se nouait, j'avais mal, intensément mal. Et je ne cessais de repenser à la dernière phrase qu'il avait prononcé. Qu'il avait murmuré avant que je ne puisse plus le voir.
Est-ce que James les avait fait abattre ? Est-ce qu'ils étaient séquestrés tout comme moi ? Cette deuxième option me semblait moins plausible. Tout ce qui m'importait c'était de savoir si Ilyas allait bien, je n'avais que ça en tête. Et j'avais peur de la réponse. Ilyas m'aimait, et le plus horrible dans tout ça c'est que je n'étais même pas sûre de l'aimer en retour. Ce sentiment était flou pour moi. Je tenais à Ilyas plus qu'à n'importe qui, il était vital pour moi, mais est-ce que ça signifiait que je l'aimai ? Je ne savais pas. Il m'en avait fait voir de toutes les couleurs, j'avais pleuré, ris, souris, puis encore pleuré, puis j'avais hurlé, et au final il n'avait jamais disparu. Peu importe ce que je pouvais faire, il était resté même quand je lui avais hurlé de partir. Il m'aimait.
Et moi, j'étais incapable de mettre des mots sur mes sentiments. Ilyas avait toujours été plus doué à ce jeu là que moi. Il avait toujours une petite phrase pour me mettre mal à l'aise et pour me faire comprendre qu'il tenait à moi plus que de raison. Il avait toujours été le plus investi de nous deux, il ne m'avait pratiquement j'avais crié dessus, en fait jamais, il ne s'était énervé que légèrement.
Tous mes souvenirs remontaient comme des bouts de bois flottant à la surface de l'eau.
La première fois qu'il avait fait un pas vers moi, c'était quand il m'avait promis de m'aider, promesse qu'il avait tenu. La première fois qu'il m'avait surprise c'était lors d'une conversation sur la plage près de la maison, je me souvenais encore très distinctement de ce qu'il avait dit, en parlant de la compagnie d'Odile. La tienne est plus plaisante. La deuxième fois qu'il m'avait complimenté avait aussi été l'une des premières fois où j'avais pu le voir gêné. Il faut dire que cette robe te va plutôt bien. Plus que bien, tu es magnifique. Étonnamment ce n'était pas la première fois qu'il me faisait perdre l'usage de la parole.
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Dark (Terminé)
Teen FictionDès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...