Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
La salle de réception ne m'avait jamais parue aussi scintillante, les fleurs sublimaient chaque partie de la pièce, les lustres avaient été soigneusement nettoyés et les pierres translucides brillaient d'autant plus sous les dernières lueurs du soleil. Afin d'ajouter une note d'extravagance, de petites fontaines étaient disposées partout dans la salle, mais je me félicitais tout de même d'avoir su garder un environnement sobre, du moins, plus que d'habitude.
Les grandes portes avaient été ouvertes, je me tenais à leurs extrémités occupée à cocher, sur ma liste, le nom des arrivants. Mes yeux ne quittaient presque pas la feuille tant j'étais concentrée, ou bien fatiguée, je ne saurais le dire. Le travail s'était accumulé depuis ce matin, une fête à superviser n'était pas un petit détail à négliger. Sans oublier que Véronique m'avait forcée à bien m'habiller, je n'avais pas compris pourquoi, en règle générale cela n'avait aucune importance. J'étais donc habillée d'une petite robe noire que j'avais détestée dès que je m'en étais vêtue. Leïa, gentille comme elle était, m'en avait prêté une.
Les rires exaspérants de mes demis sœurs me tirèrent de ma rêverie, toutes deux s'étaient âpretés avec soin, particulièrement Odile, vêtue d'une parure de diamants faisant étinceler son cou, d'une robe satinée aux couleurs aquatiques qui je l'avouais lui allait à la perfection. Sa peau pâle paraissait maquillée, et c'était très réussi. Son visage brillant était entouré d'une masse de cheveux bouclés. Mon égo en prenait un coup, mais elle était sublime. Avant de disparaître dans l'immensité de la foule, elle me jeta un regard plus dédaigneux encore que tous ceux qu'elle avait pu me laisser entrevoir.
Voyant que ma liste était remplie, je m'apprêtai à fermer les portes mais l'arrivée d'Ilyas me coupa dans mon élan. Sa manière de s'habiller n'était pas différente d'ordinaire, et encore une fois je m'extasiai sur le fait qu'il était d'une beauté injuste. D'une démarche assurée, il pénétra à l'intérieur sans me lancer un regard. La froideur qui émanait de lui me rappela que je ne lui avais pas adressé la parole depuis hier.
À vrai dire, nous étions en froid depuis un peu plus longtemps, depuis plusieurs jours déjà et je ne savais pas trop pourquoi. Personnellement, j'avouai que l'idée qu'il passait tout son temps avec Odile m'énervait un peu, surtout qu'à cause de cela je ne le voyais presque jamais. Et les préparatifs pour la fête de ce soir avec Tommy m'avaient laissé encore moins de temps, donc on se croisait peu et nos échanges étaient plutôt tendus.
Seulement hier, quand il avait débarqué alors que j'étais avec Tommy, les choses avaient changées. L'impression d'avoir commis une faute sans vraiment l'avoir fait m'avait taraudée l'esprit toute la nuit. Pourtant ce n'était pas le cas, j'avais profité de cet instant pour m'échapper de l'emprise de Tommy et je n'avais adressé la parole à aucun des deux. J'aurais dû m'en satisfaire, d'un côté si Ilyas ne faisait plus attention à moi c'était aussi bien pour lui et son job que pour moi qui tenait un minimum à ma vie. L'opposition étant mon cœur qui s'évertuait à prendre de la place sans mon consentement, une partie de mon être ne s'y faisait pas, une partie de moi espérait renouer les liens. Essayer de la faire taire ne fonctionnait qu'à moitié, la présence d'Ilyas avait déjà une emprise considérable sur mon quotidien. Je m'en voulais de m'être ouverte si facilement et de m'être attachée, je refusais de souffrir, de souffrir comme j'avais souffert avec Tommy.
