Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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Seule dans la maison, je profitais de l'eau qui m'entourait. La semaine était passée très vite et après l'incident de lundi, je n'avais plus été confrontée, ni à James, ni aux autres, et tant mieux pour moi. Une semaine de repos durant laquelle mes cicatrices avaient bien entamé le processus de guérison. Mais j'attendais à présent les représailles, et j'étais certaine qu'il y en aurait. Restait à savoir quand elles tomberaient.
Pour le moment ils avaient tous quitté la maison, encore, et je profitais de ce dimanche après midi comme il se devait en nageant dans la piscine au lieu de faire le ménage, comme prévu. Je n'étais plus à une punition près alors tant qu'à faire autant profiter à fond. Depuis quelques temps, je n'en faisais vraiment qu'à ma tête.
Nager me permettait de me vider la tête. Dégoulinante d'eau je m'assis sur le rebord de la piscine et je laissai mes pieds effleurer la surface lisse quand un bruit sourd me parvint de l'étage. Je me redressai vivement en tendant une oreille, curieuse de savoir qui était revenu alors que personne n'était censé rentrer avant ce soir. Rapidement j'enfilai mes vêtements et j'essayai de sécher un peu mes cheveux, ce ne fut pas un franc succès puisqu'ils dégoulinaient encore quand j'arrivai dans le hall d'entrée.
Ébahie devant le spectacle qui s'offrait à moi je restai figée. Adossé à la porte d'entrée, Ilyas pressait sa main contre son costume couvert de sang. Vu la grimace qu'il affichait, ce n'était pas de la comédie, il devait vraiment être blessé. Adieu l'après midi de rêve. Je m'avançai prudemment vers lui et lorsqu'il me vit, il osa un sourire :
- Tu pourrais m'aider à monter ?
Sa voix pleine d'innocence fit mouche à mon oreille. Il voulait peut-être cacher la raison pour laquelle il était couvert de sang et à moitié agonisant dans mon entrée. Il ferait mieux d'avoir une explication plausible parce que je ne comptais pas me montrer clémente avec lui.
Considérant que je n'avais pas d'autres choix que de l'aider, je plaçai une main peu rassurée sur sa taille et je passai son bras par dessus mon épaule pour l'aider à avancer. Il réprima difficilement un grognement quand je l'embarquai dans les escaliers. J'aurais pu le laisser agoniser dans l'entrée mais j'aurais dû nettoyer son cadavre par la suite alors ce n'était pas vraiment une idée brillante.
- Qu'est-ce-que tu as fait ? demandai-je en traversant les couloirs jusqu'à sa chambre.
- J'ai pris une balle, avoua-t-il en grimaçant.
Une balle ? Est ce que j'étais en face d'un tueur ? Il se pourrait peut-être bien qu'Ilyas soit un truand, comme je m'y attendais. Depuis le début, il y avait quelque chose qui n'était pas clair chez lui.
- Pourquoi ? le questionnai-je en le faisant asseoir sur son lit.
