Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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Depuis plusieurs heures j'étais assise sur une chaise face à un miroir qui ne renvoyait aucune image puisqu'il était recouvert d'un fin tissu blanc. Leïa appliquait encore des tas de produits dont je ne connaissais pas l'utilité sur mon visage. Je devais dire qu'elle avait été extrêmement compréhensive. Quand Ilyas avait réalisé qu'elle avait absolument tout entendu il n'était pas particulièrement ravi, cela pouvait compromettre sa mission. Pourtant elle n'avait rien dit, pas bronché une seule fois quand je lui avais expliqué toute la situation. Je lui avais tout dit, absolument tout, de mon père jusqu'à Ilyas. Et même maintenant qu'elle était au courant, elle ne m'en tenait pas rigueur.
Avec l'accord d'Ilyas, je lui avais expliqué que nous devions assister à un sommet important et que j'avais besoin d'aide, avoir besoin d'aide était même un euphémisme vu mon incapacité totale à me préparer à une soirée de ce genre. Mais la boxeuse avait l'air ravie de m'aider alors je m'étais laissée faire.
- J'ai fini ! s'exclama cette dernière.
Elle s'empressa d'enlever le tissu du miroir et je pus y découvrir mon reflet. J'étais...méconnaissable, mes cheveux ne m'avaient jamais paru aussi brillants, ils étaient remontés en un chignon bas qui laissait quelques mèches s'échapper. Ils avaient perdu leur teinte terne habituelle, de même que mes yeux, ils étaient éclatants. Mon visage était recouvert de maquillage mais ce n'était pas déplaisant, juste nouveau. Si je ne savais pas que c'était moi je ne me serais jamais reconnue. Leïa s'était visiblement amusée, mes paupières étaient couvertes de far à paupières doré, mes lèvres recouvertes d'un gloss transparent, mes joues brillaient et le trait d'eye liner qu'elle m'avait fait était parfait.
J'avais enfilé une robe noire, sur les conseils de mon amie, qui avait longuement insisté sur le fait que je devais passer inaperçue si l'on était en mission, donc aucune couleur n'était tolérée. J'avais tout de même refusé les talons, premièrement parce que j'étais incapable de marcher avec et ensuite parce que cela n'aurait pas été pratique. Des ballerines étaient bien mieux.
La sonnerie qui retentit m'arracha à ma contemplation, j'entendis Leïa ouvrir et deux voix se s'élevèrent dans la pièce. Je m'aventurai jusqu'à la porte où mon amie discutait de la soirée si je comprenais bien, avec Ilyas. Le voir vêtu d'un costume me faisait toujours un effet étrange, il semblait plus sérieux, plus dans son rôle, mais bien plus séduisant aussi. Quand il posa les yeux sur moi, j'esquissai un sourire gêné, pourtant je n'avais pas à l'être. Son regard me détailla sans filtre, cette insistance me fit détourner les yeux sur Leïa qui nous observait attentivement.
- Pas de bêtises hein ? dit-elle plus comme si c'était un ordre qu'autre chose.
Le rire grave d'Ilyas résonna dans l'entrée de mon amie alors que je sentis mon regard dévier sur lui naturellement.
- Ne t'inquiète pas, la rassura-t-il. Je veille sur elle.
Leïa parut peu confiante, son visage se fendit en un sourire malin.
