Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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Cette soirée allait être la chose la plus étrange que je n'avais jamais faite, et les raisons étaient nombreuses. D'abord, je n'avais jamais dîner avec ma mère, c'était une première, ensuite ça n'allait pas être un dîner comme j'en avais l'habitude depuis que j'étais en Angleterre. Nous avions mis les petits plats dans les grands, ça allait être un service complet. Ensuite, cela s'apparentait à quelque chose de bizarre parce que je serai en présence de ma mère et d'Ilyas. Pour finir, ce dîner était normal, un repas comme on en aurait fait dans une famille normal. Rien n'était logique et pour moi c'était flippant.
J'avais mis la table comme j'avais appris à le faire en Australie mais avec la vaisselle d'Ilyas qui n'avait rien d'exceptionnelle comparée à ce que j'avais pu voir ailleurs. La nuit était tombée ce qui donnait un air tamisé à la pièce, et la table se situait juste devant les grandes baies, on pouvait alors observer la ville et ses lumières.
- Qu'est-ce que tu as pris ? demandai-je à Ilyas quand il revint de la boulangerie.
- Hum, je me suis dit que si tu aimais l'apple pie à la vanille, ta mère aussi donc j'ai pris ça, répondit-il en déposant le gâteau dans le frigo.
Dans tous les cas, je me régalerai avec le dessert, j'étais dingue de ce gâteau. Exactement comme Leïa l'était avec le coca. Ilyas disparut dans sa chambre pour se changer, dehors il pleuvait encore des cordes. Ce temps était vraiment mon préféré, rien ne pouvait me faire plus plaisir que de voir des litres d'eaux tomber du ciel.
Quand la sonnette retentit, je fus déstabilisée un instant avant de me diriger vers la porte d'entrée. Au fond de moi j'étais nerveuse mais je ne saurais expliquer pourquoi. J'ouvris la porte rapidement, et souris quand j'aperçus Maman munit d'une bouteille de jus de fruits et d'un parapluie aussi grand que la porte.
Nous avons échangé quelques salutations avant que je ne la laisse entrer à l'intérieur et qu'Ilyas apparaisse comme une fleur :
- Bonsoir madame B...
- Appelle moi Irina, le coupa ma mère avec un sourire franc. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'on se rencontre.
Il hocha la tête et afficha un sourire aussi confiant que ma mère. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils se ressemblent autant mais il fallait croire que c'était du à la formation qu'ils avaient reçu à OMRI. Sans attendre nous nous étions installés à table, Ilyas et moi étions l'un à côté de l'autre, et ma mère en face de nous.
Dès que nous fûmes assis, maman et Ilyas commencèrent à parler de tout et n'importe quoi, c'était à la limite de se demander s'ils n'étaient pas de vieilles connaissances qui venaient tout juste de se retrouver. Je n'étais pas mécontente qu'ils s'entendent bien mais justement, je ne pensais pas que le feeling passerait aussi bien. Puisqu'ils étaient plongés dans leur discussion, je me rendis dans la cuisine, en continuant de leur jeter un bref coup d'oeil. Les entrées avaient été choisi par Ilyas, je ne savais pas pourquoi mais il gardait toujours des coquilles saint Jacques dans son congélateur. Je les fis roussir à la poêle, l'odeur était divine.
