Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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Nous étions cinq autour de cette table, à présent remplie de paperasse. La lumière du jour s'était éteinte et pourtant les discussions n'en finissaient plus. Je tombais de fatigue mais mon esprit se devait de suivre. Les garçons parlaient sans cesse, dérivant d'une idée à l'autre, rebondissant sur les arguments et les nouvelles informations apportées. Leïa les écoutait attentivement mais je percevais clairement qu'elle commençait à s'impatienter, autant que moi.
- Vous pouvez vous taire deux secondes ? intervint subitement l'hôte de l'appartement.
Tous trois se tournèrent vers elle, elle parut satisfaite de son intervention et soupira d'aise avant de s'adresser à Ilyas :
- Concrètement, qu'est-ce qui serait le plus judicieux à faire pour ne pas renoncer à toute l'enquête ?
- La meilleure idée serait de rentrer au QG à Londres pour en discuter avec nos supérieurs, déclara Jay.
La blonde le fusilla du regard avant de lui faire remarquer qu'elle ne s'adressait pas à lui. Le principal concerné ne pipait pas un mot, il semblait réfléchir à la question.
- Le mieux c'est de rester ici, relança Lee.
- Je ne suis pas d'accord, objecta Jay en fronçant les sourcils.
- Jay a raison.
Sa voix fit taire tout le monde.
- Il a raison mais je ne suis pas d'accord non plus pour y aller. Je pense qu'avant de se rendre là-bas on devrait récupérer le disque dur, le craquer, et voir si on apporte les infos à Londres ou pas.
En l'observant intensément j'eus la sensation qu'il n'était pas le moins du monde emballé par l'idée de rentrer à Londres, pourtant il s'y projetait quand même.
- Je marche, dit Lee avec un hochement de tête.
- Quoi ? s'exclama Jay. Tu voudrais cacher des informations au QG ?
La barre sur son front s'était accentuée.
- Oui, admit Ilyas. Tu sais aussi bien que moi que même à OMRI il y a potentiellement des traitres ou des espions, on ne peut pas prendre ce risque.
Jay abdiqua.
- Ok, mais demain on craque ce disque dur.
- Avec plaisir ! S'enjoua Lee.
Le visage au creux de ma main, je les écoutais planifier la journée de demain d'une oreille distraite. Leïa indiqua qu'il n'y avait qu'une chambre pour Lee et Jay et que s'ils ne voulaient pas dormir ensemble, l'un d'eux devrait se contenter du canapé. Lee s'empressa de prendre la chambre, sans grande surprise. Plus je le voyais et plus j'avais l'impression d'avoir un enfant face à moi, un enfant tête brulée, sûrement têtu comme une mule et toujours au devant du danger mais un enfant quand même.
