Dès ma plus tendre enfance, j'ai compris la définition du mot survivre. J'ai appris à vivre dans l'ombre des autres, l'ombre de cette famille. Un jour j'ai arrêté de compter les fois où j'avais été marqué au fer rouge parce que cela n'avait plus auc...
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Le déjeuner était définitivement mon moment préféré de la journée, la seule heure de répit qu'on m'accordait et bien sûr l'heure à laquelle je pouvais enfin reprendre des forces. Avec Jay, si je ne mangeai pas comme un glouton, j'étais certaine de tomber par terre une heure après la reprise de notre entrainement. Et pour cause, nous en étions à la sixième semaine, il ne restait plus qu'une dizaine de jours avant l'opération. Alors Jay avait mis les gazes.
Cette semaine, on travaillait sur la manipulation de tous types d'armes. Des armes à feux, aux couteaux, ou grenades, ou encore des super mini gadgets. Mais tout ça, en simulation d'opération. En fait, après m'avoir appris à me battre, disons que même si je n'étais pas super douée, je me débrouillais bien, nous étions passés à ça. Tous les jours, j'enfilai la tenue que j'aurais le jour j, je possédai les mêmes armes, et le bâtiment dans lequel j'entrais était très ressemblant à celui de SOF. Je passais des heures à me perfectionner dans les simulations avec Jay, en espérant être prête pour le jour de l'opération.
Je me remplissais le ventre à vitesse grand V tant j'avais faim. J'avais rarement aussi faim mais depuis que Jay s'évertuait à me fatiguer à chaque heure de la journée, je mangeais beaucoup plus. Notre table était plongée dans le silence le plus complet jusqu'à ce que Lee et son acolyte débarquent comme des maboules à notre table. Je jetai un coup d'oeil à Jay qui roulait des yeux avant même que l'un des deux n'aient ouvert la bouche.
- Vous saviez que la cafétéria ne vend plus de bouteille de coca XXL ? nous demanda Leïa qui paraissait vraiment contrariée.
Lee pouffa en s'installant à côté de moi. Il y avait de quoi rire, c'était comme si on lui avait annoncé la fin du monde. Et sa bouteille de cinquante centilitre me faisait un peu de la peine.
- Peut-être parce que c'est tellement sucré qu'on risque un infarctus à chaque gorgée, railla Jay en avalant une bouchée de riz.
- Monsieur rabat-joie le retour, pesta Leïa en fronçant les sourcils. Vous savez quoi, je vais aller me plaindre en cuisine !
- Comme s'ils avaient besoin d'une chieuse dans leurs pattes, souffla Jay.
La boxeuse, déjà trop loin, ne l'avait pas entendu. Sa silhouette finit par disparaitre dans la foule et nous nous retrouvâmes à trois autour de la table. J'étais d'humeur curieuse, alors je sautai sur l'occasion. Nous étions sans Leïa, c'était le moment idéal.
- Comment se passe votre cohabitation ? questionnai-je Jay, l'air de rien.
Lee à côté de moi a compris immédiatement mon stratagème. La relation qu'entretenait Jay et mon amie était étrange, dans le sens où ils se lançaient constamment des piques, et ce n'était pas dans la nature de Jay. Mais la boxeuse lui tapait vraiment sur le système, l'inverse était aussi vrai. Alors j'étais très curieuse de savoir comment cela se passait entre eux, et je crois que Lee aussi.
