Chapitre 38: Sa copine

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Ma réflexion sur mes sentiments pour Antoine tourne en boucle dans ma tête depuis tout à l'heure et c'est horrible. Ça devient insupportable de pas savoir ce que lui pense. Depuis le début de notre pseudo relation, on n'a jamais parlé sérieusement de ça. Ça commence à me démanger, mais je ne veux ni le faire fuir ni me faire fuir moi-même.

Je soupire et m'allonge dans le lit, puis, rapidement, je me rends compte que la position allongée ne me va pas. Je sais que le regard d'Antoine est posé sur moi, je n'y prête pas attention et vais chercher ses clefs de bagnole.

-Tu fous quoi ? Demande-t-il.
-Commences pas, je vais pas t'abandonner dans ce trou, je vais juste chercher ma planche.

Je sors de la chambre sous le ricanement d'Antoine, j'ai besoin de prendre l'air. Mais, malheureusement, il me suit. Moi qui voulait parler de tout ça à quelqu'un, j'avais plutôt en tête d'appeler Noah ou Yassine, mais visiblement je vais devoir lui en parler maintenant. Dans tous les cas, on doit en parler, je n'en peux plus.

Une fois qu'on a tous les deux récupéré nos planches, je m'assois en tailleur sur la mienne et m'allume une cigarette. Odeur de déjà vu, au retour de Rome. Quand il m'avait déjà à moitié avoué qu'il commençait à bien m'aimer. Un sourire en coin s'affiche sur mon visage pendant qu'Antoine s'assoit également sur sa planche.

-Antoine... Je pense qu'il faut qu'on parle.

Sa tête se relève d'un coup, son regard a changé. Je ne lis plus rien en lui, il s'est comme refermé d'un coup. Son pied commence à s'agiter comme s'il était stressé.

-Trop de questions fusent dans ma tête.
-Dis.
-Je... Tu ? On est...
-En français ?
-Je... Je soupire. Je suis perdue.
-On est à Montpellier.
-Antoine... Je suis sérieuse là.
-Dis-moi. Même si ça doit me blesser, tant pis.

Je fronce les sourcils, qu'est-ce qu'il va s'imaginer lui ? Pourquoi je le blesserai ?

-J'ai pas l'intention de te blesser qu'est-ce que tu racontes ?
-Le « faut qu'on parle » c'est dangereux.
-C'était pas de ce sens là que je l'utilisais, c'était l'autre.
-Oh... T'as l'intention d'étaler à quel point t'es folle de moi ?
-Arrêtes de prendre ça à la légère, je suis paumée. On n'a jamais parlé sérieusement de ça.

Il me regarde en souriant, qu'est-ce que ça veut dire ? Ma tête va exploser bordel.

-En quoi t'es perdue ? Pour moi tout est clair. Je t'emmène dans le sud comme ça sur un coup de tête en mettant des plans à mon meilleur pote et aux gens avec qui je devais travailler, tout ça pour la deuxième fois.
-Ça c'est juste parce que t'es aussi fou que moi.
-En partie. Il sourit. La seule chose qui n'est pas claire, c'est l'étiquette qu'on donne à notre relation. Alors si tu veux qu'on dise aux gens qu'on est ensemble, c'est clairement pas un problème pour moi. Ça ne changera pas de ce qu'on est maintenant, je te colle au cul depuis 8 mois.

J'éclate de rire avant de plonger mon regard dans le sien. Tout parait si simple vu par lui. Il a raison, ça fait au moins six mois qu'on passe tout notre temps ensemble en tant qu' « amis avec un peu plus », on peut clairement upgrade l'étiquette maintenant. Et puis, au final, ce n'est vraiment qu'une question d'étiquette.

-Je suis vraiment con de me poser autant de questions pour de la merde.
-Donc nous... C'est de la merde ? Demande-t-il un sourire narquois aux lèvres.
-Ta gueule tu m'as compris.
-Sarah, tu veux être ma copine ?

Un sourire idiot se trace sur mes lèvres, quel petit con. Je m'assois sur ses jambes en prenant soin de ne pas le faire tomber. On se retrouve à deux assis sur un skate comme deux ados. Je pose mes mains sur ses joues et fais toucher le bout de nos nez.

Beau la folieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant