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24 Mai 2014

Depuis notre retour sur Paris j'ai pas bougé de la chambre de bonne, laissant Ken vaquer à ses occupations ou plutôt à son travail et ses rendez-vous quotidien. Alors que moi je faisais rien. Je broyais du noir, c'est tout. Descendre du nuage sur lequel j'étais à Cannes avec les mecs à en réalité été comme une énorme claque dans mon fasciés.

J'ai plus de famille.

Ce qui me fait réaliser que tout le monde est de passage dans notre vie. Même nos parents et nos frères et soeurs de sang. Ils finissent toujours par disparaître. Pour des histoires bêtes de famille, par la mort qui les emporte ou encore pour x ou y raisons bien différentes les unes des autres. Cela me fait me dire, non pas que l'envie de renié avec ceux qui m'ont justement reniée est présente : juste je me rends compte que les mecs aussi vont un jour disparaître de ma vie.

Au final on est toujours seule. Ou du moins on finit toujours par l'être. Même si on le reste pas longtemps. Par devoir se débrouiller seule pour plusieurs raisons différentes, alors je pense que je me mets à l'écart de tout en ce moment pour apprendre à être seule.

Mais bon; je ne le suis pas, alors je peux pas apprendre à vivre seule.

Ken est constamment sur mon dos.

Et je sais que c'est pour mon bien, je l'ai toujours bien vécu même si j'étais un peu blasée quelques fois, mais lors de ces derniers jours : ça m'as pas mal énervée. Il comprend pas que j'ai besoin de m'auto analyser et de prendre du temps pour juste penser. Alors il me forçait à aller à la douche, à manger, à regarder des films : mais Dieu merci il n'a pas encore eut la fabuleuse idée de faire sortir mon centre de gravité de cette chambre de bonne.

Mais vu le regard qu'il me lance en rentrant dans notre fabuleux appartement Parisien qui fait rêver (ironie quand tu nous tiens) et qu'il garde sa veste ainsi que ses baskets aux pieds. Je sais que mon heure est malheureusement arrivée.

-Bon aller bouge les mecs nous attendent s'exclame t-il un grand sourire sur les lips en tapant dans ses mains pour attirer mon attention

-Je t'ai déjà dis que je veux pas sortir, laisse moi soufflais-je agacée de son comportement en me retournant dans le lit, me glissant du côté où il a l'habitude de dormir en remontant la couverture jusqu'à mon visage, me cachant du mieux que je peux, lui donnant maintenant vue sur mon dos

Il soupire, sûrement exaspéré par mon comportement enfantin puis il vient s'allonger à son tour, mais cette fois à ma place. Je reconnais ses mouvements grâce aux bruits qu'il fait et grâce au matelas qui s'est légèrement affaisser sous son poids. D'ailleurs le bruit qu'il a produit me fait me questionner sur le fait qu'il ait enlevé ses sneakers avant de poser ses pieds sur le lit ou non. Les bruitages me font me dire que ce n'est pas le cas, ce qui m'étonne comme il est plutôt strict sur cette règle : pas de chaussures sur le lit.

C'est d'ailleurs la première règle de vie qu'il m'a donné quand je lui ai demandé lesquelles lui tenaient le plus à coeur et auxquelles il voulait absolument que je me plie. Mais selon lui il n'est pas manique, simplement bien plus ordonné que moi. Excusez moi d'en douter mais bon.

La seule chose qu'il a de plus ordonné que moi c'est son esprit; si je peux me permettre. Et encore.
Quand je tombe sur des textes qu'il écrit pour son premier album quand je range notre espace de vie je me dis toujours que c'est inquiétant. Son état d'esprit et par où il est passé. Le pire c'est quand il parle de suicide et d'état dépressif. J'ai l'impression de pas connaître ce Ken. Comme si je connaissais que la belle façade d'une villa bien entretenue de cet être qui, faut croire, renferme bien des secrets dans sa cave.

De L'autre Côté [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant