Chapitre 16

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Une douce lueur violacée éclairait les plaines désertiques, avec les quelques végétations présentes en ce début de matinée. Non loin des routes sèches, Seth, Tiamat, Ninkigu et Ningishzida se préparaient à reprendre leur parcours. Un jour s’était écoulé depuis leur départ d’Adab, durant lequel ils n’avaient croisé aucun ennemi, cela semblant être de bon présage.

« Il nous reste encore combien de temps ? demanda Seth, en montant sur leur cheval.
— Trois à quatre jour. répondit Tiamat, en montant derrière lui. »

Tandis qu’ils reprirent la route, l’égyptien espérait qu’il y aurait un minimum d’action durant ces quelques jours, n’aimant pas une tranquillité totale. Et encore moins depuis qu’il avait repris goût au combat. Le groupe profita de la douce brise matinale pour parcourir le plus de chemin possible avant la montée de chaleur.

En Égypte, le palais royal était plutôt calme, et encore plus en l’absence de Seth. Horus était perdu dans la pile de papyrus déposée sur son bureau, tandis que sa mère s’occupait de fabriquer de nouveaux remèdes, ainsi que des élixirs. Nephtys, elle, discutait avec Nout tout en s’occupant de ranger tous les arrivages servant à Anubis pour les cérémonies de momification. En parlant du dieu chacal, ce dernier se baladait dans les rues silencieuses de Memphis. Il était accompagné de Sekhmet, avec qui il parlait tout en profitant de la fraîcheur du matin. La déesse lionne avait de longs cheveux blonds cuivrés, la peau presque rouge avec des taches de rousseur sur les joues, faisant ressortir ses yeux félins d’un doré magnifique. Elle portait une paire de grandes boucles d’oreilles en anneaux, auxquels était attaché un long et fin tissu aux motifs rouges, blancs avec une broderie dorée. Un collier avec des crocs animal ornait son cou, par-dessus un haut rouge sans manches avec un petit col, qui s’arrêtait sous sa forte poitrine. Soutenu par une ceinture en or, un drap de couleur rouge avec des motifs dorés brodés faisait office de bas, avec des séparations sur les cuisses de couleur blanche jaunâtre, descendant jusqu’à ses chevilles. Par ailleurs, le corps et le visage de la déesse lui donnaient à la fois une allure très féminine, mais également de combattante avec des abdos et muscles qui ressortaient légèrement, tout comme les traits de son visage légèrement buriné.

« Va falloir que t’arrête de te faire marcher sur les pieds, Anubis. lança-t-elle, au cours de leur conversation.
— J’essaye… Mais il faut croire que je n’ai pas la personnalité pour…
— Apprends à te rebeller. insista la lionne.
— Plus facile à dire qu’à faire, Sekhmet. se plaignit Anubis. »

Après ça, le dieu chacal poussa un long soupir bien monotone. De quoi pouvaient-ils bien parler ? Eh bien, après le jugement de Seth le réduisant à l’exil, un groupe de divinité a commencé à le persécuter. Ils se moquaient de lui, le rabaissait, l’humiliait devant eux, et l’insultait. Mais en réalité, ces persécutions avaient commencé bien avant, sauf que ce n’était pas régulier. Et ceci, depuis que sa « mère », Nepthys, s’était vantée d’avoir eu un enfant avec Osiris. Oui, « mère », puisqu’Anubis ne l’avait jamais considérée comme telle. Et puis, Osiris était-il réellement son père ? Nepthtys ne s’était jamais occupée de lui. Isis, elle oui. Elle l’avait élevé à sa place, et Seth s’était également occupé de lui. Alors qu’il savait comment il était né… Mais alors qu’il était dans ses pensées, une main vint brusquement taper son dos, le faisant sursauter.
« Allez, courage ! »
Sekhmet lui fit un sourire d’encouragement, bien que le jeune dieu ait failli tomber en avant, au vu de la force que possédait son amie. Il se contenta de lui lancer un bref sourire, avant de se diriger vers le palais en sa compagnie.

Sur la route de Sharrakoum, le soleil était désormais haut dans le ciel. Les quatre voyageurs avaient fait une halte près d’un oasis afin de s’hydrater et de manger.

« Le trajet est plutôt calme, quand même. fit Ningishzida.
— Un peu trop même… Quelque chose se prépare. rajouta Ninkigu.
— Personnellement je ne serais pas contre une attaque. lança Seth.
— Tu y as déjà pris goût ? intervint Tiamat, peu motivée à combattre.
— Ben ouais. répondit simplement le concerné.
— T’inquiète pas, Seth, t’es pas le seul à qui ça manque. Sourit Ninkigu. »

Le silence s’installa peu après, les laissant manger tranquillement. Une fois rassasiés, ils décidèrent de rester encore un peu sur place afin de digérer le temps que la chaleur redescende. L’égyptien et le draconien prirent la décision de faire une sieste à l’ombre, pour profiter de cette tranquillité qui accompagnait cette forte température. Après tout, les dieux relatifs au désert sont habitués à la chaleur et l’apprécient. Il en va de même pour les dragons et draconiens, plus particulièrement ceux ayant un pouvoir lié.
« Est-ce vraiment le moment de faire une sieste ? demanda Tiamat, peu sereine.
— Ne t’inquiète pas Tiamat. Voyager autant est fatiguant, et encore plus avec cette chaleur. Et puis, même si Seth dort, Ninkigu ne peut pas dormir, donc tout va bien. la rassura Ningishzida.
— Hein !? s’exclama-t-elle.
— Crie pas Tiamat… »
La jeune femme se retourna vers Ninkigu, qui venait de se plaindre, les yeux fermés avec les bras croisés sous sa tête, tout comme le dieu du chaos, qui semblait déjà assoupi. La déesse s’excusa et regarda de nouveau le portier qui reprit la parole.
« Les dragons et draconiens sont incapables de dormir.
— Mais pourtant… commença Tiamat.
— Ils adoptent juste un « ralentissement » de leur système vital. De ce fait, leur pouls ralentit, et leur cerveau se met en une sorte d’arrêt, laissant croire qu’ils dorment. expliqua Ningishzida.
— Oh… Je vois… »

Tiamat vit un bref instant l’oreille de Ninkigu bouger un peu, laissant comprendre qu’il avait bien entendu. Ceci étonnait fortement la jeune femme… Elle ignorait cette particularité des dragons ou draconiens. Son frère avait-il un fonctionnement similaire ? Enfin… Cela n’avait pas réellement d’importance. Le temps passa donc tranquillement, environ deux à trois heures environ s’écoulèrent durant lesquelles Tiamat et Ningishzida montèrent la garde. Puis tout à coup, Seth se redressa, l’air d’avoir tous ses sens en alertes.

« Ils sont là. lâcha-t-il, empoignant une dague. »

La déesse et le portier attrapèrent leur arme aussitôt, tous deux étonnés de la rapidité de détection de l’égyptien. Au même instant, deux chimères jaillirent hors des broussailles. La jeune femme allait se défendre, mais l’une des deux créatures se fit éjecter quelques mètres plus loin. Ninkigu qui était encore allongé à l’ombre il y a quelques secondes, venait d’attaquer la créature avec un coup de pied. Ses pieds, jambes, mains et bras étaient recouvert d’écailles rouges, tandis qu’une paire de corne ornait son front. Le jeune dragon sourit à la déesse, avant de changer d’expression.

« Derrière toi, Tiamat ! s’exclama-t-il, hâtivement »

La concernée se retourna aussitôt, avant de voir une troisième chimère. Elle s’empressa de faire tournoyer sa lance à la diagonale, parant le coup de patte avant de la trancher. La créature poussa un rugissement de douleur, laissant son sang couler à flot de sa patte sectionnée. Du côté de l’égyptien, il avait coupé une patte arrière à son adversaire, et sa queue, le déséquilibrant énormément. La chimère enragée tentait désespérément de lui mettre des coups de pattes, en vain. Finalement Seth l’acheva. Ningishzida, lui, restait en retrait, n’étant pas adapté au combat, tandis que le draconien faisait un combat de force avec la créature qu’il avait fait valser. Tiamat s’occupait d’esquiver une attaque de patte manquante de son adversaire. Puis elle sauta pour lui planter sa lame dans son crâne, avant d’obliger la créature à se coucher dans un couinement. La jeune femme était plutôt surprise de constater l’incroyable solidité, et l’aiguisage de son arme ! Mais alors qu’elle était dans sa réflexion, Ninkigu commença à se lasser de son adversaire. Il prit donc une grande inspiration qui laissa voir ses poumons gonfler, avant de relâcher la totalité dans un torrent de flammes. La dernière chimère se le prit de plein fouet, dans un rugissement empli de souffrance, avant de s’écrouler, flambé.

« Pfiou ! Ils sont trop faibles. lança Ninkigu, d’un ton déçu.
— Oui. C’est même pas un échauffement. rajouta Seth.
— Mieux vaut qu’ils soient trop faible, que trop fort. fit Tiamat.
— Rabat joie ! »

Les deux compères avaient dit ceci d’un air boudeur, qui leur donnait une bouille adorable. Mais la déesse fit le choix de les ignorer malgré tout. Le groupe reprit donc la route, peu après.

De retour en Égypte, Anubis s’occupait de la momification des derniers morts. Une fois qu’il avait placé les organes vitaux dans les récipients correspondants, il assécha le corps avant de le bander. Un profond silence régnait dans la salle, accompagné du bruit des bandages. Tandis qu’il finissait le dernier mort, Horus pénétra dans la pièce.

« Salut, Anubis.
— Salut, Horus. répondit-il en terminant.
— Dit, tu serais partant pour venir à la chasse ? C’est pas intéressant seul.
— Horus… Je suis le gardien des morts. Je n’ai pas le droit de tuer.
— Je sais. Mais Sekhmet sera avec nous. Viens au moins pour qu’on puisse discuter. On n’a pas souvent l’occasion d’échanger depuis que je suis sur le trône. fit le jeune dieu. »

Anubis ne répondit pas mais n’en pensa pas moins : « Fallait pas t’acharner pour l’avoir si tu n’es pas satisfait. ». Mais le dieu chacal le suivit quand même. Ils se rendirent à la lisière de Memphis, là où Sekhmet les attendaient, déjà en selle.
« Contente que tu sois venu, Anubis ! Ça te changera les idées ! lança Sekhmet, enthousiaste.
— Hum. »

Horus et Anubis montèrent sur les deux autres chevaux.
« Direction les rives ? demanda le jeune dieu.
— Yep. J’ai jusqu’au coucher du soleil, les gars. répondit Sekhmet.
— C’est vrai que tu remplaces Seth le temps de son exil. se rappela Horus. »

Ils partirent tous les trois au galop, parcourant les routes avant de les quitter pour se rapprocher du Nil. Au cours du trajet, Horus demanda à son ami si ses trois harceleurs avaient encore refait des leurs, récemment.

« Ben comme d’hab’ quoi… répondit Anubis. Dès que je suis hors du palais, ils ramènent leur fraise.
— Ils sont encore venus t’emmerder aujourd’hui !? s’exclama Sekhmet, furieuse.
— Hum… Un peu après que tu sois partie, ce matin.
— Ils sont vraiment agaçants. pesta Horus. Tu devrais en parler à ma mère, elle saura leur donner une bonne leçon.
— Je n’en doute pas. Mais… J’aimerais me débrouiller. fit Anubis. »

Le dieu faucon avait un peu de mal à y croire, au vu de la personnalité trop calme et gentille d’Anubis. Mais il pouvait comprendre que son ami souhaite se débrouiller par lui-même. Sekhmet, elle, voulait égorger ces sales rats. À quoi pourrir le dieu chacal leur servait ? Peu de temps après, ils atteignirent les rives, où se trouvait un troupeau de gazelle. Horus empoigna son arc discrètement, une fois son cheval arrêté. La déesse lionne fit de même avec sa lance, avant de s’élancer au galop, accompagnée du jeune dieu. Le dieu faucon tira une volée de flèches avant que le troupeau ne réagisse, et en tua trois, tandis que Sekhmet abattait furtivement les gazelles qui s’enfuyaient. Horus en tua quatre autres, avant de laisser le reste du troupeau s’enfuir. Ils devaient éviter de tous les tuer, et seulement prendre la quantité qu’il leur fallait. Anubis les rejoignit pour les aider à poser sur leurs montures leurs trophées, après les avoir complimentés sur leur efficacité, laissant ses deux amis faire une mine pleine de fierté.

Lorsqu’ils arrivèrent au palais, la déesse lionne dut les laisser pour rejoindre Râ sur la barque solaire, la nuit tombant déjà.

« Tu restes dormir, Anubis ? proposa Horus en ramenant son cheval aux écuries.
— Non, je vais rentrer chez moi. Répondit simplement le concerné.
— Reste encore un peu au moins. Insista le jeune dieu.
— Désolé Horus, mais je suis fatigué en ce moment, une prochaine fois. »

Sur ces mots, le dieu chacal repartit hors de Memphis, sous le regard déçu de son ami. Le dieu faucon le considérait comme son frère, et l’appréciait énormément, mais avec son rôle, il lui était devenu difficile de passer du temps avec lui. Sans parler qu’Anubis semblait lui en vouloir…

De retour en Mésopotamie, le groupe s’était arrêté sur une zone rocheuse, afin d’y passer une nuit douce. Enfin, Seth et Ninkigu devront monter la garde pour une partie de la nuit, puisqu’ils avaient déjà pu se reposer dans la journée. Ayant déjà tous dîné, chacun était parti de son côté : Ningishzida s’était couché, Ninkigu était allé s’installer sur l’un des plus haut rocher, tout comme Seth, ce dernier étant rejoint par Tiamat. La jeune femme remarqua rapidement que son ami semblait soucieux.

« Quelque chose ne va pas, Seth ? questionna Tiamat.
— Je repense juste à notre petit séjour à Memphis.
— Ah ? »

La déesse vint s’assoir à côté de lui, en s’empêchant de glisser du rocher, à l’aide de ses pieds.

« C’est rare de te voir pensif. fit-elle.
— Hum…
— Quelque chose t’avait intrigué là-bas ?
— Oui. Anubis n’avait pas l’air comme d’habitude. Il ne semblait pas… Serein. J’avais pu avoir un petit échange avec lui le soir de notre arrivée, et… Il semblait soucieux. expliqua Seth.
— Il n’était pas juste inquiet pour toi ?
— Il l’était, mais je pense surtout qu’il s’est passé quelque chose durant mon absence. affirma-t-il.
— Tu veux retourner en Égypte pour être sûr ? demanda Tiamat.
— Pas besoin. S’il a besoin d’aide ou de soutien, Sekhmet et Isis sont là. »

Un silence s’installait peu après, durant lequel Seth poussa un petit soupir. Tandis que son amie laissait ses cheveux se faire bercer par la brise du soir.

« Je vais aller dormir. lança la jeune femme.
— Okay, bonne nuit. »

Seth sourit à la déesse, qui le lui rendit avant de se lever. Puis elle descendit du rocher pour aller se coucher contre leur cheval, laissant l’égyptien et le draconien monter la garde…

À suivre…

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Et voici le chapitre 16 ^^
Un chapitre plutôt tranquille, avec un petit combat histoire de montrée ce que valer Ninkigu ainsi que Tiamat. :)
Un petit retour sur l'Égypte pour parler un peu de ce chers Anubis. Comme ça vous vous dites peut-être que c'est pas vraiment utile, mais... Croyais moi, c'est très important pour la suite. Anubis me sers de mise en place d'un sujet TRÈS important. J'espère que vous apprécier la relation entre Sekhmet et Horus vis à vis d'Anubis,et inversement. ^^
Je profite également de ce chapitre pour vous parler un petit peu plus de l'une des particularités qu'on les dragons.

En espérant que ce chap vous est plus, je vous dit à dans deux semaines ! L'histoire va commencer à prendre une tournure particulière. ;)

Story of Chaos "the beginning" - Premier JetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant