Her Majesty (Terminé)

2Day(s) (2)

 Je n'ai jamais aimé Noël, enfin si, petite j'aimais bien la magie qu'il y avait autour, les repas de fêtes et la légèreté de la période. Mais dès que j'ai commencé à grandir, Noël est devenu beaucoup moins bien, il n'y avait pas vraiment de magie et mes parents me trouvaient trop grande pour aller jouer sur la plage avec mon frère et ma sœur. Au fur et à mesure du temps, mon opinion sur la fête s'est détériorée, quand je suis rentrée à l'internat, j'ai fini par trop associer la période à mes parents et au retour forcé dans mon village natal et donc à rien de positif.

Et maintenant, je regrette presque d'avoir boudé la période en étant adolescente, j'avais de bonnes raisons, mais tout de même, c'est quand même bête de prendre goût à Noël quand la seule famille avec laquelle tu peux le fêter, c'est ton frère, c'est un peu triste en plus. Ce n'est franchement pas très marrant de savoir que tous tes amis vont voir leurs proches, avoir plein de cadeaux et passer de bon moment, alors que toi, tu passes la soirée chez ton frère et voisin... Bon, c'était quand même bien, mais un peu triste sur les bords. Je préférerais presque que ce soit une fête moins familiale et que je puisse la passer, comme le Nouvel An, avec tous mes amis.

Mais cette année, je pense que je peux déclarer que c'était le réveillon le plus déprimant de ma vie. Déjà, j'ai encore la rage par rapport à Déborah, je suis aussi assez attristée par ce qui s'est passé, mais je suis principalement en colère, contre moi, contre elle, contre nous. Et en plus, il y avait beaucoup, beaucoup de flocons, genre vraiment beaucoup, presque soixante-dix centimètres le soir du vingt-quatre.

Parce que bon, c'est génial la neige, c'est Noël et tout et tout, mais quand ça nous empêche clairement de partir en voiture où que ce soit, c'est beaucoup moins cool. Surtout que ça a fait tomber à l'eau nos plans d'aller au restaurant et que ça nous a obligés de rester chez nous et manger ce que contiennent nos frigos respectifs, c'est-à-dire rien de festif. Je n'ai rien contre les hamburgers, mais c'est un peu triste quand même, ça a plombé encore plus l'ambiance de la soirée.

Heureusement pour nous, la neige commence à fondre après nous avoir bloqués quatre jours, ce qui est clairement une bonne chose vu que nous n'avions pas réellement anticipé, et que nos frigos commencent à être très vides. Aussi, nous ne nous doutions pas qu'il y aurait tant de poudreuse, encore moins qu'aucune chasse-neige ne passerait. Nous n'avions donc pas une réserve monstrueuse de nourriture et nous ne nous sommes pas non plus équipés pour enlever de la neige et bizarrement, ni Warren ni moi ne nous sentions d'enlever toute la poudreuse avec une malheureuse pelle sur plus de deux kilomètres... Nous aurions été intelligents, nous aurions pu nous ne douter que nous serions confrontés à ce genre de problème, après tout, nous sommes les seuls habitants au bout de cette route et le village n'existait même pas l'année dernière. Mais nous n'en sommes vraisemblablement pas intelligents.

Il commençait à vraiment falloir que la neige fonde à un moment ou un autre, sinon, je ne sais complètement pas ce que nous aurions fait. Pour l'instant, nous ne pouvons pas encore tout à fait rouler, mais nous sommes confiants, quand le jour se lèvera, il n'y aura plus que de l'eau.

En attendant, je me prépare, bien décidée à aller faire un tour en ville dès que possible, je n'en peux plus d'être enfermée entre ces quatre murs avec pour seule occupation la musique et mon frère. Ça a au moins eu l'avantage de nous avoir permis de bien prendre le temps de travailler sur nos futurs morceaux, c'est déjà bien. Bon, nous n'avons toujours pas réussi à finir Unpopular Song, alors que nous devons l'enregistrer dans moins d'un mois et que quand même ce serait assez idiot de ne pas l'inclure sur Why Not Jazz ? la musique qui nous a donné l'idée du nom de l'album. Mais ça, c'est un autre problème.

Dans tous les cas, malgré tous, j'ai besoin de prendre l'air et de me dégourdir les jambes, je n'en peux plus de seulement monter des escaliers et faire vingt mètres pour aller chez mon jumeau, même les batailles de boules de neige commencent à ne plus autant nous amuser.