Back To My Life (2)

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Je ne lui aurais sans doute pas posé la question, ça me paraissait presque évident même si c'est assez improbable à mes yeux, je me vois mal être mère... Surtout qu'aux yeux de la société ce ne sera jamais le cas. Et de toute manière, même si c'est assez étrange comme pensée, rien qu'un enfant de Déborah uniquement n'aurait déjà fait plaisir vu que c'est elle et que je l'aime plus que tout.

— Je te fais confiance pour ça. Et ça fait combien de temps ?

— À peu près cinq mois, je ne sais pas exactement quand, j'étais été un peu perturbé ces derniers temps, mais c'était sans doute au moment de notre première fois.

Je crois que je ne peux même pas vraiment imaginer le stress qu'elle a dû avoir en le découvrant... Je regrette presque de ne pas avoir été à ses côtés à ce moment-là et de ne pas avoir pu la soutenir. Je sais que je n'aurais sans doute pas changé grand-chose et que ça n'aurait de toute manière pas vraiment été possible à cause d'un léger problème de temporalité, mais j'aurais quand même aimé. Bon, j'aurais Déborah et notre enfant pour le reste de nos vies à mes côtés, alors c'est un bien faible coût à payer pour avoir accès au bonheur. En plus, elle pourra me raconter, ce ne sera pas pareil, mais ce sera déjà ça, et je serai à ses côtés pour le reste de sa grossesse, je n'aurai pas tout raté.

— Et c'est quoi ? Ma question est bizarre, mais tu dois bien la comprendre, je ne sais pas comment la formuler autrement.

— Une petite fille et je ne lui ai pas encore choisi de nom, je voulais qu'on lui en trouve un toutes les deux. D'ailleurs, je sais que tu m'as dit qu'il n'y avait pas besoin, enfin tu... ton toi du futur, pour moi, c'est la même chose ou presque, mais pour toi, ce n'est pas du tout le cas. Enfin bref, tu me diras ou tu m'as dit qu'il n'y avait pas besoin et que tu saurais subvenir à nos besoins à toutes les trois. Mais j'ai trouvé un moyen de faire venir un peu d'argent dans le passé, affirme-t-elle en montrant un collier avec un pendentif sans doute en diamant.

Je pense que j'avais compris dès sa première phrase, mais c'est vrai que c'est très perturbant comme point de vue puisque c'est quelque chose que j'ai fait dans le futur d'un univers parallèle. Quelque chose que je ne ferai jamais, mais qu'elle a vécu. Vive les multivers qui permettent de créer de fantastique micmac temporel. Sans ça, ce serait beaucoup trop simple, j'en suis presque certaine.

— C'est beaucoup trop, je suis d'accord avec moi-même, il n'y avait pas besoin de ça !

— Ça peut toujours servir et au pire, ça financera uniquement mes faux papiers, il m'en faudra bien si je fais ma vie dans le passé.

— Je connais quelqu'un qui fait de très bons faux papiers en plus.

— Tu me l'as déjà dit aussi.

Décidément, j'ai pensé à tout, je me demande combien de temps nous avons discuté avec Déborah pour organiser tout ça. C'est vraiment perturbant de parler de soi-même pour quelque chose qu'on n'a pas fait. Ça me donne presque l'impression d'avoir de trous de mémoire, alors que je ne l'ai simplement jamais vécu.

C'est tellement agréable d'être de nouveau avec Déborah, c'est enivrant. Elle m'avait manquée, mais au-delà de ça, tout chez elle me procure du bonheur, rien que de la voir au réveil me rend heureuse. Et qu'elle soit là tous les matins, c'est plus proche d'un rêve que de la réalité, c'est à peine croyable et pourtant elle est bien là et elle est bien réelle, tout comme notre futur enfant. Depuis son retour, je me rends compte à quel point je n'ai pas ri toute une journée après son départ, je n'étais pas complètement malheureuse, je ne vais pas me plaindre, mais je n'étais pas totalement heureuse non plus.

Quoi qu'il en soit, ce n'était même pas un peu comparable au bonheur que je ressens à chaque instant lorsque je suis à ces côtés, ce n'est pas du tout la même chose, d'un côté, il y avait un bonheur léger presque volatile venant de ce qui m'était arrivé. Et de l'autre, il y a un bonheur transcendant, puissant, qui illumine des journées entières, qui laisse penser que tout, absolument tout est possible, celui qui fait pousser des ailes, celui qui peut pousser quelqu'un a allé au bout du monde. Ou comme Déborah à jamais dans le passé, mais même si elle est parfois un peu triste, ses yeux sourient en même temps que pleurer.

Her Majesty (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant