Après avoir assisté au départ de Déborah, impuissante, je rentre chez moi en séchant mes larmes, même si j'en ai des nouvelles presque à l'instant où j'ai essuyé les gouttes. La réalité est toujours plus dure que ce à quoi je m'étais préparée, j'ai l'impression d'être complètement seule et d'avoir perdu une partie de moi-même, j'ai réellement mal, je n'ai pas l'impression que c'est uniquement une légère douleur fantôme, j'ai l'impression que quelqu'un a vraiment triturée à mon cœur au point de le mettre dans un sale état.
La première semaine est très dure, j'ai du mal à me maintenir à flot même si j'essaye un maximum, ne voulant pas sombrer pour une rupture, aussi dure soit-elle. Du coup, je passe du temps chez mon frère, trouvant qu'il y a un peu moins de souvenirs d'elle là-bas que chez moi.
Et après moins de deux semaines, nous partons pour la France pour enregistrer notre nouvel album, ce qui me permet de me changer les idées. Surtout que durant le vol, mon frère et moi avons eu une idée presque inespérée pour remanier les paroles d'Unpopular Song, ce qui nous donne un sacré travail supplémentaire pour finir la musique dans les temps. Nous en sommes même assez fiers pour nous en servir de single à la fin de l'enregistrement de l'album. Bon, je m'en doutais déjà vue comme Déborah m'en avait parlé, mais c'est quand même très agréable de voir la qualité du travail fini.
Ensuite, nous rentrons en Angleterre et en arrivant, j'ai presque un espoir déçu qu'elle soit là, qu'elle soit revenue finalement, mais non, il n'y a personne et pas la moindre trace de quoi que ce soit indiquant sa venue. Ce qui n'est pas plus mal vu que je ne passe pas plus d'un week-end chez moi avant de démarrer le Jazz Tour. À partir de là, je commence à avoir de moins en moins le temps de penser à elle puisque nous sommes entraînés dans une frénésie par rapport au dernier album qui est assez impressionnant, notre succès est grandissant, de nouveaux pays commencent à écouter notre musique, nous obtenons même un disque d'or pour notre vinyle. La tournée est grandiose, plus grande que toutes celles que nous avons faites jusque-là, de plus en plus de spectateurs se déplacent pour nous voir, nous finissons même par rajouter plusieurs dates pour faire face à la demande.
C'est super agréable d'enfin recevoir des récompenses pour des années de travail, ça nous redonne du courage alors que nous n'avions pas encore perdu notre motivation. Le mieux, c'est de sentir le public vibrer avec nous au rythme de la musique et même fredonner les paroles alors qu'elles sont dans une langue qu'ils ne comprennent pas tout. C'est tellement satisfaisant que je commence à avoir l'impression de moins souffrir de l'absence de Déborah même si elle me manque toujours autant et que je pense encore très souvent à elle. Nous sommes vraiment tous entraînés dans une frénésie presque inespérée pour un album dans lequel nous avons tous mis nos tripes, qui même si les critiques ne sont pas toujours très agréables à entendre, nous met vraiment dans un état de bonheur presque rêver.
Et après presque six mois loin de chez moi et avoir vu plusieurs pays, dont certain que ma sœur n'a pas encore visité, nous regagnons Londres à la fois soulagés et déçus que ce soit fini. En tout cas, nous rentrons tous chez nous pour déjà préparer le prochain album, que cette fois, nous n'allons pas enregistrer si loin de chez nous, nous avons été trop longtemps loin de nos proches pour de nouveau partir un mois en Suisse ou en France et renchaîner directement avec une tournée.
Avec Warren, nous regagnons notre petit village tranquille, presque heureux d'être loin de l'agitation des grandes villes pour pouvoir enfin vraiment se reposer. Une fois arrivée, je vais directement chez moi, sans aucun bagage, juste pour retrouver ma maison et mon espace personnel après six mois dans un bus camping-car avec les quatre autres membres du groupe. En plus, je suis épuisée à cause du décalage horaire, nous revenons tout juste des États-Unis après y avoir passé trois semaines entières pour les prolongations de la tournée. Sans compter qu'avant nous étions en Australie et que nous avons fait le tour du globe. En plus honnêtement, je n'ai pas besoin de mes bagages pour dormir.
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Her Majesty (Terminé)
Ficción General1971 : Début de la carrière d'un des plus grands groupes de rock de tous les temps : Her Majesty. Ayant marqué l'histoire de la musique et bien plus encore jusqu'au décès brutal de la chanteuse Terrie Century en 1986, qui a presque mis un terme au g...