Two Amorous Queens (2)

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 Après tout, nos parents nous ont toujours éduqués de manière à ce qu'on aide les autres, surtout quand ils sont plus dans le besoin que nous. Et pour une fois, nous pourrons leur obéir... c'est presque exceptionnel... C'est vrai qu'on est bien loin de leur idée des enfants parfaits, les bons petits chrétiens obéissants qui doivent remercier Dieu pour ce qu'il leur a offert. Tu parles, foutaises, nous n'avions même pas les bonnes cartes en main au début de notre vie, nous avons dû nous battre pour nous faire une place et nous devrions remercier l'Idiot qui nous a donné le mauvais jeu. Franchement non merci, très peu pour moi, Dieu n'avait qu'à m'apprendre à compter sur lui au lieu de me montrer à quel point je ne peux pas lui faire confiance !

Ouais, nous sommes définitivement bien loin des idéaux de nos parents. Heureusement que Sofia a remonté le niveau de la fratrie pendant quinze ans, ils ont au moins pu être fiers d'un de leur enfant pendant un certain temps. Bon, maintenant elle doit autant les décevoir que nous depuis qu'elle nous a accompagnés à Londres et qu'elle est partie faire le tour de monde. Du coup, elle doit être autant une honte que nous...

En vrai, je me demande si parfois nos parents pensent à nous même s'ils ont rayé leurs trois seuls enfants de leur vie. Ce qui est sûr c'est qu'aucun des deux n'a eu envie de nous envoyer une lettre pendant cinq ans, ils avaient notre adresse pourtant, nous leur avions écrit à notre arrivée à Londres pour la leur donner.

Moi dans tous les cas, je pense un peu trop à eux en ce moment, je ne sais même pas si c'est une bonne chose.

— C'est vrai ? s'étonne Déborah paraissant vraiment heureuse de ma proposition.

Je me demande bien si pour elle, elle est aidée par une amie ou logée par sa copine. J'espère sincèrement que c'est la deuxième option et vu qu'elle n'a pas pris son avion, j'y crois vraiment.

— Bien sûr, ce serait largement possible ! Surtout si ça t'arrange !

— Merci beaucoup...

— C'est rien, faudra juste aller chercher tes affaires à Londres pendant la journée.

— Ce n'est pas la peine, elles doivent déjà être en Côte d'Ivoire, j'avais enregistré mes valises quand j'ai fait demi-tour...

Je rigole, rien qu'un petit rire nerveux de surprise et immédiatement après, j'ai un peu honte. Après tout, trois jours sans affaires, ça peut poser beaucoup de problèmes. J'ai même un peu honte de moi, si je n'avais pas été là, elle n'aurait pas fait demi-tour et l'incident ne serait pas arrivé. Surtout qu'être quelque part sans valises, c'est particulièrement désagréable et je dis ça par expérience.

— Je sais, je ne suis pas douée... Mais aussi normalement, je devais le prendre cet avion, j'ai juste changé d'avis un peu trop tard, prochain coup que je fais demi-tour pour une personne que j'aime bien, je le ferai plus tôt promis.

— Prochain coup, ne pars pas si vite, ça peut aider aussi.

Ce n'est pas un reproche, parce que je suis vraiment en train de fondre littéralement, ça commence à être trop pour moi.

— Aussi, rit-elle de bon cœur, riant franchement pour la première fois de la journée, ce qui la rend encore plus libre, plus légère, plus vraie, plus belle que d'habitude.

Je la rejoins sur le canapé et nous commençons à parler de tout et de rien, apprenant un peu plus à nous connaître au fur et à mesure, pendant que je mange mon petit déjeuner presque froid, ce qui est bien dommage. Bon, je ne vais pas non plus m'en plaindre, Déborah est là maintenant, c'est presque le plus important. Pendant toute notre discussion, elle ne me demande pas une fois comment je m'appelais avant ou n'importe quelle autre question par rapport à ma transidentité, ce que j'apprécie vraiment beaucoup, ça m'aurait énervée de la voir creuser dans mon passé alors que je ne suis plus la même personne aujourd'hui.

Her Majesty (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant